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Monde

Le ministre israélien des finances Bezalel Smotrich valide un vaste plan de colonisation visant à absorber des terres palestiniennes en Cisjordanie

Le Dialogue

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, figure centrale de l’aile la plus dure du gouvernement Netanyahu, poursuit son offensive contre toute perspective de règlement politique du conflit israélo-palestinien. 

Il vient d’approuver un plan de colonisation d’une ampleur inédite destiné à s’emparer de larges portions de terres palestiniennes en Cisjordanie afin d’y ériger de nouvelles implantations juives.

Selon les détails rendus publics, le ministère des finances prévoit de consacrer 2,7 milliards de shekels (environ 650 millions d’euros) à la création de 17 nouvelles colonies dans les cinq ans à venir. Une enveloppe qui s’inscrit dans une stratégie plus vaste visant à transformer durablement la géographie politique et démographique de la Cisjordanie occupée.

Un transfert systématique du registre foncier pour ancrer l’annexion

Jusqu’à présent, les propriétés foncières de Cisjordanie étaient enregistrées auprès de l’administration civile israélienne, sur la base des anciens registres jordaniens. Désormais, après une vaste opération de cartographie, Israël prépare le transfert de l’ensemble de ces dossiers vers une unité du cadastre spécifiquement créée pour la Cisjordanie.
Ce mouvement est interprété par les observateurs comme une tentative d’intégrer de facto la Cisjordanie au système foncier israélien, en amont de toute décision politique officielle.

Créer un “fait accompli” rendant irréversibles les colonies

Le projet s’inscrit dans une logique assumée : empêcher toute future négociation internationale de mener à une restitution des terres. En modifiant les équilibres géographiques, légaux et administratifs, le gouvernement cherche à imposer un état de fait irréversible qui compromettrait durablement la viabilité d’un État palestinien.

Dans cette optique, Israël s’emploie également à réinstaller des bases militaires dans le nord de la Cisjordanie, notamment sur le site de Shanor, évacué lors du désengagement de 2005. Les mouvements de colons militent pour un retour rapide dans l’implantation avant les prochaines élections, soutenus par une décision gouvernementale qui prévoit une présence israélienne permanente dans la zone.

L’objectif affiché est la mise sous main israélienne de quelque 60 000 dunums (soit 60 km²) d’ici 2030.

Des budgets colossaux pour redessiner la carte de la Cisjordanie

Selon le quotidien Yediot Aharonot, les fonds débloqués transformeront profondément le paysage de la Cisjordanie occupée :
construction de routes d’accès, réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement, infrastructures publiques, ainsi que le déplacement de sites militaires pour accompagner l’expansion coloniale.

Ces investissements, écrit le journal, « créent une réalité que ni les futurs gouvernements ni la communauté internationale ne pourront aisément inverser ».

Les principaux postes budgétaires prévus comprennent :

660 millions de shekels pour les 17 colonies nouvellement approuvées, dont Maalot Halhoul, Shanor et le mont Ebal.

338 millions de shekels pour 36 implantations et avant-postes en cours de régularisation, incluant la construction de réseaux essentiels et d’équipements publics.

Mise en place de “zones d’accueil” comprenant une vingtaine de caravanes destinées aux nouvelles familles de colons.

300 millions de shekels pour soutenir et structurer les nouvelles colonies, dont 160 millions pour des “subventions de fondation”.

434 millions de shekels pour réhabiliter les infrastructures des colonies existantes.

300 millions de shekels alloués aux conseils locaux et régionaux de Cisjordanie.

Parallèlement, 225 millions de shekels seront consacrés à la nouvelle unité du cadastre, considérée par les spécialistes comme une étape majeure vers une intégration administrative complète de la Cisjordanie au système israélien.

Sécurisation accrue des routes et des implantations

Le plan prévoit aussi 140 millions de shekels pour renforcer les check-points, majoritairement à usage militaire, et 150 millions pour la sécurisation des transports publics en Cisjordanie sur trois ans.
Le ministre des transports, Yisrael Katz, entend par ailleurs investir des millions supplémentaires dans des « barrières intelligentes », des caméras et divers systèmes de surveillance destinés aux nouvelles colonies.