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Editos

Pourquoi fonder « le Centre d’Études du Moyen Orient à Paris » ?

Le Dialogue

Le mois d’avril de l’année 2004, un groupe de chercheurs intéressés par l’étude de la pensée islamique sur les deux plans théorique et pratique, a fondé « le Centre Arabe des Recherches et des Études ». Le but en était de soutenir la tolérance et la cohabitation pacifique entre les adeptes de toutes les religions. C’est au sein de cette cohabitation que s’affirment les concepts de citoyenneté, de dialogue, et d'acceptation de l'autre. De plus, le Centre s’emploiera à fournir une véritable compréhension des mouvements politiques Islamiques, de leur origine, leurs modes de pensée et de leurs diverses relations entrelacées.

Le centre a élaboré, à cet effet, un plan ambitieux pour réaliser sa mission. Dans cette lignée, il a publié l'Encyclopédie des mouvements islamiques en six parties tout en préparant d'importants projets de recherche. Étant donné que notre Centre croit en la nécessité de collaborer avec tous les courants intellectuels et les centres de recherche, il n’a pas hésité d’accepter l'offre faite par le Centre Ibn Khaldoun : publier une série d’opuscules pour présenter l'islam en Occident. Le premier opuscule en arabe (en anglais plus tard) sera intitulé : "l'islam et la liberté d'opinion et d'expression". Ensuite, il sera distribué en Europe occidentale et aux États-Unis d'Amérique. 

Le but de la série en question est d'expliquer le véritable discours islamique d'une manière scientifique objective faisant face au stéréotype négatif dominant selon lequel l'islam et les musulmans sont associés à l'extrémisme, à la violence et au terrorisme. Là où s’installe la confusion entre le comportement de ceux qui se disent musulmans et les vraies valeurs islamiques.

Dans ce cadre, j'ai conclu l'accord avec le Centre Ibn Khaldoun de publier le premier opuscule dans un délai maximum de trois mois.

Pendant cette période, l’opuscule a été préparé comme convenu, comprenant trois chapitres :

 

1 - Le Coran et la liberté d'opinion et d'expression.

2 - Le Messager Muhammad, (Que la bénédiction et le salut d’Allah soient sur lui), et la liberté d'opinion et d'expression.

3 - La liberté d'opinion et d'expression dans l'histoire islamique.

L'idée maîtresse de la brève étude est de mettre en exergue le fait que l’Islam croit au pluralisme intellectuel, appelle à la liberté de croyance. Dans le contexte du verset coranique : « Pas de contrainte en religion !» l’Islam soutient tout conflit intellectuel loin de la dégradation, loin également de l'agression contre l'autre pacifique, de l’oppression ou de la coercition. Si le comportement des musulmans va quelquefois à l’encontre de tels principe, cela n'oblige pas l'Islam à quelque chose qui n'existe pas en lui.

 

La triste surprise s’est avérée dans les remarques du Centre « Ibn Khaldoun » sur le brouillon d’opuscule, lorsqu'il m'a été rendu après le revisiter. D’abord, ces remarquent reflètent une vision de l’Islam que certains tentent d'exporter vers l'Occident, celle des orientalistes qui émettaient des idées frustrantes non seulement sur l’Islam en tant que religion, mais sur le monde islamique en général. De telles idées cherchent à perpétuer le visage négatif de tout ce qui appartient aux musulmans.

Le Centre Ibn Khaldoun a rendu le manuscrit d’opuscule, y joignant des remarques qu’il faut s’y référer et « acquiescer » afin de « pouvoir » publier l’opuscule en Amérique et en Occident : l’acquiescement des remarques n’est qu’un visa d’y entrée !

Le rédacteur qui a revisité l’opuscule dit : « La liberté d’opinion et d’expression comprend le droit des chrétiens et des juifs d’adhérer à leur religion sans porter atteinte à leur statut. Par conséquent, les versets qui contredisent ce principe doivent être interprétés. Ils ne doivent pas être négligés comme s’ils n’existaient pas. À savoir les versets qui avertissent les musulmans de ne pas prendre les chrétiens et les juifs comme amis, et les versets interdisant la tutelle d’un non-musulman sur un musulman.

