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Monde

Boutros-Ghali… le rôle de la France dans son accession au plus prestigieux poste international

Le Dialogue

Les efforts  déployés par la France  pour  faire accéder Boutros Ghali  au poste  de  secrétaire général  des Nations Unies resteront  toujours louables, signe de  sa loyauté vis à  vis de sa propre culture et de  sa fierté  de   tous ceux qui  s’y apparentent  intellectuellement et académiquement. Nous nous souvenons toujours que le ministère français des affaires étrangères  a créé un  service  indépendant auquel  a été assigné  le rôle de suivre  les élections à  ce poste  et soutenir la  candidature égyptienne  à  ce poste international éminent.  Je me souviens toujours, alors que je travaillais à la présidence à cette époque, que le ministre français des affaires étrangères a rendu maintes fois visite à l’ancien président  Moubarak afin  d’encourager  l’Egypte à  coopérer avec la France  pour faire accéder  Boutros Ghali  à  la tête de l’Organisation onusienne. Je me dois de reconnaître,  à cet  effet,  que ce grand  homme  a effectué  un long  périple au  niveau  mondial en  vue de stimuler  son élection et a traité  avec toutes les cultures et les civilisations en  vue de réaliser  le  but  de l’Afrique -et  non  uniquement de  l’Egypte-  d’accéder à cette fonction prestigieuse comme  elle en  avait le droit comme prévu à  tour de rôle. La mission  de  Boutros Ghali-  ce diplomate académicien,   a été  couronnée du plus grand succès lorsqu’il a réussi à  convaincre  les différents  gouvernements  et  a remporté  les élections par onze   des 15   voix  membres du Conseil de sécurité.   Il  était clair que les cinq grandes puissances ont voté  pour  ce professeur  des universités  et n’ont pas usé  de leur  droit de veto.  Ce qui  est vraiment  étrange  que Boutros Ghali n’a pas été réélu à la fin  de son  premier mandat  alors qu’il jouissait  du soutien  de  14 pays.  La seule différence entre les deux cas est  que lorsqu’il  a perdu ces  dernières élections,  les Etats Unis – l’une des cinq  grandes puissances-  avaient usé de  leur droit de veto.  Ils s’opposaient  par là  au  manque d’alchimie  entre lui et la chef du  département  d’Etat Madeleine Albright.  Un fait qui montre  combien  est vicieux le système du  Conseil de sécurité  qui  fait accéder  une personnalité à  ce poste international  avec une unanimité  de  11 voix et  l’en  exclut alors qu’il  est  soutenu par  14  membres. Il  illustre combien  il étend son emprise sur les droits des Etats et leur prestige. Je me souviens, à  cet effet,  du  commentaire diffusé,  le jour même de  son élection, par  l’une des grandes chaînes télévisées qui  disait: « Boutros Ghali  a été  élu  secrétaire général  des Nations Unies. Il  est africain  mais pas  noir; il  est  arabe mais pas  musulman,  il est égyptien mais ne souffre  pas des conditions de  vie  lamentables des pays en  développement »,  comme si le  média voulait  ainsi le  dépouiller  de tous ses droits et le dénuder des caractéristiques de sa personnalité.   A ce  propos,  il faut  rappeler que Boutros Boutros  Ghali était l’un  des meilleurs secrétaires généraux  des Nations Unis  depuis Trygve Lie de la Norvège, Dag Hammarskjöld de la Suède, U Thant  de la Birmanie ( actuellement Myanmar), Kurt Waldheim de l’Autriche, Javier Perez de Cuella r du  Pérou, Kofi A. Annan  du Ghana et António Guterres  du Portugal. On  en  déduit que  l’agenda  pour la paix adopté  par  Boutros Ghali représentait ses véritables lettres de créances  à  l’occupation  de ce poste prestigieux  surtout   qu’il adoptait  un point de vue  indépendant et ne se   soumettait  guère aux pressions américaines. C’est pourquoi,  il  a sacrifié  son poste  pour garder l’honneur de sa parole  et  l’orgueil de son  poste  lorsqu’il a tenu  à publier   le rapport des Nations Unies  sur le massacre de Cana   dans les territoires palestiniens  occupés. Consentant, il  en a payé  la facture  avec tout le respect  qu’il doit à ses principes et  confirmant son  credo  auquel il  s’est  rattaché depuis qu’il  avait occupé le poste de maître de conférences à l’Université  du  Caire. A la fin  de son mandat  onusien, il a  occupé un poste international  non  moins important,  celui de secrétaire  général de la Francophonie pour rester une personnalité influente au  niveau  international en  dépit des défis et  des circonstances  liés à son rôle  international  exercé à cette époque. De retour en Egypte, Boutros Ghali a été couronné  par la présidence du  Conseil  National des Droits de l’Homme  et  a réussi sa mission  en  tentant de mettre  son pays dans une position  meilleure dans le cadre  du système  international des droits de l’homme  pour laisser  une empreinte sans pareil   aux deux niveaux international  et régional. Tel  est Boutros Ghali,  ce copte égyptien,  le descendant de cette ancienne et honorable famille,  qui  a toujours été  honoré  et respecté par toutes les instances internationales tout le long de sa vie  qui frise les quatre-vingt-quinze ans Il est le fils loyal de  l’Egypte ,  le fils  courageux de l’Afrique  et  le fruit  de la rayonnante  culture  francophone.