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Monde

Regard vers l’avenir

Le Dialogue

Les amis, qui sont-ils ? Les ennemis, qui sont-ils ? Pourquoi les relations sont-elles si rudes entre l’Égypte et l’Iran ? Ce dernier est-il un véritable ennemi de l’Égypte ?! D’ailleurs, où se trouve l’Égypte dans les arrangements régionaux qui se déroulent actuellement ? Comment avons-nous transformé notre ennemi du passé en un ami du futur ?

Toutes ces pensées me traversaient l’esprit lors d’une longue réflexion sur notre future philosophie politique.

J’ai demandé à un éminent ancien ministre égyptien des Affaires étrangères : « Qui planifie la politique étrangère de l’Égypte ? Qui détermine les objectifs et les oriente ? » 

Il m’a répondu que les décisions et directives sont toujours émises par le palais présidentiel, les renseignements généraux et le ministère des Affaires étrangères dont le rôle dépend fortement de la personnalité du ministre. Étant chef de la diplomatie égyptienne, le ministre des Affaires étrangères propose des alternatives étudiées. Sinon, il exécute simplement ce que le président de la République et ses conseillers dictent. Certaines problématiques font l’objet de rivalités entre les institutions de l’État. Celle qui l’emporte sur les autres s’occupe de prendre en charge certaines décisions mais cette prise d’initiative dépend souvent de la gravité des événements. 

Je me suis également interrogé sur les critères adoptés par nos institutions pour prendre une décision. Parce que nous, en tant que citoyens actifs, ignorons la raison du rapprochement ou de l’éloignement de notre pays avec un autre. Pourquoi notre ennemi d’hier est devenu notre ami, et vice versa ? Pourquoi transformons-nous l’ennemi d’hier en ami à la dérobée, comme dit le proverbe (min taht la taht) ? 

Je sais que les intérêts sont réconciliés, que le rapport de force change en fonction de notre force économique, de notre cohésion interne, loin de la fragilité qui met en danger le pays pour des raisons banales. Aussi, le rapport de force change en fonction de l’étendue de notre puissance militaire ayant l’impact sur les événements. Par conséquent, la mutation de notre politique étrangère est étroitement liée à notre besoin des autres, à son étendue comme à son intensité. Elle dépend pareillement des autres qui ont besoin de notre pays qui est le plus grand marché commercial de la région, avec une main-d’œuvre qui ne connaît pas de frontières géographiques.

Notre politique change en fonction de notre capacité à faire face aux menaces militaires ou de notre capacité hypothétique à menacer d’autres pays. 

Lorsque l’Égypte était en guerre avec Israël, au temps de la bipolarité mondiale, les États-Unis nous ont donné la priorité pour notre impact sur la sécurité de la région y compris la sécurité d’Israël. Lorsque nous nous sommes réconciliés, et que nous n’avons pas trouvé d’alternative à cette influence, notre pays a malheureusement perdu sa priorité aux yeux de l’Occident. Nous, égyptiens, n’avons pas comblé le vide laissé par la transition de notre pays d’un état de guerre à un état de paix avec un développement durable qui accroît la demande de main-d’œuvre égyptienne, ni avec un développement économique qui attire tout le monde au vaste marché égyptien. Maintenant, le Golfe riche se réconcilie avec Israël, sur une voie prestigieuse de modernité avec cet ennemi traditionnel. Il a ouvert des horizons de coopération que nous avions fermés [malgré la signature de l’initiative de paix 4 ans avant les États du Golfe].

Le rapport de force mondial a également changé, avec l’unipolarité et la double mesure des Américains et des Anglais en particulier. La politique unipolaire a conduit à la destruction de l’Irak, de la Syrie, du Liban, de la Libye et du Soudan. Je pense que l’Égypte devrait jouer un rôle différent de celui qu’il a joué par le passé. Notre pays doit aussi prendre en compte les événements à venir.

Ma question est la suivante : un individu (quelles que soient ses capacités, qu’il soit président ou roi, entouré de bons conseillers) pourrait-il, seul, faire le dessein des étapes de l’avenir ? N’est-il pas de notre devoir d’établir des institutions de recherche spécialisées, censées mettre les études actuelles et à venir dans les mains des responsables décideurs ?

Il va sans dire que, pour approfondir nos études théoriques et pratiques, il faut bénéficier des moyens de la haute technologie et de l’intelligence artificielle. J’irai plus loin, appeler à prendre l’initiative et concevoir, comme le font les autres, des desseins et les réaliser comme les services de propagande et de renseignement nous l’on fait dans les pays arabes dans de nombreux contextes. Ils y ont déclenché les révolutions du soi-disant printemps arabe détruisant leurs économies qui auraient pu stimuler le développement de la région. 

J’ai des dizaines d’expériences qui ne prouvent pas seulement la validité de la théorie mais aussi et surtout son efficacité. Nous devons réfléchir, prendre l’initiative et ne pas rester inactifs face aux événements.

Ce que je viens d’évoquer signifie que nous avons indispensablement besoin d’une philosophie dans la gestion de notre politique intérieure et étrangère. Quelle est donc cette philosophie ?

Elle n’est certainement pas « la philosophie de la médiation », ni « une philosophie de la soumission et de la latence ».

Nos services dans les pays du golfe, les pays arabes et africains doivent, à mon sens, se mobiliser afin de mettre en valeur notre avantage concurrentiel spécifique. 

Quelle est notre force qui favorise l’Égypte ? À une époque, la philosophie de l’Égypte était d’exporter la révolution contre le colonialisme traditionnel. Cette philosophie lui a créé ses partisans et ses ennemis.  Récemment, le soft power égyptien a conçu la conscience de tous les Arabes. La philosophie de l’Égypte était de diffuser cela, de le financer et d’encourager la liberté de créativité. C’était d’exporter la main-d’œuvre égyptienne. Cela a commencé avec des enseignants qui se sont répandus dans tous les pays arabes et ont enseigné à leurs enfants, de sorte que la plupart des premiers dirigeants arabes et africains ont appris et obtenu leur diplôme des universités égyptiennes.

En un mot, l’éducation et la culture étaient nos moyens d’influence qui ont poussé le statut de l’Égypte au plus haut.

Quant à la main-d’œuvre technique, elle était le pilier du développement dans les pays Arabes car elle était très efficace et bon marché, de sorte que l’Égypte avait des millions d’agriculteurs et de travailleurs dans ces pays.

À quoi rime tout cela ?

Il est indispensable de créer des nouvelles zones d’influence égyptienne en Afrique, dans les pays Arabes, en Europe et partout dans le monde. 

Le travail à venir dont nous sommes chargés est immense. Nous devons construire notre pays et montrer ses valeurs à l’étranger, en ayant une philosophie distincte, ouverte à l’interaction et au dialogue.