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Monde

Le Kosovo : une zone de turbulence permanente au coeur de l Europe

Le Dialogue

Un Albanais du Kosovo de souche agite les drapeaux de l'Union européenne, des États-Unis et de l'Albanie depuis une voiture à Pristina le 16 février 2008. Le Kosovo déclarera son indépendance le 17 février, dans un contexte d'excitation croissante parmi ses Albanais de souche, de colère de ses Serbes et de lancement d'une UE mission de faciliter la naissance du plus récent État du monde. AFP PHOTO / DIMITAR DILKOFF (Photo par AFP)

 

Les autorités auto-proclamées du Kosovo, cherchant vainement une reconnaissance internationale depuis 2008, semblent avoir choisi la stratégie de la tension avec les Serbes, face à leur échec sur le plan international. En effet, seuls 94 pays sur les 193 que compte l’ONU ont reconnu ce qui reste, en droit international, selon la résolution 1244 de l’ONU, la province méridionale de la Serbie. Les grandes puissances du monde multipolaire ne veulent pas reconnaître un État-Failli facteur d’instabilité (Chine, Inde, Russie, Brésil), les grandes nations musulmanes voient dans cet État-croupion un satellite des États-Unis (Indonésie, Pakistan, Égypte, Algérie) et même dans l’UE cinq pays, dont l’Espagne, refusent absolument d’assister à la glorification de la sécession d’un territoire en temps de paix.

C’est donc en suivant cette escalade de la tension que Priština a décidé de transformer la « Force de sécurité du Kosovo » en véritable armée et ce, contre l’avis de l’OTAN, du parrain du Kosovo (les États-Unis) et de la plupart des pays Occidentaux. En 2018, plusieurs événements ont amené le Kosovo au bord de la guerre civile. En mars 2018, le Directeur du bureau du Kosovo-Métochie, Marko Djurić, en visite officielle auprès des maires des communes serbes du Kosovo-Nord a été littéralement kidnappé à Mitrovica puis molesté dans les rues de Priština par la police du Kosovo. En septembre 2018, des membres de cette même police ont bloqué la centrale électrique de Gazivode, lors d’une opération commando digne des plus mauvais films américainsEnfin en décembreles autorités auto-proclamées de Priština ont déclaré un blocus commercial aux frontières avec la Serbie, provoquant des manques alimentaires importants dans la partie majoritairement serbe du Kosovo-Nord. Contrairement à toutes les règles du droit international, ils ont imposé de taxer à 100 % tous les produits en provenance et/ou à destination de la Serbie, provoquant un arrêt brutal des échanges et en cascade de nombreuses fermetures d’entreprises. La décision d’instaurer des taxes sur les produits Serbes et de Bosnie-Herzégovine (les 2 pays de l’ex-Yougoslavie qui ne reconnaissent pas le Kosovo) est intervenue après un énième échec des autorités kosovares à intégrer l’agence Interpol.

Depuis deux ans, la politique de provocation continue. La police spéciale de l’État auto-proclamé du Kosovo a, sous prétexte de stopper une filière de trafiquants, mené en avril 2020 une opération d’envergure à Mitrovica-Nord, Zvečan et Leposavić, trois communes serbes au nord du Kosovo. 16 policiers serbes ont été arrêtés et 2 membres russes de l’ONU. Mais les sbires de la police spéciale du Kosovo (ROSE) ne se sont pas empêchés de terroriser la population serbe, en tirant sur certains passants, au risque de créer de nouvelles émeutes chez les Serbes du Kosovo.

En novembre 2022, des barricades ont été érigées à nouveau par les Serbes des communes de Leposavić et Zvečan, devant le refus des Institutions provisoires de Priština de daigner simplement commencer des négociations sur la création d’une autonomie des communes serbes du Kosovo-nord, pourtant prévues par le processus de Bruxelles depuis 2013. Cela a amené les policiers albanais de ROSE de poursuivre leur politique de vexations en spoliant un viticulteur serbe de Velika Hoča, Srdjan Petrović, de ses 40 000 litres de vin. Lors de cet énième soubresaut, les policiers et fonctionnaires serbes ont décidé, devant tant de vexations de la part des autorités albanaises, de démissionner. Les 120 000 Serbes du Kosovo se trouvent donc dans une situation délicate car sans protection de la part de Belgrade.