Indépendamment de Style bâclé   avec lequel les remarques étaient rédigés (bien qu’elles fourmillent de fautes d’orthographe et de grammaire), nous nous demandons : Que signifie « ne pas prendre » les chrétiens et les juifs comme amis? Comment un intellectuel moderne peut-il écrire le mot « وِلاية » d’une manière aussi amusante : « ولية » ?! En plus de ce défaut formel flagrant, la  remarque n’est au fond qu’une « idée préconçue ».

L’opuscule analyse les idées fausses démontrant les droits religieux des non-musulmans. Il souligne que l’islam encourage la tolérance et la coexistence entre les adeptes de différentes religions. En revanche, l’auteur des remarques évoque des versets - qu’il ne mentionne pas - niant tous ces principes, et exigeant que le musulman « ne prenne pas » les chrétiens et les juifs comme amis !

L’opuscule fournissait une vision objective documentée de la relation du Prophète (Que la bénédiction et le salut d’Allah soient sur lui) avec tous les adeptes des religions opposées. Il prouva qu’il était juste et équitable dans ses relations avec eux. Si certains d’entre eux étaient punis, leur punition était une conséquence logique soit de commettre le crime de haute trahison (conspiration contre la Cité-État), soit d’aider ses ennemis. Il ne les punit jamais pour leur croyance religieuse

Mais l’auteur des remarques, dans le sillage de quelques orientalistes, exige l’omission du traitement objectif. C’est pourquoi il a écrit de sa propre main: « Écrire l’histoire dans cette perspective islamique s’oppose à une autre perspective tout à fait différente ». De là, il exige de « se concentrer uniquement » sur ce qui sert directement le « but de l’opuscule »!

L’opuscule affirme que le Prophète ne punit personne pour des raisons religieuses : il permit à chacun la liberté d’exprimer ses croyances et de pratiquer ses rites. Néanmoins, il punit certains parce qu’ils trahirent la patrie dans laquelle ils vivaient

II est évident que rien de tout cela ne sert les « objectifs » visés par le Centre Ibn Khaldoun. Parce qu’il voulait faire les Occidentaux entendre leurs propres idées vis-à-vis de l’Islam, évitant ainsi de mettre en colère les personnes influentes en Europe et en Amérique. Dans de tels cas, pourquoi hésiter à remettre en question l’histoire islamique et la réécrire à la manière de certains orientalistes ?!

M. l’auteur des remarques est, encore une fois, dirigé par l’idée dominante que l’islam est contre la liberté d’opinion et d’expression, basée sur la coercition. Cette idée lui fournit les preuves qui se trouvent dans le Coran, dans la Sunna et même dans les actions des Compagnons du prophète.  Qu’en dit-il ?!

L’opuscule cite des versets coraniques où Allah Tout-Puissant défie les anges avec Sa nouvelle créature, Adam. Cela démontre la profondeur de l’idée d’honorer l’être humain dans le Saint Coran, en préparation de lui accorder la pleine liberté de choix. Par conséquent, Allah répond aux anges quand ils s’interrogent sur le secret de la succession d’Adam : « Je sais ce que vous ne savez pas ».

L'auteur des remarques, commente en se montrant archi cultivé et sympathique » : « La réponse divine à la question protestataire des anges est-elle une réponse admissible ? Son commentaire dit clairement son ignorance du texte coranique et de ses connotations comprendre. Sans parler de son ignorance de la langue arabe, ses propos simplistes la traduisent sans équivoque.

L’opuscule prouve que tous les versets qui évoquent la guerre dans le Coran indiquent que les musulmans ne déclarent la guerre contre les polythéistes que lorsque ces derniers les agressent, non pas parce qu'ils sont des infidèles. Les conditions de la guerre dans le Coran ont été clairement expliquées par d'éminents savants, dont le grand imam, Mahmoud Shaltout, dans son livre "L'islam en tant que doctrine et Charia". Quant à l'auteur des remarques, n’appréciant pas les commentaires d'un grand cheikh d'al-Azhar, il rejette son discours qui, selon lui, ne représente que son auteur !

Il n’a pas de quoi s’étonner de nier de telles commentaires des versets coraniques qui va à l’encontre de ce qu’en disent les extrémistes fanatiques qui prétendent la détention de l'Islam vrai.  Alors que le Cheikh Shaltout, n’est, pour eux qu’un apprenti qui offense l’Islam !

