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La crise migratoire contre les États-Unis orchestrée par une gauche américaine « masochiste » ?

Illustration de studio4rt/Freepik,
Illustration de studio4rt/Freepik, montage Adobe Firefly 2

Le nombre de passages à la frontière mexicaine bat un record en décembre 2023 : 276 000 selon la Customs and Border Protection (CBP) (sources Fox News du 29 décembre 2023, article d’Adam Shaw et Griff Jenkins), alors qu’au même moment, l’administration Biden rencontre ses homologues mexicains pour traiter de la régularisation des clandestins sur le territoire américain. Que cela signifie-t-il ? : « Depuis la nouvelle année fiscale, le 1er octobre 2023, 760 000 migrants illégaux ont été enregistrés à la frontière sud durant le dernier trimestre, avec 82 000 évasions. En décembre 2024, les autorités américaines ont pu enregistrer en moyenne 9 400 passages sur 24 heures, dont plus de 8 000 se sont soldés par une remise en liberté assortie d’un avis de comparution ». Des chiffres qui donnent le tournis. D’autant plus que les patrouilles frontalières américaines sont débordées par cet afflux continu de migrants. 

Les républicains imputent cette augmentation sans précédent aux politiques laxistes de l’administration Biden, tandis que les démocrates déclarent faire face à un « défi inédit à l’échelle de l’hémisphère », et que la solution réside dans l’octroi de plus de fonds assortis à une réforme en profondeur de l’immigration de la part du Congrès américain. 

 

« Thank you, Jose Biden ! »

Jesse Waters, animateur de Fox News, assène dans son émission Jesse Waters Primetime  : « la classe dirigeante ne voit que des dollars dans la crise migratoire » (Fox New Staff, 6 février 2024).

« Biden va faire campagne sur le thème -Trump n’a pas sécurisé ma frontière. Les américains n’y prêtent peut- être pas attention, mais chaque migrant qui traverse dit une chose : Merci Jose Biden ! »

Une coalition de maires libéraux a renouvelé son appel au gouvernement fédéral pour qu’il déclare l’état d’urgence fédéral face à la crise migratoire qui s’étend à leurs villes : le maire de New-York, M. Eric Adams, le maire de Chicago, M. Brandon Johnson et le maire de Denver, M. Mike Johnston, ont tenu le 28 décembre dernier une conférence de presse virtuelle comme le relate Adam Shaw pour Fox News (Liberal mayors push Biden for emergency declaration, additional funding to deal with migrant crisis)

« Alors que les températures chutent à New York, Chicago, Denver et dans d’autres villes touchées, nous demandons au gouvernement fédéral de déclarer l’état d’urgence, de fournir une aide financière et d’élaborer une stratégie nationale de réinstallation » a déclaré M. Adams.

« Nos villes ont atteint la limite de nos capacités d’accueil sans une intervention significative du gouvernement fédéral. Cette mission ne sera pas en état d’être maintenue. » a déclaré M. Johnson.

Le maire de New York a critiqué à plusieurs reprises la méthode de l’administration Biden (source : Jeff Bachner- New York Daily News/Tribune News Service via Getty Images). Tous insistent pour une accélération de la délivrance des autorisations de travail, à l’instar du maire de Denver « Nous envisageons des coûts potentiels de 160 millions de dollars qui pèseront sur le budget de la ville. Un impact énorme pour nos finances ».

Les fonctionnaires du Département de la Sécurité d’État (Department of Homeland Security) ont déclaré aux législateurs qu’ils libéraient 5 000 immigrants illégaux pas jour aux Etats-Unis, sans compter ceux qui sont libérés sur parole aux « check points ». 

Actuellement, la Maison Blanche demande 14 milliards de dollars supplémentaires pour la sécurisation des frontières dans le cadre du déploiement d’un plan d’urgence. Or les Républicains s’y opposent, exigeant des restrictions plus fortes sur le droit d’asile et sur « les abus en matière de libération conditionnelle des migrants illégaux ». Fin décembre dernier, le secrétaire d’état, M. Antony Blinken et le secrétaire d’état délégué à la sécurité intérieure, M. Alejandro Mayorkas ont rencontré le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador. Dans la déclaration commune, les deux pays ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une migration ordonnée, humaine et régulière » et souhaitent s’attaquer aux réseaux de trafic d’êtres humains et « promouvoir des programmes de développement ambitieux dans la région ». 

Le communiqué de la Maison Blanche semble plus insister sur les avantages de l’octroi d’un statut légal aux immigrés clandestins qui se trouvent déjà sur le territoire américain, y compris pour les mineurs qui sont protégés par le programme « Deferred Action for Childhood Arrival », qui date de 2012. Il semblerait également (source :  Fox News Border numbers for December break monthly record, by A. Shaw, G. Jenkins, B. Melugin’s report) qu’une prolongation des échanges en janvier 2024 a permis d’aborder la régularisation de la situation des migrants hispaniques, qui sont sans papiers depuis plusieurs années ainsi que celle des bénéficiaires du DACA. Les Républicains ont averti que de telles mesures ne feraient qu’exacerber cette crise intérieure que connaissent les Etats-Unis. 

« Alors que l’Amérique connaît la pire crise frontalière de son histoire, il est inadmissible d’entendre l’administration Biden annoncer que les secrétaires d’état Mayorkas et Blinken, ont discuté avec le président du Mexique de l’amnistie des immigrants illégaux. Les Etats-Unis doivent se concentrer sur des politiques dissuasives et non des politiques qui attirent des clandestins et les passeurs qui profitent de cette catastrophe à notre frontière » a déclaré Mike Johnson, président de la chambre des représentants.

