L’énergie verte remonte à la nuit des temps: un arbre toujours verdoyant dont les fruits ont été cueillis par l’homme depuis sa création. Il a construit les bateaux à voile pour exploiter l’énergie du vent en navigant à travers la mer, il a érigé les moulins à vent pour son industrie et a profité du soleil pour sécher les aliments et chauffer l’eau. L’énergie verte ne libère pas des déchets toxiques à l’environnement. Elle est écologique au vrai sens du mot. Depuis de nombreuses décennies, les scientifiques avaient mis en garde contre le fait de brûler les combustibles fossiles (charbon, pétrole ou gaz naturel) et les bouleversements climatiques qui troublent de fond en comble la vie de l’homme. Pourtant, les politiciens ont négligé de tels avertissements, soutenus dans leur positions par les profiteurs, Aussitôt les changements climatiques concrétisés dans des vagues de sécheresse, d’inondations, de désertification et de canicule, ils se rendirent compte que ces dangers sont passés du stade du prévisible à celui de la réalité. Refusant de baisser les bras face à la négligence des politistes et des compagnies phares dans le domaine de l’énergie, les écologistes, les physiciens, les chimistes et les ingénieurs polytechniques ont poursuivi leur mission de faire évoluer la technologie verte que le monde dispose actuellement d’un arsenal scientifique et technologique dans le domaine de l’énergie nouvelle capable d’assurer la transition de notre époque de l’énergie traditionnelle à l’autre renouvelable; le monde détient des industries technologiques gigantesques qui connaissent un grand essor grâce à une demande croissante des installations et des systèmes de l’énergie solaire, photovoltaïque, éolienne, biomasse (déchets ménagers), géothermique, hydrolienne ou houlomotrice. Ces nouveaux types d’énergie renouvelables sont l’espoir de l’humanité dans un monde nouveau qui table sur une relation étroite d’amitié entre l’homme et l’environnement.
Les énergies renouvelables ne représentent pas une seule industrie unique mais ont des ramifications qui s’étendent à plusieurs industries majeurs dont celle automobile, électro-ferroviaire, électro-ménagère, d’infrastructure, d’illumination des rues ainsi que l’industrie des composants de génération, de distribution et de contrôle de l’énergie technologique de pointe. Et, comme ces industries sont encore nouvelles, leurs chaînes internationales d’approvisionnement restent encore inachevées; ce qui ouvre largement les portes à leur localisation et développement en Egypte comme dans d’autres pays en développement qui aspirent au progrès et frayent la voie directement à la quatrième révolution industrielle sans avoir aucunement besoin d’en emboîter les pas de la troisième ni de gérer sa reproduction. Dans quelques années à peine, les moteurs de combustion interne finiront par se vendre en vrac!
La quatrième révolution industrielle
L’industrie des énergies renouvelables est l’un des catalyseurs de la révolution industrielle basée sur les semi-conducteurs et les puces des industries sophistiquées, des appareils de l’intelligence artificielle (IA), de l’internet et des applications de l’informatique quantique dans les domaines de la vie quotidienne allant de l’agriculture à l’astrologie. A vrai dire cette dernière science a stimulé les énergies renouvelables par l’utilisation des bombes d’hydrogène pour assurer l’énergie et l’eau dans les navettes spéciales et aux astrologues. En outre, les industries des énergies renouvelables telles les cellules de l’énergie solaire, les turbines éoliennes, les batteries de stockage d’énergie ultra-puissante et les nouveaux transformateurs de puissance sont localisés dans les pays industrialisés surtout aux Etats Unis, en Chine, en Allemagne, en France et au Japon. C’est la Chine qui occupe le haut du pavé mondial dans le domaine de l’industrie des appareils et besoins de l’énergie solaire. Hormis l’Inde qui tente de franchir des pas de géant dans le domaine de l’énergie solaire, les autres pays en développement vivent toujours dans l’ère de l’énergie traditionnelle et s’immiscent à pas feutrés dans l’époque de l’énergie renouvelable en tant que consommateurs et non producteurs.