L’opuscule affirme que la liberté de croyance est garantie dans l'Islam selon les enseignements du Saint Coran, qui dit : « Pas de contrainte en religion ». Voilà ce que l’auteur des remarques n’apprécie point. Par conséquent, il ne prétend pas seulement l'existence de contre-versets mais propose une étrange interprétation du verset : {Pas de contrainte en religion}, disant : "On peut lire : {Pas de contrainte en religion} mais dans la réalité, on est méprisé, jamais traité de la même manière qu'un musulman croyant.

Cela se passe d’explications. L’intention est de dépouiller l’islam de toute valeur positive : cette religion de coercition, d’oppression est l’ennemi de toute liberté !

L’opuscule cite l'interprétation du cheikh Muhammad al-Khudari des vingt versets cités par al-Suyuti comme abrogés dans le but de confirmer que le verset {Pas de contrainte en religion} n'a pas été abrogé. L'auteur des remarques commente : "Pourquoi prenons-nous les paroles de Sheikh al-Khudari au lieu de celles d'al-Suyouti ?" Bien sûr, il faut citer, à ses yeux, ce qui est conforme aux objectifs du « Centre Ibn Khaldoun »qui ne tolère pas l’idée d’un islam tolérant !

Quelle est cette étrange méthode ? Quels sont les véritables objectifs de ceux qui traduisent des livres contre l'Islam qui enracinent le stéréotype négatif aux États-Unis comme en Occident ?  Pourquoi insiste-t-on sur l’adoption de l’idéologie des extrémistes terroristes??! Et qu'allons-nous tous gagner d’adopter les arguments des extrémistes terroristes et négligeons les idées de vénérables érudits tels que Sheikh Shaltut et Sheikh Al-Khudari ?

L’étonnant est que le Centre Ibn Khaldoun et son président aient été les premiers à mener un dialogue entre des dirigeants de la Confrérie Islamique et de nombreux d'ambassadeurs de l'Union européenne lors de ce qu'on a appelé la réunion du Club Suisse au Caire le 18 mars 2003. Le Centre Ibn Khaldoun était le premier à les présenter aux Centres de Recherche Occidentaux et Américains pour discuter de ce qu'ils appelaient à l'époque « La vision  grises des mouvements islamiques ». Les questions suivantes ont été discutés :l'attitude envers les non-musulmans, envers l'Occident, la passation pacifique du pouvoir, l'idée de démocratie, l'attitude envers les femmes et l'utilisation de la violence pour changer le pouvoir.

 

Combattre en Islam :

L'auteur des remarques de l'Institut Ibn Khaldoun rejette l'argument selon lequel le but du combat dans l'islam est la légitime défense. Le seul objectif, à son avis, est de répandre l'islam !  Or, le verset est clair : {Combattez dans le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous, ne soyez pas transgresseurs.}. Toutefois l'abondante connaissance de l'auteur des remarques "scientifiques" y voit ce que tout le monde ne voit pas ! De même, quand il lit un autre verset où le prophète dit : Ô mon seigneur ! Voilà des gens qui ne croient pas ! et reçoit la réponse divine : détourne-toi d’eux et dit : « Paix », ne trouve rien à dire sinon : « C’est déraisonnable ! ». Il ne fait absolument aucun doute que dire « c’est déraisonnable » n’est que « déraisonnable » !!!

L'auteur des remarques du Centre Ibn Khaldoun insiste sur le fait que de nombreux versets et hadiths contredisent les droits de l'homme ! Il ne prend pas la peine de préciser où se trouves ces textes. Parce que ses opinions infondées et son hostilité à l’islam l’ont aveuglé. Il pêche dans l’eau trouble. En s’opposant à l’affirmation contenue dans la brochure selon laquelle l’islam fournit un cadre théorique idéal à sa position sur la liberté d’opinion et d’expression « Ce cadre n’est pas idéal du tout », dit-il. Ailleurs, il dit littéralement : « Beaucoup de hadiths du Prophète contredisent les droits de l’homme, alors pourquoi n’en choisir que ceux qui exhortent au respect des droits de l’homme ? » Y a-t-il vraiment « beaucoup » de hadiths du Prophète qui contredisent les droits de l’homme ? 

