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Editos

Pour une nouvelle vision du patrimoine « L’attitude envers les non-musulmans »

Le Dialogue

En raison de la popularité de certains cheikhs de chaires et de chaînes satellitaires, certains concepts influencés par la soi-disant « jurisprudence des crises » se sont répandus parmi les musulmans.  Cela fait référence aux crises qui affligèrent les musulmans au Moyen Âge. Les tribus tatares sauvages attaquèrent sévèrement les terres musulmanes. C’est ce qu’on a coutume d’appeler les guerres tatares, suivies par les croisades.

 Au cours de cette période, émergèrent des concepts appelés « les dispositions des dhimmis » (c’est-à-dire les non-musulmans), celles des Tatars, la souveraineté divine et d’autres arrangements qui furent dérivées par les juristes de cette époque pour faire face aux ambitions de certaines nations dans la umma des musulmans.

L’heure actuelle témoigne du fait que nous sommes confrontés à une époque différente exigeant de nos érudits, de nos juristes également de travailler différemment pour faire revivre les valeurs éthique que nous, musulmans, avons négligées en particulier en ce qui concerne nos relations avec les non-musulmans. Peut-être que l’examen attentif d’une partie de la jurisprudence contemporaine remettant en question la jurisprudence ancienne liée à l’époque de ceux qui l’écrièrent, nous aidera-t-il à comprendre à quoi nous avons affaire.

Le premier de ces concepts, sur lequel repose la jurisprudence écrite sur les relations entre musulmans et non-musulmans, est le concept al-wala’ wal-Bara’ « Allégeance et désaveu », l’allégeance envers les musulmans et le désaveu des non-musulmans. Ce concept a récemment été transformé (par certains groupes islamistes radicaux), en allégeance envers le groupe spécial et en désaveu de tous les autres groupes, même s’ils sont aussi islamiques.

Dr. Muhammad Salim al-Awa dans son livre « La jurisprudence islamique en voie du renouveau » retrace l’émergence de ce concept en imitant le concept romain de diviser le monde en trois parties : le monde romain, le monde latin et le monde des non-latino romains.

Quant aux Romains, ils sont les maîtres du monde. Les Latins sont leurs cousins. Les autres sont les esclaves des Romains et des Latins, dont le contrôle justifie la violation de toutes les saintetés humaines. C’est une division ethno-raciale basée sur l’illusion de la distinction raciale, conduisant aux actes si criminels et brutaux contre tous les peuples non romains et non latins.

Par conséquent, les juristes musulmans ont modelé le pendant du concept romain : Dar al-Islam (le pays de l’Islam) et Dar al-Harb (le pays de la guerre). C’est un terme dérivé de deux faits : la doctrine et les circonstances factuelles. Il est fondé sur des décisions jurisprudentielles qui ne contiennent aucune disposition autorisant l’agression ou le meurtre, ce qui est interdit par les dispositions de la charia.

C’est une division qui ne privilège une race aux dépens d’une autre, ou d’une nation aux dépens des autres nations. Parce que ceux qui ont adopté cette division ont gardé à l’esprit les paroles de Dieu Tout-Puissant : « Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous » [Les appartements privés (al-Hujurat): 13]. Leur deuxième soutien était la parole du Messager d’Allah (paix et salut d’Allah soient sur lui) :  « Ô les gens ! Vous appartenez tous à Adam ; Adam est de poussière. Par conséquent, l’Arabe n’est pas plus noble auprès d’Allah qu’un étranger. De même, le Blanc n’est plus noble qu’un noir. Le plus noble est le plus pieux d’entre vous tous. 

Le concept islamique joua déjà son rôle à l’époque où il fut formé. Dans les étapes historiques ultérieures, cette performance a été reconnue par des érudits familiers avec les codes de la jurisprudence islamique et les livres de droit international et de relations mondiale en Islam. Ce sont ces sources qui constituent les « livres biographiques » (de la Sirah). Mais le concept, ainsi à ses débuts que pendant son développement continu, était un concept jurisprudentiel. Ce n’était pas un concept dérivé d’un texte coranique ou d’une parole prophétique.

Le renouveau jurisprudentiel était tellement utile qu’il a évité la corruption. C’est l’un des objectifs de la charia convenu par les juristes. Il n’est pas né – comme certains chercheurs l’ont compris – de « l’incompétence des juristes musulmans de saisir la pluralité du monde qui aussi une richesse », Ce renouveau découle plutôt de la condamnation de la discrimination raciale et ethnique entre les peuples. Cela découle aussi du fait que la vraie doctrine et la piété sont la norme de la vertu dans le comportement humain. Donc il n’était pas un ijtihad primitif, mais une réaction à la position des Byzantins confrontés par les musulmans qui firent également face à leur idéologie dans les avant-postes en Bilad al-Cham (la Grande Syrie°.

Alors, la jurisprudence islamique – à toutes les époques – devrait-elle maintenir cette division et y revenir chaque fois qu’un problème de relations internationales se pose ? Ou est-il du devoir des juristes de chaque époque de formuler, à propos de ces relations, des solutions jurisprudentielles appropriées à leur époque, tout en étant utiles et remède à la corruption ?

Si les progrès étonnants des moyens de communication et de transport ont transformé l’ensemble du monde en un petit village, est-il justifié que la vision musulmane du monde continue d’être régie par cette conception, appropriée aux circonstances dans lesquelles elle fut apparue et ne l’est plus après leur disparition ?