Le Dialogue

À Gaza, de Yasser Abou Shabab, figure controversée accusée de collaboration avec Israël

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Des sources locales dans la bande de Gaza ont révélé de nouveaux éléments concernant la mort de Yasser Abou Shabab, Palestinien originaire de Rafah et accusé depuis plusieurs années de collaboration avec les services de sécurité israéliens. Considéré par Israël comme un relais sécuritaire potentiel dans le sud de l’enclave, il était parallèlement perçu par le Hamas comme une menace pour son contrôle local.

Issu de la tribu bédouine des Tarabines, l’une des plus influentes du sud de Gaza, Abou Shabab évoluait dans la zone dite de la « ligne jaune », secteur historiquement marqué par une forte présence israélienne. Il figurait parmi les individus les plus recherchés par le Hamas.

Une altercation qui tourne au drame

Selon des sources tribales, l’homme a trouvé la mort lors d’une altercation violente avec l’un de ses collaborateurs, Mahmoud Abou Sanima, connu dans la région pour son implication dans des activités criminelles. Ce dernier serait venu protester contre la détention d’un membre de sa famille, arrêtée par Abou Shabab. La querelle a rapidement tourné à l’affrontement physique avant que Mahmoud — surnommé « Abou Safi » — ne sorte une arme à feu et n’ouvre le feu, blessant mortellement Abou Shabab.

Transporté en urgence vers l’hôpital Soroka, à Beersheva, l’homme n’a pu être sauvé. Plusieurs membres de son entourage ont également été blessés, dont l’un de ses principaux lieutenants, désormais hospitalisé à Ashkelon.

La milice de Yasser Abou Shabab confirme son décès

Dans un communiqué diffusé sur des canaux locaux, la milice affiliée à Yasser Abou Shabab a annoncé officiellement sa mort, affirmant qu’il avait été tué en tentant de mettre fin à une dispute interne au sein de la famille Abou Sanima et non par des tirs du Hamas, comme l’avaient suggéré certaines rumeurs initiales.

Le groupe armé a indiqué avoir « perdu son commandant alors qu’il intervenait pour rétablir l’ordre », dénonçant la diffusion d’informations qu’il qualifie de « politiquement motivées ».

Rumeurs de succession à la tête de la milice

Dans le sillage de sa mort, plusieurs sources locales affirment qu’un certain Ghassan al-Dahini aurait été désigné pour prendre la tête de la milice à Rafah, succédant ainsi à Abou Shabab. Aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue à ce stade, mais la nomination, si elle se confirmait, refléterait la volonté du groupe de maintenir son influence malgré la perte de son chef.

Un contexte qui nourrit toutes les hypothèses

Certaines analyses arabes et israéliennes continuent toutefois d’évoquer la piste d’une possible élimination orchestrée par le Hamas. Le commentateur israélien Amit Segal a estimé qu’une telle hypothèse, si elle était avérée, constituerait un « revers stratégique pour Israël », qui considérait Abou Shabab comme un contrepoids potentiel au mouvement islamiste.

La chaîne israélienne Channel 14 a, de son côté, qualifié l’incident d’« assassinat spectaculaire », tout en relayant les évaluations des services israéliens privilégient pour le moment la thèse du « conflit familial ».

Une mort aux implications multiples

Figure aux contours troubles, mêlant réseaux tribaux, intérêts criminels et interactions régulières avec la sphère israélienne, Yasser Abou Shabab laisse un vide dans un paysage sécuritaire déjà fracturé.

Sa mort pourrait contribuer à reconfigurer certains équilibres dans le sud de Gaza, où l’emprise des forces armées locales, des clans familiaux et des acteurs extérieurs demeure en constante recomposition.