Le Dialogue

Les hauts responsables de l’UE et les questions de la morale et de la responsabilité

Le Dialogue

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce un discours lors d'une session plénière au Parlement européen le 15 mars 2023 à Strasbourg, dans l'est de la France. (Photo de Frédérick FLORIN / AFP)

La crise de l'Union européenne traîne depuis longtemps et se manifeste aujourd'hui sous une forme aggravée. Ceux qui la dirigent sont manifestement les marionnettes de forces opérant depuis les coulisses. On ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que les postes les plus responsables sont occupés par des personnes qui ont certaines hypothèques. Celles-ci occasionnent que ces individus ne sont pas tout à fait libres. Ils n'agissent donc pas d'une manière qu'ils souhaiteraient eux-mêmes, et surtout d'une manière qui soit conforme à l'intérêt général qu'ils devraient représenter dans leur fonction. 

Si l’on considère la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans cette perspective, on peut constater les faits suivants : 

-En 2015, des chercheurs (les « chasseurs de plagiat ») ont examiné sa thèse de doctorat de 1991 et ont constaté que 43,5 % de celle-ci avait été copiée d'ailleurs, et que dans 23 cas, des citations avaient même été utilisées qui ne soutenaient pas les affirmations auxquelles elles faisaient référence. Ce travail a donc été qualifié de plagiat sans équivoque. Il a en outre été noté que le copiage faisait partie intégrante de l'ensemble du travail. C'est pourquoi les accusations portées contre celle qui était alors ministre de la Défense de la RDA étaient les plus graves de toutes, selon les experts, notamment ceux qui avaient étudié son dossier. Le professeur de droit berlinois Gerhard Dannemann a déclaré au Süddeutsche Zeitung que les lacunes étaient beaucoup plus graves que dans le cas de l'ancienne ministre fédérale de l'Éducation Annette Schavan, qui a démissionné pour cette raison. Gerhard Dannemann appartient (appartenait) à l'équipe de la plateforme Internet Vroniplag Wiki, dont la tâche est de détecter les thèses fausses dans le milieu universitaire. Mais ce n'est pas tout : Gerhard Dannemann a découvert tant d'erreurs de fond qu'il n'a pu conclure autrement que le laisser-aller faisait partie intégrante de la « méthode » de Von der Leyen. Il l'a directement accusée de plagiat et de « bâclage » au cœur de sa tâche. Un autre expert en détection du plagiat, Volker Rieble, a également confirmé les conclusions précédentes. Il convient de rappeler que plusieurs hommes politiques de la RFA ont dû démissionner pour cause de falsification, l'exemple le plus célèbre étant Karl Georg zu Guttenberg, qui a également donné naissance au programme anti-plagiat mentionné ci-dessus. Mais l'histoire a connu une fin heureuse pour la faussaire. Un an plus tard (2016), la faculté de médecine de Hanovre, par l'intermédiaire de ses exposants, a rassemblé ses esprits et démêlé le problème en statuant : la thèse est peut-être plagiée, mais ce n'était pas l'intention de l'auteur (sic !). Les critiques se sont interrogés sur le caractère réellement "salomonique" de cette solution. En premier lieu, l’ « indépendance » du comité lui-même a été fortement remise en question, puisque Von der Leyen était une amie personnelle du président du même collège qui avait évalué sa thèse. La profession était ici unanime, à savoir que le jugement de l'affaire n'était pas transparent et la décision non conforme aux normes académiques qui s'appliquent dans ce domaine. 

La belle princesse a été sauvée - par le parti (et la simonie, lire, alliances amicales) et - par une politique qui l'a rendue indispensable, d'abord au niveau allemand, puis au niveau européen. 

 

Conflits d’intérêts ? Le scandale des sms de Van del Leyen et des négociations sur les vaccins anti-covid 

Ce ne fut pas le seul échec. Peu après sa prise de fonction en tant que présidente de la CE, le journal Politico a rapporté que, en tant que ministre allemande de la défense, elle aurait alloué des sommes d'argent incontrôlables à des contractants externes qui produisaient tel ou tel type d'expertise. Et qui étaient censés lui rendre la pareille. 

