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Monde

Le Putsch au Niger, sonne-t-il le glas de l’influence française au Sahel ?

Le Dialogue

Des manifestants tiennent une pancarte prise à l'ambassade de France à Niamey lors d'une manifestation qui a suivi un rassemblement de soutien à la junte nigérienne à Niamey le 30 juillet 2023. Des milliers de personnes ont manifesté dimanche devant l'ambassade de France à Niamey, avant d'être dispersées par des gaz lacrymogènes, lors d'un rassemblement de soutien aux putschistes militaires qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum au Niger. Avant que les grenades lacrymogènes ne soient tirées, quelques militaires se sont tenus devant l'ambassade pour calmer les manifestants. (Photo AFP)

 

Le président nigérien, Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021 et dernier allié des Occidentaux dans le Sahel, a été renversé le 26 juillet 2023 par des putschistes. Au soir du 27 juillet, le sort du chef de l’État, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence par la garde présidentielle, paraissait bel et bien être scellé.

Le 26 juillet 2023, le colonel-major Amadou Adramane annonçait à la télévision publique avoir renversé le régime du président nigérien Mohamed Bazoum.

“Nous, forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez”, a déclaré M. Abdramane. “Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale”. Ajoutait -t-il.

Le 28 juillet 2023le général Tchiani, chef de la garde présidentielle, se déclarait à la tête du coup d’État en cours. 

La France « ne reconnaît pas les autorités » issues du putsch.

Dans ce contexte, “Le Niger renoue-t-il avec la tradition des coups d’État ? Le pays en est à son cinquième putsch militaire depuis son indépendance, en 1960.” Commente le quotidien de Ouagadougou  Wakat Séra.

Le quotidien burkinabè ne manque pas d’appuyer que le coup de force “intervient au moment où le Niger, comme d’autres pays du Sahel et de la sous-région, fait face à des attaques terroristes qui endeuillent, constamment, les forces de défense et de sécurité et les populations civiles”.

Pour mémoire, la prise de pouvoir de Mohamed Bazoum, qui a succédé à Mahamadou Issoufou (2011-2021) a marqué la première transition pacifique du pouvoir de l’histoire du Niger. C’était à marquer d’une pierre blanche à l’aune des chapelets de coups réussis au Niger. Le premier des putschs avait été ourdi en 1974 visant Hamani Diori et le dernier en 2010 pour renverser Mamadou Tandja. 

Quoiqu’il en soit, la sous-région Sahélienne est bien coutumière des coups de force politique : 

Le Niger a connu quatre coups d’État en trente ans, le Mali aussi. Le Burkina Faso apparaît presque sage, avec seulement trois changements brutaux de régime.

Après Bamako, Ouagadougou, Conakry, Njamena et Khartoum, Niamey, passe donc à sous tour sous la coupe des militaires, au grand dam des Occidentaux. 

Le Niger pouvait se targuer d’être “le dernier grand allié de l’Occident dans une région troublée, traversée par les principales routes migratoires vers l’Europe, et marquée par la violence terroriste, la pauvreté et le changement climatique”. 

C’est ainsi que pour faire face à cette menace Djihadiste, le président Bazoum avait fait le choix courageux de s’appuyer sur l’aide occidentale. 

Ce pays du Sahel abrite du reste l’essentiel des soldats de l’opération Barkhane depuis son expulsion du Mali par la junte au pouvoir.

Ainsi, malgré les orientations pro-russes prises par le Mali et comme le Burkina Faso voisin, le président a milité pour que le territoire nigérien se métamorphose en laboratoire de l’armée française au Sahel.

Après la fin de l’opération Barkhane, 1400 soldats français ont été redéployés au Niger, dont 400 forces spéciales de l’opération Sabre qui, chassées de Ouagadougou en février 2023, ont établi leur point d’attache dans la ville d’Ayorou, à 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale Niamey.

Et si le Président Bazoum avait pris le risque d’apparaître comme un vassal de la France et des États-Unis, le Niger n’était pas pour autant épargné par le sentiment anti-français qui se développe dans la région…

Le renversement du président Nigérien constitue donc le cinquième coup de force militaire mené en l’espace de deux ans sur le continent africain. Dans ce contexte, de nombreux observateurs mettent en garde contre un dangereux effet domino dans la zone…

Pour Paris, ce putsch est assurément une bien mauvaise nouvelle, car il tend encore une fois à illustrer la perte d’influence de la France dans une région auprès d’ex-colonies où elle pensait pouvoir encore servir de modèle…

Et dans ce contexte, les Etats-Unis ne sont pas en reste. Le Niger était “un partenaire crucial” des Etats-Unis qui ont également tout à craindre de ce nouveau coup de force politique au Sahel.

 L’Oncle Sam ne dispose-t-il pas de deux bases de drones et 800 soldats au Niger ? 

Si la junte réussit son opération,  “basculera-t-elle dans la sphère russe ? Seule certitude : pour Paris, poursuivre sa coopération au Niger ne sera pas tenable dans la durée. Les djihadistes ne manqueront pas de s’engouffrer dans la brèche !  S’interroge Patrick Saint-Paul dans le Figaro.

"Les gouvernements du Mali voisin et du Burkina Faso ont été renversés par des coups d’État militaires”, ont “expulsé les soldats français qui s’y trouvaient” et se sont tournés vers “les forces soutenues par la Russie pour se protéger” – le Groupe Wagner en l’occurrence. “Cela pourrait bien être la prochaine étape” au Niger… pronostique le correspondant à Washington d’Al-Jazzera.