Badr Abdel Aty, une conversation amicale Autour de la fin de la guerre à Gaza et des élections de l’UNESCO
Abdelrahim Ali, président-directeur du CEMO (à gauche) avec Badr Abdel Aty, ministre égyptien des Affaires étrangères
Dans les salons de l’ambassade d’Égypte à Paris — ancien palais majestueux du noble français Larousse Vicot, vendu en 1922 à son ami le roi Ahmed Fouad — j’ai retrouvé le Dr Badr Abdel Aty, ministre égyptien des Affaires étrangères. Une rencontre empreinte de chaleur après une longue absence : nous ne nous étions croisés qu’une seule fois, sans doute en 2018, lorsqu’il représentait l’Égypte à Berlin. Depuis, une amitié fidèle nous liait, entretenue à distance depuis plus de dix ans.
C’est dans le bureau de l’ambassadeur Alaa Youssef que s’est tenue notre conversation, bien plus informelle qu’une interview classique. L’agenda du ministre était particulièrement dense : sa visite à Paris visait avant tout à soutenir le candidat égyptien au poste de directeur général de l’UNESCO, le Dr Khaled El-Anany.
Mais l’actualité imposait ses priorités : la guerre à Gaza, le rôle du Caire dans les négociations, et les perspectives d’un cessez-le-feu durable.
La phase de relèvement
Dès les premières minutes, le Dr Abdel Aty a tenu à rappeler que la priorité absolue de l’Égypte était l’arrêt immédiat de la guerre, la préservation du peuple palestinien sur sa terre et le rejet de toute tentative de déplacement ou d’annexion.
« C’est pourquoi nous avons accueilli favorablement l’initiative du président Trump », a-t-il expliqué, « car elle mettait ces trois principes au premier plan. Nous discuterons plus tard de la mise en œuvre des autres points, mais l’urgence aujourd’hui est de stopper la guerre et d’entamer la phase de relèvement. »
Cette phase, précisa-t-il, consiste à fournir des logements temporaires aux Gazaouis dont les habitations ont été détruites, à rétablir l’éducation — en mobilisant les installations de l’UNRWA, en érigeant des structures provisoires en bois ou via l’enseignement à distance — et à assurer l’entrée massive d’aides alimentaires pour conjurer la famine et restaurer un minimum d’espoir.
« La tragédie de Gaza doit prendre fin, d’une manière ou d’une autre », poursuivit-il, soulignant que le Hamas et les factions palestiniennes avaient compris la nécessité de ce tournant, en annonçant leur accord préliminaire au plan proposé par Washington.
La mise en œuvre de la première phase — cessez-le-feu, libération des otages et retrait partiel de l’armée israélienne — ouvrirait la voie à une administration technocratique palestinienne chargée de gérer la bande de Gaza, sous la supervision directe du président Trump et d’une équipe internationale de reconstruction.
La phase de sécurité
Sur le plan sécuritaire, le ministre a révélé que 18 000 membres des forces de l’Autorité palestinienne se trouvaient déjà à Gaza, dont environ 5 000, âgés de moins de 40 ans, pourraient être mobilisés pour maintenir l’ordre et prévenir toute dérive.
Quant aux garanties vis-à-vis d’Israël, il a affirmé que « le président Trump sera le principal garant de l’application des engagements israéliens », notamment le retrait complet et l’échange simultané de prisonniers. Ce volet, a-t-il précisé, fera l’objet de discussions urgentes au Caire entre délégations israélienne et palestinienne.
Il a également salué « la sagesse du Hamas », qui a accepté le principe du cessez-le-feu sans poser de conditions, afin de sauver la population gazaouie de la famine et du déplacement forcé.
« Viendra ensuite le temps des négociations détaillées », a-t-il ajouté, « qui devront aboutir, à terme, à une paix globale et à la création d’un État palestinien fondé sur la solution à deux États. »
L’UNESCO
Abordant le second volet de sa visite à Paris, le Dr Abdel Aty a rappelé que l’Égypte avait plusieurs fois présenté des candidatures à la direction de l’UNESCO, sans aboutir.
« Il est temps qu’une personnalité arabe et africaine prenne la tête de cette organisation internationale », a-t-il affirmé, « ce qui aurait un impact positif sur son efficacité et sa représentativité. »
Selon lui, l’Égypte possède des atouts uniques : elle incarne à la fois le monde arabe et l’Afrique, tout en portant une civilisation plurielle — pharaonique, copte, islamique et moderne — qui fait d’elle un pont culturel universel.
Quant au candidat, le Dr Khaled El-Anany, égyptologue de renom, il représente selon le ministre « la compétence et l’ouverture culturelle que l’UNESCO requiert ».
Pour la première fois, la Ligue arabe a soutenu à l’unanimité un candidat égyptien, en plus du soutien officiel de la France, pays hôte de l’organisation.
« Nous espérons annoncer lundi prochain au peuple égyptien une bonne nouvelle : la victoire, si Dieu le veut, à ce poste international prestigieux », a conclu le ministre dans un sourire.