Accueil recherche MENU

Monde

Washington peine à concrétiser son projet de force internationale à Gaza

Le Dialogue

L’administration du président américain Donald Trump se heurte à de sérieux obstacles dans la mise en œuvre de son projet de déploiement d’une force internationale de stabilisation dans la bande de Gaza, annoncée pour le début du mois de janvier. Conçue à l’origine comme un contingent de 10 000 soldats, cette force pourrait, dans un premier temps, n’en compter que la moitié, révélant les limites d’un plan diplomatique aussi ambitieux que controversé.

Selon plusieurs sources américaines, arabes et israéliennes, les préparatifs en cours montrent que seuls 5 000 soldats seraient aujourd’hui effectivement disponibles pour une première phase de déploiement. Une participation largement insuffisante au regard des objectifs affichés par Washington, d’autant que l’engagement des partenaires internationaux demeure très inégal.

La réticence des pays européens constitue l’un des principaux écueils du projet. Craignant une confrontation directe avec le Hamas dans un environnement sécuritaire extrêmement instable, la plupart des capitales européennes ont refusé d’envoyer des troupes au sol, se disant prêtes, tout au plus, à fournir une aide logistique, financière ou en matière de formation.

Dans ce contexte, l’Italie apparaît comme une exception. Selon le quotidien israélien Haaretz, Rome est à ce stade le seul pays européen à avoir officiellement accepté de participer à la force internationale. Le ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani, avait annoncé cette décision peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, soulignant l’engagement de son pays en faveur de la stabilisation de la région.

Les États-Unis entendent néanmoins aller de l’avant. Le déploiement devrait débuter dès le mois prochain dans des zones actuellement sous contrôle de l’armée israélienne. Officiellement, la mission de cette force ne prévoit pas d’opérations de combat contre le Hamas. Mais cette distinction peine à convaincre, tant le risque d’affrontements reste élevé sur le terrain, ce qui explique la frilosité persistante de nombreux États contributeurs potentiels.

D’après des sources égyptiennes, arabes et israéliennes, la force internationale serait cantonnée aux zones évacuées par l’armée israélienne, sans accès direct pour le Hamas. Un dispositif de contrôle des civils y serait mis en place, rappelant, selon certains observateurs, le modèle de la « zone verte » instaurée à Bagdad après l’invasion américaine de 2003.

Le quotidien Yedioth Ahronoth affirme, de son côté, que la composition de la force pourrait évoluer à terme, avec l’intégration progressive de contingents européens supplémentaires. Une perspective jugée insuffisante par Washington, qui exercerait des pressions diplomatiques accrues afin d’élargir la participation occidentale.

Ce manque d’enthousiasme place l’administration Trump dans une position délicate. La difficulté à mobiliser des troupes issues des pays arabes et musulmans complique encore davantage l’équation, poussant les États-Unis à intensifier leurs démarches auprès de leurs alliés européens.

Selon le Wall Street Journal, les projections les plus réalistes tablent sur un effectif de 5 000 soldats au début de l’année prochaine, avec l’espoir d’atteindre 10 000 hommes d’ici à la fin de 2026. D’autres sources évoquent un plafond de 8 000 soldats, bien en deçà de l’objectif initial.

Dans cette optique, le département d’État américain aurait officiellement sollicité, lundi dernier, près de 70 pays afin qu’ils fournissent des troupes ou, à défaut, un soutien financier. Des États comme l’Italie et la France auraient été approchés, au même titre que des pays plus modestes tels que Malte ou le Salvador. Un responsable américain a indiqué que 19 États avaient jusqu’ici manifesté un « intérêt » pour la mission, sous des formes diverses.

Parallèlement à ces tractations diplomatiques, la situation sécuritaire à Gaza demeure extrêmement tendue. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le ministre de la défense, Israël Katz, ont revendiqué l’assassinat ciblé de Raed Saad, un dirigeant du Hamas, présenté comme une riposte à la blessure de soldats israéliens lors d’une attaque récente.

Dans un communiqué conjoint, les deux responsables israéliens ont affirmé que cette opération faisait suite à l’explosion d’un engin explosif ayant blessé deux réservistes israéliens dans le sud de la bande de Gaza, dans ce que l’armée qualifie de « zone tampon ». Selon eux, Raed Saad aurait joué un rôle clé dans la planification de l’attaque du 7 octobre et dans la reconstruction des capacités militaires du Hamas, ce qui constituerait, selon Israël, une violation manifeste du cessez-le-feu en vigueur.

Ces développements illustrent le paradoxe central du projet américain : tenter de bâtir une force de stabilisation internationale alors même que le terrain reste marqué par des opérations militaires, des assassinats ciblés et une paix toujours précaire.