Les Etats pétroliers du Moyen-Orient tels l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis ou d’autres qui en importent à l’exemple de l’Egypte et du Maroc sont animés par un élan énergétique impétueux grâce à une profusion de ressources d’énergie renouvelables comme le soleil, le vent et la mer ajoutés à une puissance d’autofinancement en Arabie Saoudite et aux EAU ou qu’ils représentent un centre d’attraction pour obtenir un financement étranger alors que le monde a réalisé un progrès significatif dans la mise en exécution des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat (2015) qui prévoit de réduire à 1,5 degré Celsius la hausse des températures avec la fin de notre siècle par comparaison à son niveau d’avant l’ère industrielle et à zéro les émissions de gaz carbonique vers la moitié de ce siècle.
Dans le cadre du COP 27 tenu sur son propre sol, dans la ville balnéaire de Sharm El Cheick, l’Egypte- l’un des pays importateurs d’énergie, s’est engagée à investir dans les projets d’énergie renouvelable à l’intérieur de ses propres frontières avec une valeur dépassant les 100 milliards de dollars. Honorant ses promesses, elle deviendrait le premier pays producteur d’énergie renouvelable au Moyen Orient et au nord de l’Afrique et le deuxième producteur d’hydrogène vert dans la planète. En fait, le pays de la vallée du Nil jouit de ressources considérables lui permettant de le produire à un coût moindre que celui des producteurs concurrents dans la région. Avec le progrès technique et la croissance de la demande, il s’avère prévisible une baisse du coût de production pour atteindre 1 dollar par 1 kg ou même moins avant l’avènement de 2050 par rapport au prix de 2,7dollars en 2025. Actuellement, la Chine est l’Etat le plus compétitif, de par le monde, du point de vue du coût de production de l’hydrogène vert variant entre 65 cents et 1,10 dollars le kg; l’expansion dans la production de l’hydrogène vert et des énergies solaire et éolienne contribuent à faire baisser les importations égyptiennes en produits pétroliers ainsi que les émissions de carbone. La valeur des importations pétrolières au cours des neuf premiers mois de l’année en cours ont atteint 10,8 milliards de dollars accusant un taux de 20% des importations globales de produits qui étaient responsables à elles seules de 38% du déficit commercial au cours de cette période.
Comment l’énergie renouvelable pourrait être une passerelle vers l’avenir L’Egypte œuvre actuellement à développer une stratégie intégrée de l’environnement, à restructurer les sources d’alimentation du secteur de l’électricité qui vise à hausser le taux de l’énergie renouvelable à 33%, 48%, 55%,et 61% respectivement en 2025,2030,2035 et 2040. Il est prévu que les deux secteurs privés égyptien et étranger s’approprieront la part la plus importante des capacités des centrales de production de l’énergie renouvelable.
Les industries et projets de l’énergie renouvelables se caractérisent par ce qui suit :
Premièrement: la création de l’énergie renouvelable ne créant pas un grand nombre d’offres d’emploi parce qu’elle est coûteuse et consomme un haut niveau de technologie ; néanmoins elle stimule fortement une large tranche compétente de la force ouvrière, des experts en technologie et des ingénieurs de conception industriels et des ouvriers opérationnels. Cette stimulation est de nature à imprimer un élan à l’apprentissage et à la formation afin de mettre sur le marché des diplômés aptes à se déplacer à travers divers industries et projets transnationaux et non seulement à l’intérieur de leur propre pays. C’est pourquoi, la planification de l’enseignement et des besoins du marché du travail en une industrie unique revêt un caractère mondial transfrontalier et non national qui se limiterait uniquement aux besoins du marché local.
