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Guerre Israël/Hamas

Objectifs du Qatar et de la Turquie : torpiller l’accord entre l’Arabie saoudite et Israël

Le Dialogue

L’ensemble du Moyen-Orient a été estomaqué par les images d'activistes palestiniens pro Hamas que l’on voit pénétrer à l'intérieur de l’État d’Israël, tenir des positions, prendre des citoyens en otages : des femmes, des enfants et des vieillards, autant d'images qui ne calent vraiment pas à l’idée que l’on se fait de l’Hébreu et de son invincibilité. Pour l’heure, l’opération 'déluge d'Al-Aqsa' fait largement écho à cette autre « surprise d’octobre » : la guerre du kippour de 1973. Mais la première est plus effrayante encore…

 

De fait, ces attaques contre Israël sont à bien des égards, plus choquantes psychologiquement que l’attaque surprise égyptienne et syrienne lors de Yom Kippour en 1973. À l’époque, les combats étaient conventionnels et se déroulaient aux frontières d’Israël, loin sur le Golan et dans le Sinaï. Il n’y a pas eu de syriens et égyptiens qui ont mitraillant des civils dans les rues des villes israéliennes ou traînant des femmes et des enfants ensanglantés à travers la frontière.

« L'impuissance de l'état à défendre et protéger les civils pendant plusieurs heures est inédite. À cela s'ajoute le problème des otages typiquement israélien. L'état doit tout faire pour sauver ses citoyens: c’est très profondément ancré dans la psyché israélienne. Le soldat franco israélien Gilad Shalit avait été échangé contre 1000 prisonniers palestiniens. Alors 163 otages…on change de monde, c'est du jamais vu. C'est une humiliation terrible pour Israël. L'opération militaire qui est inévitable va être rendue compliquée par ces otages qui vont être utilisés comme des boucliers vivants » Souligne l’ancien diplomate Gérard Araud.

 

Il faudra par ailleurs, faire le point, le moment venu sur les responsabilités des Services secrets Israéliens qui n’ont pas vu l’opération venir. De plus, la réaction de l’État Hébreu, tout comme l’issue de cette guerre, seront très probablement déterminantes pour l’héritage du Premier ministre Benjamin Netanyahu. A ce titre, il a présidé plusieurs cycles de conflit avec le Hamas et a toujours été réticent à renverser le groupe, à tuer ses dirigeants ou à se laisser entraîner dans un séjour prolongé à Gaza. Israël est désormais entraîné à Gaza, et cela est incontestablement dû en partie aux choix stratégiques arrêtés par Netanyahu par le passé. Pour le moment, il y a une guerre à mener. Alors qu’il est encore prématuré d’avancer toute la portée des objectifs de cette guerre ; à savoir :  renverser le Hamas et réoccuper Gaza ? Désarmer le Hamas et partir ? Bombarder et combattre pendant plusieurs semaines et accepter un nouveau cessez-le-feu ? De plus, on s’interrogera sur les efforts de Joe Biden visant à réintégrer l’accord sur le nucléaire iranien et de sa série de concessions et unilatérales au plus grand soutien du Hamas.

 

Dès lors, il y a lieu de s’interroger sur les objectifs cachés du Hamas qui devrait s’attendre fatalement à un retour de bâton impitoyable de la part de l’État Hébreu. 

De fait, cette opération 'déluge d'Al-Aqsa' trouverait son fondement à l’aune des relations en Tel Aviv et Riadh.

 

Or chacun sait que le Royaume d’Arabie Saoudite est engagé dans un rapprochement avec l'État hébreu via les États-Unis, dont certains – à Jérusalem surtout - espèrent un couronnement en 2024. Les négociations indique Georges Malbrunot dans le Figaro se résument somme toute à un parapluie de sécurité offert par Washington à Riadh, pour autant, les Palestiniens seraient les grands laissés pour compte de ces pour parlers, à l’instar du reste, des Accords d'Abraham, qui instituaient somme toute une normalisation en 2020 entre Tel Aviv et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. 

 

Cette normalisation « signifierait qu’Israël serait en paix avec toutes les monarchies du Golfe. Le message serait alors clair : les pays arabes ne s’intéressent plus à la cause palestinienne. Si les Saoudiens et les Israéliens acceptaient de se rapprocher, c'est parce qu’ils ont un ennemi commun : l’Iran.

L'Iran qui a donc un double intérêt à torpiller ce rapprochement. La répression israélienne va s'abattre et il va donc être très difficile pour l'Arabie saoudite de normaliser les relations » précise Gérard Araud

 

Chemin faisant, on relèvera volontiers, la teneur de la première réaction officielle saoudienne qui témoigne assurément d’un véritable numéro d’équilibriste orchestré par l’Arabie Saoudite. Lisez plus tôt…

 

Elle appelle à un «cessez-le-feu immédiat», tout en parlant des «forces d'occupation israéliennes», un langage qui n’es plus utilisée par la diplomatie. Riyad sait que le Hamas justifie ses attaques par la volonté du gouvernement israélien - le plus radical depuis des décennies, militant farouchement pour asseoir sa souveraineté sur la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, soit le troisième lieu de l'islam, dont le roi d'Arabie est le gardien. 

 

On l’aura compris, « entre son désir de normalisation avec Tel Aviv et son impératif de défense des lieux saints, Riyad slalome », résume Georges Malbrunot au Figaro .

 

Mais pour l’heure, on ne saurait occulter le jeu du Qatar (le principal financier du Hamas dans le Bande de Gaza) et la Turquie, via « les frères musulmans » qui ont tout intérêt à faire capoter tout à la fois, les Accords d’Abraham et le rapprochement Iran- Arabie Saoudite.