Cette stratégie de la tension, permettant aux Albanais de mener une pression constante sur les autorités serbes, a aussi été appliquée sur le plan diplomatique en France même. Lors des célébrations du 11 novembre 2018, le Président de cet État-failli, poursuivi par des cours se justice suisse et serbe pour trafic d’organes, Hashim Thaçi, a réussi à se placer juste derrière le président français, alors que Alexandre Vučić, était relégué au troisième rang. Cela semble une ironie de l’histoire, quand on sait que lors de la Première Guerre mondiale, la Serbie, alliée à la France au sein de l’Armée d’Orient avait obtenu la première victoire décisive à Dobro polje dès le 15 septembre 1918, a sacrifié un tiers de sa population civile pour la Victoire finale, le Kosovo-Métochie était simplement une province méridionale de la Serbie et les Albanais des ennemis de l’Armée d’Orient.

En décembre 2018, cette politique très habile des Albanais du Kosovo a abouti à l’installation du drapeau albanais, aux côtés de nombreux drapeaux des pays vainqueurs de la Première guerre mondiale, à l’intérieur de la cathédrale Notre Dame de Paris. Cela est d’autant plus tragique que c’est au sein de cette même cathédrale, siège des rois de France, qu’en juin 1389, les cloches ont retenti à l’occasion des premières victoires serbes contre l’envahisseur ottoman ! Enfin, en mai 2019, les autorités auto-proclamées de Priština ont réussi à inverser totalement le sens de l’histoire. Grâce à la bénédiction du gouverneur militaire des Invalides et d’un appui au gouvernement français, l’Ambassadeur du Kosovo à Paris a réussi le tour de force d’organiser, au sien de la chapelle des Invalides, jouxtant la tombe de Napoléon, une soirée en l’hommage, selon lui des «20 ans de paix au Kosovo » et, ultime sacrilège, de faire chanter à un muezzin l’appel à la prière musulmane dans un des plus hauts lieux du christianisme français. Les 250 000 serbes et 60 000 Roms expulsés de leur terre natale par ces mêmes autorités depuis 1999 seront contents de savoir que «la paix règne au Kosovo » ; sans parler des 135 églises orthodoxes détruites et du pogrom anti-serbe de mars 2004, lorsque 19 personnes ont été tuées et 34 églises orthodoxes serbes détruites sous le regard quasiment impassible de l’ONU et des soldats de l’OTAN sur place`

On voit bien les effets déstabilisateurs à long terme de l’occupation de l’OTAN : en facilitant l’émergence d’un gouvernement albanais au Kosovo, la communauté internationale a permis le développement d’une stratégie de la tension porteuse de nouvelles fractures. Cette stratégie de la tension ne semble pas vraiment payer car premièrement Belgrade ne répond pas à la violence par la violence et évite donc pour le moment de rentrer dans le jeu de provocation de Priština. Deuxièmement le radicalisme de Priština dans les négociations, l’attitude désinvolte de ses représentants vis-à-vis des représentants de l’Union Européenne (en charge des discussions de paix) sont autant d’arguments utilisés par Belgrade pour rallier des pays à sa cause.  En effet, les autorités serbes ont lancé depuis maintenant 4 ans une campagne internationale de lobbying afin que des pays reconsidèrent leur choix de reconnaître le Kosovo. C’est ainsi que plus de 12 pays sont revenus sur une décision première de reconnaissance depuis 4 ans, grâce à l’action diplomatique du Ministère serbe des Affaires étrangères. C’est une première dans l’histoire des relations internationales mais il faut bien admettre que la création en 2008 du Kosovo a ouvert une boîte de pandore aux conséquences tragiques pour l’Europe.