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Politique - Société

Taux critique en vue : Le taux de fécondité est le point de repère focal. Or ce taux diminue partout dans le monde [ 1 - 2 ]

Le Dialogue

Une mère tient son nouveau-né le 7 juillet 2018 à l'hôpital de Nantes, dans l'ouest de la France. Photo : LOÏC VENANCE / AFP.

 

Il ne faut pas confondre le taux de fécondité avec le taux de natalité, qui est le rapport entre le nombre annuel de naissances (vivantes) et la population totale moyenne pendant la période, sur un territoire donné.

Le taux de fécondité est défini par le rapport entre ce même nombre de naissances et l’effectif des femmes : en pratique, il indique le nombre moyen d’enfants par femme durant une période donnée et si ce nombre est inférieur à 2,1, le 0,1 correspondant au décès d’une partie des enfants au cours du temps, irrémédiablement, la population diminue à terme, quel que soient les progrès médicaux qui n’auront pour effet que de ralentir la mortalité.

Le taux de fécondité est donc la donnée qu'il faut garder à l'esprit, car c'est elle qui conditionne la croissance ou la décroissance de la population. Ainsi, aujourd'hui, en 2023, le taux de fécondité mondial est de 2,3 par femme, selon l'UNFPA, qui est l'Agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. Il en ressort que la population mondiale continue à s'accroître, mais faiblement.

La deuxième donnée importante est dynamique. Il s'agit de l'évolution du taux de fécondité. Le taux de fécondité mondial était de 5,3 enfants par femme en 1963 (données Banque Mondiale), il était de 3 en 1993 et, comme je viens de l'écrire, il est de 2,3 en 2013. Ce taux baisse donc régulièrement, avec une décroissance de la courbe de la fécondité qui diminue, comme on pouvait s'y attendre.

Par conséquent, il est temps de s'interroger sur la date à laquelle le taux de fécondité mondial atteindra 2,1, donnant le signal d'une future et irrémédiable baisse de la population mondiale. Irrémédiable, parce que la population mondiale ne pourra continuer à s'accroître un certain temps que par l'allongement de la durée de vie moyenne de la population, du fait de l'alimentation, des soins médicaux ou des conditions de vie, mais cet allongement possède des limites qui sont celles de l'espérance de vie humaine.

Pour prévoir l'année où le taux de fécondité atteindra 2,1 avant de continuer à décroitre, nous n'avons comme outil que le prolongement de la courbe du taux de fécondité, en dehors de conjectures sur les facteurs qui pourraient l'influencer. On observe donc que, récemment, le taux de fécondité mondial a stagné de 2011 à 2017 autour de 2,5, avant de descendre en six ans à 2,3 en 2023.

Selon cette tendance, le taux de 2,1 devrait être atteint entre 2030 et 2040, annonçant une ère inédite pour la population mondiale, celle de son vieillissement continu, en d'autres termes du manque d'enfants donc de bras, des inégalités considérables selon les régions et des migrations provisoires, car ce taux en décroissance sera progressivement atteint par toutes les régions du monde.

Les conséquences seront évidemment fondamentales pour l'humanité, puisqu'il s'agit purement et simplement de sa survie, à terme de quelques dizaines à trois ou quatre centaines d'années tout au plus. Avant d'aborder les effets de la baisse du taux de fécondité dans le détail, je n'en donnerai que deux exemples, les questions écologiques et l'intelligence artificielle.

Dès que l'on prendra conscience d'ici à peine une décennie du risque mortel que court l'humanité avec la baisse du taux de fécondité, les questions écologiques passeront instantanément au second plan. En effet, il ne sera plus question de donner la priorité à la réduction de l'empreinte humaine sur la Terre puisqu'elle aura tendance à diminuer en même temps que la population.

En résumé, il ne s'agira plus de lutter pour disposer d'un environnement qui nous soit favorable, mais de lutter pour continuer à exister en tant qu'espèce humaine.  

En ce qui concerne l'intelligence artificielle (IA), une crainte largement exprimée est que les progrès rapides et spectaculaires de l'IA permettent de remplacer le travailleur et parfois même l'homme tout court par l'IA. La baisse de la fécondité entraîne rapidement une pénurie de main-d'œuvre qui obligera à utiliser toutes les ressources de l'IA pour y pallier. Ce sera le moment où l'on se reprochera amèrement de ne pas avoir assez anticipé la situation et investi plus massivement dans les usages de l'IA. Voilà deux exemples de ce qui nous attend à court terme, dans une petite dizaine d'années environ. Avant d'aborder les conséquences de cette évolution démographique, il nous reste à en identifier les causes, mais, au fond de vous, vous les connaissez très bien...