 

« Il faut sauver le gouverneur Abbott »

Le gouverneur du Texas, M. Greg Abbott et plus d’une douzaine de gouverneurs républicains se sont réunis à la frontière d’Eagle Pass au Texas pour discuter de l’application des lois sur l’immigration. A Washington, les sénateurs se sont empressés de présenter ce dimanche 4 février un projet de loi combinant le contrôle des frontière et l’aide accordée à l’Ukraine. 

Depuis un mois, l’Etat du Texas limite l’accès de la patrouille frontalière américaine à une zone située le long de la rivière, connue sous le nom de Shelby Park, accusant l’administration Biden, d’être trop laxiste à l’égard des migrants qui s’engagent dans la traversée. « Nous sommes ici pour envoyer un message fort et clair, à savoir que nous nous unissons pour lutter afin de garantir le maintien de notre garantie constitutionnelle selon laquelle les Etats-Unis sont en mesure de se défendre contre tout type de danger imminent » a déclaré le gouverneur Abbott (source : associated press, on Fox News, 5 février 2024 : Republican governors converge in Texas in support of Gov. Abbott4s border security measures)

Le convoi « Take Back Our Border » a parcouru les Etats-Unis pour attirer l’attention des américains sur la réalité de la crise frontalière. M. Pete Chambers, leader du mouvement et le candidat au Sénat, M. Ben Luna ont décrit les conséquences désastreuses de cette politique d’ouverture des frontières, notamment ses conséquences sur la pénétration de drogues comme le Fentanyl sur le territoire. 

M. Chambers a déclaré à l’animateur de Fox News Todd Piro (Fox & Friends first) que l’administration Biden suivait un objectif très clair dans sa politique frontalière : « déstabiliser le pays » et « submerger le système » (source Elisabeth Heckman, Take back our border, 2 février 2024).

 

La crise migratoire : un handicap politique pour le Président Joe Biden en cette année électorale

La semaine dernière, le gouverneur de Floride, M. Ron DeSantis s’est engagé à envoyer des troupes de la Garde nationale au Texas et d’autres gouverneurs envisagent également de nouveaux déploiements. 

Bien que DeSantis n’ait pas été présent ce fameux dimanche, le gouverneur Abbott a été rejoint par la gouverneure Sarah Huckabee Sanders de l’Arkansas et le gouverneur Bill Lee du Tennessee, parmi d’autres républicains.

Ces dernières semaines, le nombre de migrants enregistré à la frontière américaine, est en baisse. Tucson, en Arizona, un des neuf secteurs les plus actifs de la Border Patrol à la frontière mexicaine a procédé à 13 800 arrestations au cours de la dernière semaine. « Un chiffre en baisse de 29% par rapport au pic de 19 400 atteint au cours de la semaine qui s’est achevée le 22 décembre », selon John Molin, le chef du secteur (sources : Fox News 5 février 2024). Doit-on y voir une conséquence de la déclaration du président des Etats-Unis qui a exprimé, lors d’un appel avec le Président de l’Union Européenne « sa reconnaissance au Mexique pour son soutien opérationnel et pour les mesures concrètes qu’il a prises pour décourager la migration irrégulière » ? 

M. Joe Biden s’aligne sur les positions de son rival M. Donald Trump. Il semble, à présent faire pression sur le Congrès américain pour qu’il impose des restrictions en matière d’asile. L’immigration reste l’une des préoccupations majeures des américains en cette année électorale de 2024. Lors d’une conférence de presse tenue le 6 février dernier, le Président Biden a affirmé que Donald Trump « sabotait intentionnellement le projet de loi immigration en coulisses » et était un obstacle à « toute négociation avec un groupe bipartisan de sénateurs » : « Aujourd’hui tout indique que ce projet de loi ne sera même pas soumis au Sénat. Pourquoi ? Pour une raison simple : Donald Trump … Parce que Donald Trump pense que c’est mauvais politiquement pour lui ». 

Les démocrates ont accusé les républicains d’un chantage à l’accord sur la politique frontalière en échange de leur soutien en faveur de l’aide financière à l’Ukraine.  Les républicains eux, ne cachent pas leur opposition à un accord bipartisan, à l’instar de M. Johnson, lors d’une conférence de presse hebdomadaire des chefs de file du parti républicain à la Chambre des représentants « un projet de loi mort à l’arrivée, sous assistance respiratoire au Sénat ».

N’oublions pas que le flux croissant de migrants entrant illégalement aux Etats-Unis pourrait avoir un impact significatif sur la représentation des Etats à la Chambre des représentants et au Collège électoral, et cela en raison, du décret que le Président Biden a signé en janvier 2021, peu après son entrée en fonction. Le Bureau du recensement américain doit dès lors prendre en compte tous les résidents, y compris les « non- citoyens » dans son calcul décennal de la population aux Etats-Unis. 

En conséquence, la répartition des sièges à la Chambre des représentants, et par conséquent, les voix électorales aux présidentielles, pourraient être structurellement modifiées si le flux de migrants continuait à la frontière sud des Etats-Unis.  « L’immigration clandestine a de nombreux effets, dont celui de fausser les mécanismes de la démocratie. Il y a beaucoup de votes serrés au Congrès, plus qu’auparavant (…) Est-il sain que notre processus démocratique soit déformé de la sorte ? La réponse est non » a déclaré M. Mark Krikorian, Directeur exécutif du Center for Immigration Studies (source : Thomas Catenacci, Fox News 15 fevrier Illegal immigration could have major impact on House seats, electoral college)