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Arménie / Azerbaïdjan

La présence arménienne en Artsakh : imminence d'un nettoyage ethnique

Le Dialogue

Des réfugiés arméniens du Haut-Karabakh sont aperçus au centre de la ville de Goris le 30 septembre 2023 avant d'être évacués dans différentes villes arméniennes. L'Arménie a déclaré le 30 septembre 2023 que 100 417 personnes sur une population estimée à 120 000 personnes avaient fui le Haut-Karabakh depuis que la région séparatiste a vu sa lutte de plusieurs décennies contre la domination azerbaïdjanaise se terminer par une défaite soudaine. Photo : Diego Herrera Carcedo / AFP.

 

Alors que l'Azerbaïdjan lance des "Opérations anti-terroristes" au Haut-Karabakh, enclave disputée depuis de longues années avec l’Arménie, l'imminence d'un nettoyage ethnique est bel et bien en cours. Mais on voit bien que le monde regarde ailleurs.

 

Le 19 septembre 2023, l’Azerbaïdjan a lancé une nouvelle offensive contre l’enclave arménienne du Haut-Karabakh en violation des accords de cessez-le-feu de 2020. Le régime de Bakou invoque des « provocations arméniennes de grande ampleur » justifiant une « opération antiterroriste ». Étant entendu qu’il affame depuis des mois la population de l’enclave en bloquant le corridor de Latchine qui la relie à l’Arménie voisine.

 

On l’aura compris« le rapport de force était d’autant plus déséquilibré que l’Arménie a officiellement refusé toute implication», observe Kirill Shamiev, spécialiste de l’espace post-soviétique à l’ECFR. «Il ne restait donc dans la province que les quelques forces du gouvernement du Haut-Karabakh épuisées par neuf mois de blocus»,

 

Avec tout au plus quelques milliers de soldats privés de nourriture, de médicaments ou de carburant, les séparatistes du Haut-Karabakh n’étaient pas en mesure de rivaliser avec l’armée de Bakou. Celle-ci revendique la bagatelle de 64.000 hommes «mieux entraînés et mieux équipés», souligne le chercheur. Elle dispose d’équipements modernes de conception turque, israélienne ou russe

 

Dans ce contexte, on s’interrogera sur l’origine du conflit :

 

Ce conflit oppose deux principes de droit international : d’une part, celui de l’intangibilité du territoire, étant que le Karabakh est reconnu comme azerbaidjanais. d’autre part celui du droit à l'autodétermination puisque c'est une province avec une autorité arménienne qui n'est pas reconnue internationalement.

 

En 1921, lorsque l'Azerbaïdjan et l'Arménie rejoignent l'Union soviétique, le Karabakh est cédé à l'Azerbaïdjan soviétique. Mais sa population, à 94% arménienne, ne l'a jamais reconnu. Ce n’est qu’en 1988 qu’elle réclame à nouveau son rattachement à l'Arménie soviétique. S'en est suivie une guerre, gagnée par les Arméniens du Karabakh. Pour autant le statut de la population du Haut -Karabakh mérite pour l’heure d’être précisé. 

 

Dans cette perspective, l’objectif du Président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev est bien d’en finir avec la présence arménienne en Artsakh.  . « Le blocus du corridor de Latchine et l’arrêt provisoire des livraisons de gaz visent à pousser les Artsakhiotes au départ, pour réaliser la jonction panturquiste entre l’Azerbaïdjan, son exclave du Nakhitchevan et par extension la Turquie…», martèle Tigrane Yégavian, professeur de relations internationales à l’université Schiller.

 

Dans ce contexte, le régime de Bakou entend bien profiter du nouveau rapport de force qui leur est avantageux et de l’affaiblissement de la Russie pour forcer l’Arménie à céder ce fameux corridor dans le Sud.

 

Aujourd’hui, Ankara est cul et chemise avec Bakou quant à la question du corridor de Meghri . Ankara est par ailleurs, favorable à un nettoyage ethnique de l’Artsakh, indique Tigrane Yégavian

 

Quant au Président Emmanuel Macron, il a conscience que la France ne dispose pas de leviers suffisants pour exercer une pression sur les Russes et les Turcs dont le partenariat est cimenté par le rejet des Occidentaux. 

 

De fait, Paris ressent des frustrations quant au groupe de Minsk, qu’elle coprésidait avec les Russes et les Américains, et quant à son statut en état de mort cérébrale.  

