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Invités d’honneur

« La mer, Qu'on voit danser le long des golfes clairs »

Le Dialogue

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de son discours du Nouvel An à l'armée française sur la base aérienne de Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France, le 20 janvier 2023. (Photo de Bob Edme / POOL / AFP)

 

Le 20 janvier dernier, lors de ses vœux aux Armées, le président de la République a présenté les contours de la nouvelle Loi de Programmation Militaire 2024/2030. Dans les différents points évoqués il y en a un qui a immédiatement attisé ma curiosité : « la protection de nos intérêts dans les espaces communs ».

 

Ici, si on en croit les propos du chef de l’Etat, il est question de renforcer « notre capacité à surveiller, à réagir, mais aussi à prendre l'initiative, à passer de clairs messages stratégiques » dans plusieurs espaces comme l'espace exo-atmosphérique, l'espace numérique et les espaces maritimes.  

 

Emmanuel Macron vient donc de découvrir que la France possède la deuxième zone économique exclusive du monde, qu’elle est la première puissance sous-marine mondiale, qu’elle possède 14 millions de km2 d’espace aérien et qu’elle est l’une des seules nations à posséder un réseau circumterrestre de station de contrôle satellitaire, tout cela grâce à ses Outre -mer. De ses propres mots cela « représente un immense atout », mais aussi « une immense responsabilité, y compris à l'échelle des enjeux environnementaux, climatiques, de la protection de certaines infrastructures et de nos territoires. » … Un président qui se rend compte que « France sur Mer » existe c’est exceptionnel pour être souligné. 

 

Mais des mots aux actes il y a parfois de trop nombreux milles nautiques à combler sauf s’il y a une volonté réelle de prendre en compte les disparités existantes aujourd’hui entre les forces de souveraineté présentes et les ambitions qui doivent être les nôtres. Aujourd’hui, que ce soit dans les capacités humaines (moins de 8500 hommes sur l’ensemble des territoires) que dans les capacités matérielles (aériennes, maritimes et terrestres) on ne peut pas dire que nos forces de souveraineté, dont le format « taillé au plus juste,» sont adaptées à l'ampleur de leurs missions et à leur rôle stratégique. Là encore on ne peut que dénoncer la politique d’économie et de désengagement voulue par Nicolas Sarkozy et appliquée par Hervé Morin ou Gérard Longuet. 

 

Il y a urgence à redimensionner notre marine avec la création de 4 flottes (Méditerranée, Océan Indien/Antarctique, Océan Pacifique/Arctique, Océan Pacifique) et de deux groupes aéronavals. Il y a urgence à revoir la préposition de nos forces aériennes ainsi que leurs moyens notamment en avion de transport et de chasse (on ne peut pas tout laisser reposer sur nos bases à Djibouti et aux Emirats Arabes Unis). Enfin il faut travailler à une DOT-OM autour d’un renforcement de nos unités Légion et Troupes de Marine. 

 

A l’heure où tous les regards sont tournés vers l’Ukraine et la guerre à haute intensité, il ne faut pas perdre de vue que nos territoires d’outre-mer peuvent eux aussi être touchés tant par des groupes mafieux ou terroristes que par la politique agressive d’états voisins. Il faut arrêter d’avoir une vision « eurocentrée » et réfléchir aussi vers le grand large. 

 

Un grand large qui nous ramène aussi à l’actualité de nos océans et de notre unité nationale. 

 

Le 4 mars 2023, à New York, a été signé le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à protéger la biodiversité marine et assurer un développement durable des ressources en pleine mer. Concrètement, ce "Traité de la haute mer", qui entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, placerait 30% des océans du monde dans des zones protégées, contre seulement 1% à l'heure actuelle. La France par sa position géographique, par sa ZEE, se doit d’être porteuse de ce traité tout en ne négligeant pas d’être « chef de file » dans la Recherche et Développement maritime que ce soit dans les domaines aussi variés que la nutrition, la santé, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies. Recherche et Développement qui pourra aussi amener le France à renouer des partenariats sérieux avec différents pays sur tous les continents. 

 

2 mars, à Bakou, l’Azerbaïdjan, pays à la présidence du Mouvement des non-alignés, a appelé la France à présenter des excuses pour ses « crimes coloniaux sanglants » et ses actes de génocide. Ilham Aliyev, le chef d’État azerbaïdjanais, est venu dire à la face du Monde que l’Organisation soutenait la souveraineté « incontestée » de l’Union des Comores sur l’île de Mayotte qui reste sous « domination coloniale » française avant d’ajouter que le gouvernement de la France devait respecter les droits du peuple de Nouvelle-Calédonie et des autres peuples des collectivités et territoires français d’outre-mer … Cette sortie qui prête à sourire venant d’un pays vassal de la Turquie frériste et niant les droits du peuple arménien doit aussi, et surtout, ramener la France à tenir un véritable projet de développement du territoire national de Lille à Saint-Denis-de-la-Réunion, de Cayenne à Strasbourg et de Bordeaux à Papeete sans oublier Saint-Pierre et Miquelon et la Corse.