Dans ce cas, pourquoi ne pas mentionner l’un de ces hadiths authentiques qu’il revendique ?! Je veux dire les hadiths qui ont été réfutés par un grand nombre de hadiths et d’érudits de hadiths. Alors je me demande : qu’allons-nous gagner, à l’ouest comme à l’est, si nous disons que la réfutation de ces hadiths par ces savants est fausse et que le concept d’extrémistes terroristes de ces hadiths est le bon ?

La vérité est que certains d'entre nous, pas des Occidentaux, veulent quelque chose de spécifique et imaginent que les chercheurs doivent « entendre, obéir et mettre en œuvre des instructions et des ordres » ! Là, l'insolence atteint son paroxysme ! Pardon ! C’est la description la plus douce possible !

 Lorsque l’opuscule parle de la migration du Prophète à Médine et de son acceptation de cohabiter pacifiquement avec les non-musulmans, l’ingénieux auteur commente : « Ô paix ! Avait-il autre chose à faire pendant qu’il immigrait chez eux ? » Quelle terrible discourtoisie ! Qu’est-ce que le dire « Ô paix !» a à voir avec une argumentation objective ?!

De plus, le Prophète n’a pas émigré à Médine avant d’être invité par son peuple.  Il a répondu à l’appel des sympathisants qui l’ont accueilli, aimé et soutenu. Alors pourquoi cette ignorance, ce fanatisme et cette légèreté mal placée ?

Je m’arrêterai à une autre observation du Centre Ibn Khaldoun. Lorsque la l’opuscule parle du genre de questions que certains d’entre eux ont posées au Prophète au sujet de « l’Heure », de « l’Esprit » et de « Alexandre à deux cornes », et de la façon dont le Prophète donna le plus grand exemple dans un dialogue fondé sur la liberté d’expression, l’auteur des notes commente dans son style habituel : « Pourquoi cette conclusion ? De bonnes questions à poser à ceux qui prétendent prophétiser ! » C’est ainsi que parle le groupe d’Ibn Khaldoun, et c’est ainsi qu’ils se tournent vers l’Occident : des questions pertinentes à qui il a « prétendu » prophétie ! Dans son troisième chapitre, la brochure aborde « La liberté d’opinion et d’expression à travers l’histoire islamique », et l’auteur des notes fait de nombreux commentaires qui sont loin de l’objectivité et de l’étiquette du dialogue.

Afin d’éviter la prolongation, il est possible de s’arrêter à un exemple dans lequel l’auteur des notes commente la jurisprudence du troisième calife Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) et son style de gouvernance, en disant : « Il voulait être juste parmi les musulmans, et il était injuste et calomnieux envers tous les peuples qui ont conquis leurs pays ».

Que voulait précisément le Centre Ibn Khaldoun ? 

Il voulait, comme nous l’avons souligné plus d’une fois, offenser l’Islam, condamner ses principes, ses valeurs et ses idées, et diffamer ses symboles ? Si le Centre arabe de recherche et d’études et moi-même étions capables de relever ce défi et refusions d’être un outil pour de telles tendances suspectes.

De plus, ce qui s’est passé, et continue de se produire, avec les chercheurs et d’autres centres est déplorable.

Pour ces raisons combinées, cette confusion au sujet de l’islam et des musulmans a persisté en Occident jusqu’à présent. Afin de le supprimer, nous avons créé le Centre d’études du Moyen-Orient à Paris en 2017. Puis nous avons créé notre site internet Le Dialogue en 2023. Ceci est fait dans le but d’expliquer correctement les valeurs de l’Islam et son histoire. Et parler des courants de l’islam politique et des différences fondamentales entre leurs idées et la pensée islamique. Cela ouvre la voie au dialogue entre nous et les Occidentaux.

Nous croyons que la liberté de pensée est un droit incontestable. Mais « pensée » signifie, à notre avis, armé de science et d’objectivité.  Par conséquent, il ne devrait pas se terminer avec l’approche indiquée par les observations du Centre Ibn Khaldoun et de ceux qui l’ont orbité. 

Dieu est derrière l’intention. C’est lui qui guide le chemin.