« Néanmoins, on soulignera volontiers qu’il a le courage à nommer clairement l’agresseur et l’agressé. À défaut de faire parvenir des armes à l’armée arménienne, il a contribué à l’envoi d’une mission d’observateurs à la frontière. Important mais insuffisant ». Souligne Tigrane Yégavian

 

 

Quoiqu’il en soit, Paris ne veut pas se fâcher avec la Turquie qui nous livre des précieux renseignements dans le dossier antiterroriste et joue l’arme du chantage aux migrants.

 

Et s’agissant du Vatican, à notre grand regret, il est insensible aux alertes au génocide lancées par l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides. « Non seulement l’absence de condamnation par le pape concernant le génocide culturel en cours et le nettoyage ethnique en préparation restera une tache indélébile dans l’amitié séculaire qui lie la nation arménienne à l’Église catholique sœur, mais elle accélère le suicide de l’Occident chrétien », indique Tigrane Yégavian.

Dès lors, l’Arménie ne doit compter avant tout que sur ses propres forces, à savoir sa diaspora et le sens de l’intérêt général. « La diaspora s’était endormie pendant trente ans, bercée par les slogans rassurants des dirigeants d’Arménie et de l’Artsakh qui, à l’évidence, ont manqué de sens politique et de vision stratégique inclusive », précise Tigrane Yégavian

Enfin, à tous ceux qui s’interrogeraient sur la présence chrétienne dans l’Artsakh, on rappellera les nombreux monastères et autres églises bâtis dans cette enclave arménienne… à l’instar du :

-Monastère de Gandzasar (IVe siècle) et de l’église baptiste Saint-Hovhannes (1216-1238) Dadivank (4ème siècle) et catholique (9-11ème siècle)

- Monastère d'Amaras (IVème siècle)

-Monastère Saint Georges de Tsitsernavanq (IVe-Ve siècle) deGtchavanq (4-13ème siècle)

- Monastère de Yeghishe Arakyal (Jrvshtik) (Vème siècle), Mataghis

-  Croix Blanche de Vankasar (Ve siècle)

- Monastère Kataro de Dizapayt et Sainte-Marie (Ve siècle)

-L'alliance de Mokhrenis (7-17ème siècle)

- Saint Hakobavanq de Kolatak (9e siècle)

-  Saint Sauveur de Tsori (9ème siècle)

- Saint Stepanos de Smaksogh (9-10ème siècle)

- Monastère de la Croix Blanche du village de Hadrut Vank (10ème siècle)⛪

 

  • Saint Georges de Chankatagh (12ème siècle)
  • Khotavank (12-13ème siècle)
  • Sainte Marie de Karvachar est née dans le désert (12-13ème siècle)
  • Saint Sauveur de Paul (12-13ème siècle)
  • Shoshkavanq rue Astvatsatsatsin
  • Monastère Horeka (13ème siècle)
  • Kavakavank (14ème siècle)
  •  Évangile du désert vierge de Sainte Gayane (1616)
  • Sainte Résurrection d'Hadrut (1621)
  • Pirumachen (1641)
  • Sainte Vierge de l'Evangile (1651)
  • Saint Etienne de la Croix (1654)
  • Nouvelle église Shoshi (1655)
  • Saint Pandaléon de Berdadzor (Parin PJ) (1658)
  • Désert de Moskhmhat Ghevondyan (1658)
  • Saint Minas de Haki (1673)
  • Église Saint-Grigoris de Herher (1676)
  • Tsakuri Tsakhkavanq Sainte-Marie (1682)
  • Monastère de Yeritsman (1691)
  • Église Masrik de Kashunik (1694)
  • Saint Sauveur du Désert (Napat) (17ème siècle)
  • Saint Stépanos de Hochants (XVIIe siècle)
  •  Complexe monastique de Bovurkhan (17ème siècle)
  • Saint Hovhannès le Baptiste (1736)
  • Sainte Vierge Marie de Khnatsakh (1740)
  • Saint Etienne de Padara (18ème siècle)
  • Sainte Marie de Mushkapati (18e siècle)
  • Sainte Vierge de Dashushen (1843)
  • Saint Jean-Baptiste de Chouchi (1847)
  • Sainte Marie de Ngi (1853)
  • Saint Hovhannes Karapet de Martakert (1857)
  • Sainte Marie d'Aygestan (1860)
  • Sainte Marie sous la pierre (1862)

 

  • Le Saint Sauveur de Shushi (1868-1887)
  • Sainte Vierge d'Ashan (1896)Saint Georges d'Astghashen (1898)
  • Saint Georges de Mataghis (1898)

 

«  Les liens de la civilisation nous attachent à l’Arménie. La France saura-t-elle prendre le risque d’entraîner ses alliés à se lever pour ce pays ? » déclarait l’écrivain voyageur, Sylvain Tesson.