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Monde

L’armée israélienne accusée d’encourager les colons à s’emparer des terres agricoles et des sites archéologiques en Cisjordanie

Le Dialogue

Le ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares a averti que « la violence des colons israéliens en Cisjordanie est désormais hors de contrôle ». Une déclaration qui intervient alors que les terres agricoles palestiniennes et plusieurs sites archéologiques de Cisjordanie subissent, depuis des mois, une intensification des attaques menées par des colons israéliens, souvent en présence de l'armée, pourtant chargée par la loi d’empêcher ces agressions. 

Sur le terrain, de nombreuses scènes montrent au contraire des soldats se contentant d’observer sans intervenir, voire de séparer les protagonistes sans engager de poursuites contre les agresseurs. Dans certains cas, les militaires apparaissent en interaction amicale avec les colons, tandis que les agriculteurs palestiniens ne reçoivent aucune protection réelle — une situation que les ONG locales qualifient de « complicité de fait ».

Explosion des violences durant la saison des récoltes

Selon plusieurs rapports publiés vendredi, des colons ont mené de nouvelles attaques dans la région de Masafer Yatta, au sud d’Hébron.
Cette flambée de violences s’inscrit dans un contexte plus large dénoncé par plusieurs capitales européennes, dont Madrid. Le chef de la diplomatie espagnole a souligné, ces derniers jours, « l’incapacité manifeste des autorités israéliennes à contenir la violence de leurs colons », appelant à une réponse internationale pour « protéger les civils palestiniens ».

Chaque année, la saison de la cueillette des olives voit une recrudescence des agressions. Dans les zones dites « B », les colons procèdent à des passages à tabac, des menaces armées, des expulsions forcées, des incendies volontaires de cultures et, dans certains cas, à l’usage de balles réelles.

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 364 incidents de violence ont été documentés depuis le début de la saison, auxquels s’ajoutent de nombreux cas non enregistrés officiellement. Ces agressions incluent des menaces à l’arme à feu et l’expulsion d’agriculteurs palestiniens de leurs propres terres.

Collusion de fait entre colons et armée

Les rapports de l’OCHA décrivent également l’utilisation de véhicules 4x4 par des groupes de colons armés, circulant librement en présence de soldats israéliens. Dans plusieurs localités — notamment  Turmus Ayya et  Sinjil au nord-est de Ramallah — les colons ont attaqué des propriétaires agricoles, tandis que l’armée déclarait ensuite ces terres « zones militaires fermées », en expulsant leurs propriétaires palestiniens.

Ces terres saisies ont rapidement été converties en avant-postes illégaux, dont le nombre a explosé depuis l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Israël. On en compterait désormais 350, dont 140 créés sous le gouvernement actuel.

Selon l’OCHA, près de 2 500 colons armés ont été mobilisés — parfois encouragés par l’armée — pour mener des attaques destinées à chasser les agriculteurs palestiniens.
Ces violences ont causé la mort de deux Palestiniens, blessé une militante israélienne à Qarawa, et fait de nombreux blessés parmi les personnes âgées battues à coups de bâton. Les pertes économiques pour les familles dépendant de la récolte des olives sont jugées « catastrophiques ».

La bataille des sites archéologiques

Les expropriations ne se limitent plus aux terres agricoles. Selon une enquête de Haaretz, l’armée a lancé une campagne numérique intitulée « Pour la Judée », encourageant soldats et colons à revendiquer des sites archéologiques situés dans les zones palestiniennes.

Le programme, actif sur WhatsApp, Telegram, Instagram et YouTube, diffuse des vidéos promotionnelles, des visuels et un guide retraçant lieux de mémoire et récits religieux. Plusieurs contenus contiennent des affirmations historiques dépourvues de fondement scientifique et servent une stratégie visant à étendre le contrôle israélien par l’archéologie et le récit identitaire.

Saisie de vestiges à Ramallah

Vendredi, les forces israéliennes ont également investi la localité de  al-Muzar’a al-Sharqiya au nord-est de Ramallah, saisissant plusieurs colonnes antiques, chargées sur des camions militaires et transférées vers une destination inconnue.

Selon les habitants, ces pièces rares, vieilles de plusieurs millénaires, constituent un élément majeur du patrimoine régional. Pour les institutions palestiniennes, cette saisie s’inscrit dans une politique systématique de dépouillement du patrimoine culturel et de réécriture du récit historique.

Elles appellent les organisations internationales spécialisées à intervenir d’urgence pour stopper la confiscation continue de biens culturels et historiques.