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Ukraine/Russie

Odessa : Quels enjeux et quels risques pour Poutine ?

Le Dialogue

Une commission examine la destruction de la cathédrale de la Transfiguration endommagée à la suite d'une frappe de missile à Odessa le 23 juillet, service antérieur le 24 juillet 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. L'Ukraine a déclaré dimanche que 19 personnes, dont quatre enfants, avaient été blessées lors d'une attaque au missile russe sur Odessa qui a également tué une personne. Photo : Oleksandr GIMANOV / AFP.

Kharkov et Sumy sont des villes / régions importantes pour la sécurité nationale de la Russie, donc comme les Russes l’ont compris, ils ne pouvaient plus faire confiance à l’Occident et joueront alors leur carte jusqu’à la fin et ceux qui ne sont pas heureux devront y faire face, ce n’est plus leur problème. Ils jouent sur le long terme...

Je voudrais clarifier ma position sur Odessa.

Je suis d’accord avec tous les analystes sur le fait qu’Odessa est un enjeu très important pour la Russie pour plusieurs raisons : 

  • Stratégique couper l’Ukraine de l’accès à la mer Noire supprime le risque de voir une base OTAN s’installer face à Sébastopol et après la mer d’Azov, cela ferait de la mer Noire une mer Russe ; 
  • Économique car cela forcerait l’Ukraine à s’entendre avec la Russie pour exporter ses céréales ; 
  • Historique cette ville était russe depuis trois siècles : elle a été construite par un citoyen français, neveu de Richelieu en 1794, sous l’ordre d’Ekaterina ; 
  • Sentimental enfin, à cause des 42 russes morts du 2 mai 2014 dans la maison des syndicats dont l’image des corps carbonisés à révolté la Russie et dont la mémoire reste très vivante

Mais le coût à long terme serait aussi très important. 

Avec l’échec de la contre-offensive ukrainienne, on sent chez les dirigeants occidentaux s’instiller peu à peu l’idée que les 4 oblats et la Crimée sont définitivement perdus pour Kiev, et je crains que la perte d’Odessa amène une remobilisation des Anglo-saxons et des Européens car outre l’aspect stratégique qui servirait de prétexte, plusieurs forces entreraient en jeu :

  • Tout ce qu’il y a de plus corrompu en Occident possède des intérêts à Odessa et nombre de dirigeants sont tenus par les mafieux qui y règnent en maîtres : 
  • Le crime organisé et la corruption ukrainienne armes, drogues, femmes y ont des intérêts colossaux. 
  • Les américains et les britanniques y ont installé leurs plateformes Internet de love and sex.
  • Les boîtes de nuit et les restaurants où l’argent coule à flot appartiennent à des mafias qui soutiennent les néo-nazis. 

Je crains que tous ces réseaux mafieux mettent le couteau sur la gorge des dirigeants occidentaux qu’ils tiennent sous leur influence pour ne pas laisser la Russie contrôler cette ville et y rétablir la verticalité du pouvoir si chère à Vladimir Poutine et exigeront qu’ils poursuivent la lutte.

Sur un plan militaire pour garantir les limites Nord des Oblats de Kherson, Mykolaev et d’Odessa face à des contre-offensive Nord-Sud, c’est un nouveau front de 400 km sans obstacle naturel comme le Dniepr que les Russes devront fortifier et tenir face au Nord avec au moins deux armées ou 100 000 hommes.

Selon le Washington Post, de nombreux citoyens de l’Ukraine adoptent une humeur plus sombre au sujet de la guerre avec la Russie, et l’unité nationale commence à s’effilocher. Le changement de sentiment survient alors que la contre-offensive de printemps de Kiev ne parvient pas à reprendre un territoire important en dépit de l’augmentation des pertes. 

"Les Ukrainiens, qui ont grandement besoin de bonnes nouvelles, n’en reçoivent tout simplement pas", a rapporté jeudi le Washington Post. Un Ukrainien, Alla Blyzniuk, interviewé par le média américain, a déclaré, "[avant] les gens étaient unis." Maintenant, un sentiment de "déception collective" se fait sentir.

Le sentiment de désespoir est provoqué par des pertes massives dans la contre-offensive de Kiev. Blyzniuk a déclaré que la plupart des soldats envoyés au front meurent en seulement deux ou trois jours.

La semaine dernière, Politico a rapporté que Kiev avait engagé 150 000 soldats pour combattre sur trois fronts. Néanmoins, le Pentagone admet que les forces ukrainiennes n’ont pas réalisé de gains significatifs. 

Washington affirme publiquement qu’il a fourni à Kiev tout ce dont l’Ukraine a besoin pour mener une contre-offensive réussie. Cependant, les responsables occidentaux ont admis au Wall Street Journal que les forces ukrainiennes manquaient d’équipement essentiel.

"Lorsque l’Ukraine a lancé sa grande contre-offensive ce printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev n’avait pas toute la formation ou les armes, des obus aux avions de combat, dont elle avait besoin pour déloger les forces russes." Le rapport poursuit : « Mais ils espéraient que le courage et l’ingéniosité des Ukrainiens porteraient le coup. Ils ne l’ont pas fait. »

Anna Oliinyk, une femme soldat ukrainienne, a déclaré au Post qu’elle espérait que les pertes en vaudraient le prix...

"Nous avons tous ces gars qui reviennent du front sans membres", a-t-elle dit. "Je veux que le prix qu’ils ont payé soit raisonnable. Sinon, ce qu’ils ont vécu ne sert à rien. »

Le mari d’Anna, lui aussi soldat et qui a perdu une jambe, a dit au Post qu’il ne s’enrôlerait pas s’il pouvait faire à nouveau le choix, ajoutant que Kiev envoie des soldats non formés sur les lignes de front.

"Ils emmènent tout le monde et les envoient au front sans préparation appropriée", a-t-il déclaré. "Je ne veux pas être en compagnie de gens démotivés."