Deuxièmement : Ayant besoin de grandes superficies de terrains ou d’eaux- comme à l’exemple des fermes solaires ou éoliennes, les projets d’énergie renouvelable sont susceptibles d’être localisés dans des zones d’une densité démographique faible ou totalement dépeuplées à l’instar du désert. Nul n’ignore que la région peuplé démographiquement ou économiquement en Egypte ne dépasse pas 10% de la superficie globale du pays. Partant, l’installation de projets autour de la vallée ou du delta dans les déserts étendus à perte de vue (les complexes solaires) ainsi que dans l’eau de mer ( fermes éoliennes) sont de nature à créer de petites agglomérations d’habitants candidates au développement pour devenir de nouvelles zones de développement. Un état de choses qui génère un investissement plus performant des ressources disponibles qui renforce la solidité de la structure économique et sociale de la sécurité nationale.
Troisièmement : Plus les pays concernés par les investissements dans le domaine de l’énergie renouvelable s’écartent de la stratégie des projets « clé en main » plus leur valeur atteint des chiffres records. A et effet, il est indispensable de poser une stratégie nationale d’intégration dans les chaînes de valeur mondiale selon des caractéristiques compétitives sur le plan international et non uniquement sur le plan local pour assouvir l’autosuffisance par la métallurgie des matériaux, la fabrication des cellules photovoltaïques, des panneaux solaires, des batteries de stockage de l’énergie, des transformateurs, des fibres optiques, des semi-conducteurs, des puces électroniques, des composants des turbines des vents, des stations de chargement des voitures, des centres sophistiqués de contrôle et de distribution.
Quatrièmement: Il est impératif que le marché de la nouvelle énergie et ses industries soient basés sur la juste compétition et la transparence. Et quoi qu’on remarque que c’est le secteur privé qui assume la plus lourde responsabilité dans la mise au point de ces industries à travers le monde, et que ce marché remplisse- pratiquement- les conditions de la compétition ouverte dans les pays industrialisés, nous trouvons qu’il est assujetti au monopole gouvernemental des pays en développement surtout dans les étapes post-production. Lorsque- à titre d’exemple- on contracte avec des investisseurs étrangers au sujet de la construction de centrales d’énergie renouvelables. Le plus souvent, le contrat prévoit l’achat par l’Etat de leur production à un prix fixé au kilowatt/heure à utiliser dans l’alimentation du réseau national. Ce procédé tue la concurrence et la qualité de la production ainsi qu’il bloque –parfois en conséquence- le cycle de renouvèlement technologique. Il est appliqué en Egypte entre le gouvernement et les sociétés qui possèdent le parc solaire de Benban en haute Egypte comme au golfe de suez au sujet des centrales d’énergie éolienne. Le fait de fixer les prix des transactions a abouti à un ralentissement voire à un arrêt complet des investissements en attente d’un réajustement des prix après la hausse des prix internationaux des matériaux.
Cinquièmement: le développement des industries de l’énergie renouvelable en Egypte exige la création d’un marché régional d’électricité entre l’Egypte et les pays arabes ainsi qu’entre elle et l’Europe d’une part et l’Afrique d’autre part. Le champ de la demande prévue pourrait s’élargir par conséquent ainsi que stimuler l’augmentation de la production et des exportations. Bien que l’Egypte ne publie pas de chiffre précisant la valeur de ses exportations en électricité, les données de l’Autorité Centrale mobilisation générale et des Statistiques note que les exportations égyptiennes de pétrole et d’électricité, en 2021, ont atteint 11,1 milliards contre 4,2 milliards de dollars en 2020 affichant une augmentation de 164,3 %. En cette même année les exportations de gaz naturel ont atteint 3,9 contre3,2 milliards de dollars de pétrole brut et le reste des dérivés pétroliers et d’électricité. Dans le cadre de ses efforts déployés en vue de devenir un centre régional d’énergie, l’Egypte a créé des centres de liaison électrique avec la Jordanie, le Soudan et la Libye respectivement d’une puissance de 250 prévus d’atteindre 500 mégawatts, de 80 à atteindre 300 mégawatts et 200 mégawatts. Actuellement, une autre liaison- en deux phases- est en cours avec l’Arabie Saoudite avec un coût d’investissement de 1,8 milliards de dollars et une puissance globale de 3000 mégawatts. En 2019, l’Egypte, la Grèce et Chypre ont signé un mémorandum d’entente en deux phases d’une valeur totale de 1000 mégawatts chacune jusqu’à parvenir à 2000 mégawatts à son parachèvement. La convention finale de ce projet est sujette à une révision technique en guise de préparation à l’adoption définitive et à la création d’une ligne de liaison constituée d’un câble maritime qui lie entre l’Egypte et Chypre pour partir ensuite à la Grèce. Une étude en cours porte sur la création d’une liaison avec l’Italie d’une part et l’Irak d’autre part avec une puissance de 100 à 150 mégawatts dans une première étape pour en atteindre 500 mégawatts dans la deuxième.