Apparemment, la présidente de la Commission Européenne est destinée à avoir des ennuis. Récemment, elle s'est à nouveau retrouvée sous le feu des projecteurs. Le 25 janvier 2023, le New York Times a intenté une action en justice contre elle dans le cadre d'une enquête sur son implication personnelle dans l'achat de vaccins dans l'UE. Pourquoi ? Alors que le monde entier achetait en masse des vaccins Covid en pleine pandémie, la présidente de la Commission européenne aurait négocié par SMS un accord d'un milliard de dollars avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla. Elle dit elle-même qu'elle ne peut pas les rendre publics car elle les a perdus. 

Au début de l'épidémie, le Parlement européen a invité les PDG des entreprises qui avaient le potentiel de produire le vaccin à sa séance plénière. Tous, d'Astra Zeneca à Moderna, étaient présents, à l'exception de Pfeizer. En mars 2021, Pfeizer a signé son troisième contrat avec la Commission européenne, cette fois pour acheter un nombre colossal de doses de vaccin - 1,8 milliard, alors que la population de l'UE dépasse à peine 450 millions d'habitants. 

Il s'agissait du plus gros contrat jamais signé par l'Union européenne. Il s'élevait à près de 40 milliards d'euros. Albert Bourla, le PDG de Pfeizer, a ensuite été invité au Parlement européen pour expliquer les détails de ce contrat colossal. Il a tergiversé un moment, puis a rétorqué : « Je n'ai rien à dire aux députés européens. » Ceux-ci ont alors convoqué Von der Leyen elle-même pour l'interroger. En fait, les députés de la commission spéciale du Parlement sur le COVID-19 ont proposé de l'inviter afin de répondre à des questions sur le contrat, signé au plus fort de la pandémie. C'est au cours de la préparation de ce contrat qu'elle et le directeur général de Pfizer, Albert  Bourla, auraient échangé les SMS désormais notoires.

Mais l'impossible s'est produit. Le 16 février 2023, les hauts représentants du Parlement européen ont fermé la porte à un contre-interrogatoire public de la présidente de la Commission sur son rôle personnel dans les négociations avec Pfizer sur un contrat de vaccins de plusieurs milliards d'euros. Au lieu de cela, ils ont décidé de demander à Mme von der Leyen de répondre aux questions en privé, lui conférant ainsi une immunité pratiquement totale. Personne - apparemment - ne saura jamais (à l'exception de quelques initiés) en quoi consistait réellement ce gigantesque accord.

 

De l’épouse qui ignore les élus au mari actionnaire d’une société américaine qui a touché des fonds européens …

La question du conflit d'intérêts concernant le mari de Von der Leyen reste également inexpliquée. En octobre 2020, les médias ont révélé que Heiko von der Leyen, le mari d'Ursula, médecin et directeur scientifique d'Orgenesis, une société américaine de biotechnologie, siégeait au conseil de surveillance d'un consortium de centres de recherche publics et de sociétés privées. Les quatre filiales d'Orgenesis auraient reçu des millions d'euros de fonds publics européens et nationaux. Apparemment, parallèlement à l’ « affaire Ursula », se développe également l’ « affaire Heiko » dont les deux noms ressemblent au patronyme Von der Leyen. Cela ne s'est jamais produit auparavant dans l'UE. 

Mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg. L'auteur de cet article a obtenu les informations ci-présentes d'un membre du Parlement européen qui voulait rester anonyme. Donc, ce qu’on sait, c'est que Mme Von der Leyen a cessé de participer aux réunions dites de groupe (« group meetings »), c'est-à-dire aux réunions avec les députés du Parti populaire européen (PPE), dont elle est issue en tant que présidente. Ce groupe coordonne régulièrement la manière de voter avant les sessions plénières. Chaque commissaire vient à une réunion d'un tel groupe et explique en quoi consiste le projet spécifique qui doit être voté. Si le groupe a un président de la Commission (et c'est le cas du PPE), celui-ci est obligé de venir. Cela a toujours été le cas, même sous Jean-Claude Juncker. Les meetings avec lui ne sont toujours pas arrivés jusqu'au bout, mais c'est une autre histoire. 

