Accueil recherche MENU

Monde

Les Droits de l’Homme entre l’Occident et le reste du monde

Le Dialogue

La « mondialisation » est devenue l'une des caractéristiques des relations internationales au cours des trois dernières décennies, en particulier après la fin de la guerre froide. 

De ce fait, la question des "droits de l'homme" est devenue un principe constituant de la structure des échanges qui s'opèrent dans un système mondialisé divisé entre d’un côté l'Occident (États-Unis, Union Européenne et pays alliés comme le Japon et l'Australie), et de l’autre, le reste du monde. Autrement dit, l'Occident  et ses alliés et le reste du monde.

Depuis, la question a été formulée ainsi : tant que l'Occident est le bloc le plus avancé du monde, les caractéristiques de son progrès en termes de capitalisme, de démocratie et de droits de l'homme doivent de ce fait, avoir un caractère global et universel dans la marche de l’humanité vers le progrès et la modernité.Cette conception du paysage universel repose donc sur la dualité Occident / reste du monde, fondée sur des principes issus, après la seconde guerre mondiale, d’un ensemble de déclarations relatives aux droits de l'homme et d'autres pactes politiques internationaux.Ces principes ont été consacrés comme valeurs universelles dont toute violation reflèterait un état d'arriération et de tyrannie. De là, l'utilisation des droits de l'homme pour faire pression sur différents pays du monde, en particulier quand il s’agit d’évènements internationaux qui concernent les intérêts économiques, sécuritaires ou stratégiques de l’Occident et de ses alliés dans de nombreuses régions du monde.

 

Sur la forme, il n'y a pas de désaccord de principe sur les droits de l'homme, car nous constatons que la plupart des capitales du monde ont adhéré au Pacte international relatif aux droits de l'homme et aux nombreux accords signés et révisés par des organismes internationaux affiliés aux Nations Unies. En principe, il n'y a pas de désaccord entre ces capitales, y compris celles de l'Égypte et des pays du Moyen-Orient, ou encore  de la Russie, ou de la Chine, sur la nécessité de respecter les droits de l'homme. L'objet du différend vient lorsque les États-Unis et d'autres pays occidentaux s'érigent en procureurs, juges et arbitres, et s’accordent le droit de menacer et de punir pour satisfaire des groupes politiques américains ou européens à des fins purement électorales.Ces pays et organismes occidentaux, dans leurs menaces et leurs interventions, ignorent un principe international important qui a été établi dans les relations internationales depuis 1648, date à laquelle les traités de Westphalie ont été signés. Il s’agit entre autres de la règle de « non-ingérence dans les affaires intérieures des États ». L'ONU l'a approuvé et en a fait l'un des piliers de son existence. Ce principe reposait sur trois choses : 

  • La première est que les États, comme les humains, diffèrent les uns des autres par leurs degrés de développement et de progrès économique, social et culturel. Ce qui revient à dire selon le proverbe arabe, que ce sont : « Les habitants de la Mecque qui connaissent le mieux les rues de leur ville ».
  • Deuxièmement, malheureusement, les conséquences de l'intervention sont souvent négatives en raison de l'incompréhension et de la différence des structures politique et culturelle. 
  • Troisièmement, si quelque chose ne va pas en matière de droits de l'homme, il est plus approprié et plus efficace de conseiller et d’aider les États et de les laisser s'en occuper. Car l'expérience contemporaine témoigne que les interventions de l’Occident pour la restructuration par la force, de ces États et ces nations conduit à des atteintes aux droits de l'homme plus nombreuses et plus lourdes. 

Au cours des deux dernières décennies, les États-Unis ont envahi l'Afghanistan et l'Irak, et dans les deux cas, ils ont déclaré que leurs objectifs étaient de remodeler les deux pays selon les vertus de la démocratie et des droits américains.

Nous connaissons maintenant la vérité sur ce qui s'est passé à Bagdad et à Kaboul après que Washington les a remis tous les deux aux Talibans en Afghanistan  et aux divers groupes terroristes en Irak  et particulièrement à son voisin iranien. Un an après l'invasion américaine de l'Irak, et au début de l’année 2004, le scandale des atteintes aux droits de l’homme à la prison d'Abu Ghraib en Irak a éclaté. Les meurtres et les sévices psychologiques, physiques et sexuelles signalés ont été commis  par des membres de la police militaire américaine.