La localisation de l’industrie de la nouvelle énergie
L’industrie de la nouvelle énergie représente la part de l’offre qui se développe comme un éclair dans le marché de l’énergie alors que la consommation dans les secteurs domestique, commercial et industriel représente la part de la demande. Au cas où l’action internationale dans le domaine de l’énergie nouvelle serait aussi structurée que dans le marché de l’énergie traditionnelle, les moteurs du bénéfice supplanteraient ceux de l’environnement : le taux de développement de l’industrie se ralentirait comme se creuserait davantage la faille mondiale séparant les pays qui fabriquent les outils, les appareils et les systèmes d’énergie de ceux qui consomment l’énergie de manière à menacer d’approfondir le déséquilibre structurel dans la répartition des richesses à travers le monde. Les moteurs de transition de notre époque de l’énergie traditionnelle vers l’énergie nouvelle exige de nouvelles conditions historiques qui favorisent la possibilité de changer le système de partage international de l’action en localisant davantage un taux grandissant des industries de l’énergie renouvelable dans les pays en développement du sud. Une mission qui est loin d’être facile. Elle exige une volonté politique, de nouvelles politiques et des efforts significatifs. La raison en est que la relocalisation de l’industrie exige la primauté de la compétitivité autant que des conditions historiques déterminantes qui sont ou urgentes telles les temps de guerre et des crises économiques ou générés par l’accumulation historique technologique qui prend la forme de l’émergence de nouvelles industries ou le passage du développement industriel mondial d’une phase à une autre comme résultat de changements technologiques durables. En temps de guerre, comme durant les deux guerres mondiales, l’Egypte est passé de l’époque de l’économie agricole à celle de l’économie industrielle et financière moderne. Au cours de la crise économique mondiale de 2008 un grand nombre d’industries européennes ont connu de grandes expansions vers le sud et l’est, au Maroc, en Tunisie, en Ukraine ; actuellement et à cause des sanctions économiques imposées à la Chine, nombreuses industries chinoises s’orientent vers une localisation dans d’autres pays comme le Vietnam, la Thaïlande, le Cambodge et le Laos.
L’effervescence actuelle des investissements internationaux dans le domaine des industries de la nouvelle énergie offre une opportunité historique à l’Egypte et aux pays arabes en vue de localiser certaines de ces industries en tirant profit de la profusion des sources d’énergie renouvelables. Une telle localisation doit être érigée sur les bases d’un nouveau système d’action internationale, d’une augmentation des compétences de la compétition locale. Comme elle doit naviguer de conserve avec un développement technologique rapide et profond dont l’intérêt porté par les pays arabes notamment pétroliers et riches vis à vis de l’investissement dans la technologie de l’énergie nouvelle et ses applications industrielles. Vu le lien étroit entre les pays du bassin méditerranéen, les pays du nord, du sud et de l’est de la Méditerranée nourrissent un intérêt commun de développement d’un système complémentaire de l’énergie renouvelable, renforçant par-là l’idée de la localisation des industries de l’énergie nouvelle en Egypte et dans les pays arabes dont ceux de l’Afrique du nord, du Golfe, de l’est de la Méditerranée ainsi que l’établissement d’un système plus juste de répartition de l’action internationale et de partage du patrimoine mondial.