Il n'y a qu'une seule exception, Ursula von der Leyen. Elle avance l'excuse qu'elle n'a pas le temps. Croyez-le si vous voulez. Les députés européens ont vu le troisième contrat Pfeizer, mais pas dans son intégralité. Tous les points essentiels, notamment les clauses importantes, ont été noircis, afin que personne ne puisse avoir la moindre idée de ce dont il s'agit. 

 

Des contrat de vaccins au financement des lobbies et idées LGBTQ par les impôts des Européens !

Mais ce n'est pas tout. L'Europe est essentiellement dirigée par des fonctionnaires de deuxième ou troisième classe, fortement soupçonnés d'être influencés par les lobbies qui les ont nommés à leur poste. Ils promeuvent donc aussi des idées ayant peu de contact avec le bon sens. Un exemple notoire est la circulaire du commissaire Dalli (novembre 2021). Il s'agissait du Guide 2021, qui était un rapport de 30 pages sur la manière d'utiliser un langage plus neutre et plus favorable aux LGBTQ+. 

En fait, le document était dirigé contre la population majoritaire du continent européen. La bureaucratie bruxelloise s'est directement attaquée au citoyen européen concret. Tout ce qu'il possède a été ciblé : sa façon de vivre, sa façon de communiquer ; ses habitudes et sa façon de penser, y compris son genre. Pour commencer, le commissaire Dalli a demandé que les termes « M. et Mme » soient abandonnés, affirmant qu'ils étaient inappropriés pour notre époque. Il faudrait trouver un nom plus approprié, tel que « collègue », a-t-elle conseillé. Le parallèle avec un système totalitaire est palpable. Après la révolution d'Octobre, la même chose s’est produite en Russie. L'expression « Monsieur et Madame » a été remplacée par « camarade », ce qui revient au même que « collègue ». La même chose s'est produite dans les pays où l'Union soviétique a affirmé son influence après 1945. De l'autre côté du rideau de fer, les « dames » et les « messieurs » ont disparu (souvent physiquement, ils ont été assassinés) : ils ont été remplacés par le terme « camarade ».

Mais la propension à « interdire » et « remplacer », avec laquelle les hauts mandarins agissent ne s'est pas arrêtée là. La Commission européenne a également proposé dans cette circulaire de rayer le christianisme : « évitons de supposer que tous sont chrétiens », prévient le document, « tous ne célèbrent pas les fêtes chrétiennes et tous les chrétiens ne les célèbrent pas aux mêmes dates », ajoute-t-il. Les résidents sont invités à éviter les phrases telles que « La période de Noël peut être stressante. » Ils doivent plutôt se fier à des formulations telles que « La période des fêtes peut être stressante. » Les noms chrétiens doivent être remplacés par des noms qui n'évoquent pas une identité religieuse. L'utilisation des noms « Malika et Julio » au lieu de « Marie et Jean » est conseillée. Le document a ensuite été oublié après la vive controverse qu'il a suscitée. Mais un nouveau document est en cours de préparation.

 

En conclusion, tout n'est pas noir, du moins pas encore. Beaucoup résistent à la décadence. Le plus exposé est précisément le chef des députés européens et président du même parti (PPE), Manfred Weber. Il est en train de devenir un pilier de la résistance, car il est la première voix de la raison qui s'élève contre la rhétorique de plus en plus déviante du Parlement et de la Commission. Sous sa direction, le PPE s'est littéralement réveillé. Weber a commencé à remettre en question l'admission automatique des migrants et, en outre, il a relancé l'initiative d'ériger une clôture à la frontière extérieure de l'UE. Mais le front le plus important qu'il a ouvert concerne le rôle des organisations non gouvernementales dans la roue de l'UE et, surtout, dans les décisions prises par le Parlement européen et la Commission européenne. Les ONG sont en train de devenir un pays dans un pays, l'Europe dans l'Europe. Le plus problématique est qu'elles ont aussi des lobbyistes derrière elles : la transition verte, comme elles l'appellent, est un business terriblement lucratif. Mais c'est précisément le lobbying à travers les ONG qui, de facto et de iure, remet en cause le mécanisme de l'Union européenne : les centres de décision se sont tellement éloignés des institutions formellement créées pour remplir ce genre de fonctions (Parlement, Commission) que, pour la première fois dans l'histoire, la question se pose de savoir quelle part de démocratie il reste en Europe.