 

Ces crimes ne doivent pas justifier les violations des droits de l'homme dans d'autres pays. Mais plutôt confirmer que la meilleure méthode pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme est d’aider ces pays à créer eux-mêmes l’environnement approprié - économique, social et culturel – pour réaliser leur propre évolution démocratique et humaine. L'exemple le plus éloquent de la nécessité de respecter les conditions propres à chaque nation nous vient des États-Unis eux-mêmes. Car malgré les nobles principes de la déclaration d'indépendance américaine, l'esclavage est resté dans la Constitution américaine. D’ailleurs, John Adams, le deuxième président des Etats Unis a éditer des lois répressives pour éviter au pays la contamination par l’« anarchie de la Révolution française », qui menaçait la stabilité des jeunes États américains !

De même, la Guerre de Sécession (1860-1865) a bien abouti aux 13e, 14e et 15e amendments, qui ont libéré les esclaves et leur ont donné le droit de vote, mais tout cela a été retiré par les lois de "Jim Crow" qui étaient basées sur le principe d’"égalité mais séparation" qui signifie dans les faits : la ségrégation ! 

Il a fallu un siècle entier pour que la loi sur les droits civils supprime une grande partie de cette injustice, sans en effacer la totalité.

 

D’ailleurs, malgré la longue marche historique occidentale sur la voie de la démocratie et des droits de l'homme, la réalité témoigne dans la plupart des pays occidentaux, de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite raciste et xénophobe dans plusieurs pays de l’Union européenne. De surcroît, en ce qui concerne la démocratie, le consensus national et le respect des élections constitutionnelles, que dire des événements malheureux de la prise d'assaut du bâtiment du Congrès américain le 6 janvier 2020 ? Cela nous éclaire à ce propos largement.Il s’agit donc, pour nous, de la nécessité de relativiser lorsque on constate qu'il est possible que la liberté d'expression soit la liberté d'incitation à la haine et à la ségrégation, et que le droit de réunion et de manifestation aboutisse à la destruction des installations publiques et à la paralysie de la société et des institutions.Cette situation s'est reproduite récemment au Brésil, après la victoire de Lula da Silva et la défaite de Jair Bolsonaro. Les partisans de ce dernier s'en prenaient aux institutions politiques et aux bâtiments publics, en dénonçant et en rejetant le résultat des élections.Aujourd’hui, force est de constater que les vertueuses campagnes menées par l’Occident pour le respect des droits de l'homme n'ont pas seulement ignoré l’approche historique particulière des différents pays du monde, mais – par la confusion entre les droits de l’homme et les intérêts politiques et économiques des Etats Unis - elles ont mis en péril l'ensemble du système international. Après que le président Trump a préféré les intérêts économiques des Etats-Unis, aux détriment de la démocratie et des droits de l’homme, le nouveau président américain Joe Biden promet à ses partisans, dans sa campagne électorale de reprendre l'effort pour diffuser la culture et la politique des droits de l'homme dans le monde.

 

Il a également promis de former une Alliance démocratique mondiale qui inclurait les pays dotés d'un système démocratique dans le monde.Il entendait par là, les pays occidentaux qui entrent dans le cadre du traité de l'Atlantique et les pays qui ont signé des traités similaires avec les États-Unis. Ce genre d’alliances à généralement besoin d'un objectif commun et de la désignation d’un ennemi ! C’est-à-dire de la définition de l’autre auquel l'alliance et les valeurs universelles occidentales sont confrontées. À une époque, c'était l’alliance du capitalisme contre le communisme. Aujourd’hui, c’est la démocratie face à la tyrannie.

 

Le résultat négatif de cette polarisation est le déni de la légitimité politique des dirigeants de plus de la moitié des pays du monde, y compris de pays nucléaires comme la Russie et la Chine qui estiment d’ailleurs, de leur côté, qu’il est devenu nécessaire de revoir les règles du système internationale qui ont conduit le monde entier à l'abîme de la guerre d'Ukraine.A présent, nous sommes au bord d'une confrontation qui menace la paix mondiale et place plus de la moitié des peuples de la planète au bord de la famine et du sous-développement. Et par là même, elle menace évidement, dans tous ces pays, les droits de l’homme et du citoyen en même temps qu’elle menace ses droits vitaux, sociaux et économiques.