Accueil recherche MENU

Politique - Société

Loi de Programmation Militaire 2023-2030 : Un effort important mais toujours insuffisant

Le Dialogue

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur la stratégie de défense pour présenter la Revue nationale stratégique (RNS), une nouvelle loi de programmation militaire (2024-2030), sur le porte-hélicoptères amphibie Dixmude amarré à la base navale française de Toulon, dans le sud de la France, le 9 novembre 2022. Emmanuel Macron est en visite d'une journée pour présenter les grands défis stratégiques auxquels la France doit faire face, dans une grammaire géopolitique mondiale bouleversée par la guerre en Ukraine. (Photo par ÉRIC GAILLARD / PISCINE / AFP)

 

Vendredi 20 janvier, le Président Macron a présenté ses vœux aux Armées et a annoncé que la France dépensera pour sa défense 400 milliards d’euros entre 2023 et 2030.

Cette somme est importante mais elle n’est pas suffisante.

Elle est importante car la Loi de Programmation Militaire (LPM 2023-2030) permettra augmenter le budget de nos Armées d’environ 44 milliards en 2023 à 65 Milliards d’euros en 2030 en ajoutant chaque année une tranche de 3 milliards d’euros supplémentaires.

Cet effort est important car il devrait permettre de lancer le renouvellement de notre flotte de SNLE et des missiles nucléaires qu’ils transportent et ainsi de conserver la crédibilité de notre force de dissuasion nucléaire nationale, socle et ultime recours de notre défense nationale.

Mais il n’est pas suffisant pour relever les défis auxquels nos armées doivent faire face du fait de la position géostratégique de la France, des menaces nouvelles qui apparaissent dans le monde et du retard pris depuis la fin de la guerre froide.

En effet la France est une puissance continentale comme l’Allemagne et aussi une puissance maritime comme la Grande-Bretagne avec nos 18 000 km de côtes (France et outre-mer) et nos 12,5 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE) qui nous place au premier rang dans le monde avec les Etats-Unis. Outre la dissuasion nucléaire, nos armées doivent donc maintenir au même niveau les trois composantes Terre Air Mer alors que l’Allemagne n’a pas besoin d’une grande marine (longueur de ses cotés 2389 km) et que la Grande-Bretagne protégée par le « British Chanel » a une armée de terre réduite.

Ce budget ne permettra donc que d’atténuer les problèmes auxquels nos Armées sont confrontées et que je résumerai avec un seul mot : le nombre.

Nombre de nos personnels qui est insuffisant pour faire face aux multiples missions en garantissant à la fois une disponibilité opérationnelle importante et une condition militaire acceptable voire incitative. Ainsi l’Armée de Terre a environ 100 000 postes budgétaires ouverts mais pas 100 000 hommes sur les rangs car elle est confrontée à des sous-effectifs, conséquence d’une difficulté à recruter et à fidéliser ses personnels. Ainsi nos soldats sont 250 jours par an hors de leurs garnisons et les compensations des sujétions exceptionnelles de la condition militaire restent insuffisantes attractives malgré un rattrapage engagé.

Nombre de nos matériels et de nos munitions dont il a été fortement question en Ukraine du fait du taux de perte, d’indisponibilité des matériels et de la consommation des munitions que l’on y observe. Il s’y ajoute pour nos armées un taux de disponibilité technique et opérationnel (DTO) insuffisant et , qui, selon le rapporteur du budget 2023 n’est que de l’ordre de 50% pour les hélicoptères de l’Armée de terre, de 60% pour les bâtiments de la Marine nationale et de 70% pour les aéronefs de l’Armée de l’Air.

Si la France veut être en mesure non seulement rattraper le retard pris dans tous les domaines mais être à la hauteur des défis du futur, il sera nécessaire de passer à partir de 2026 à une augmentation annuelle de 4 puis 5 milliards d’euros.