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Politique - Société

L’islamisme des Frères musulmans contre la laïcité : Entretien avec une sénatrice qui n’a pas peur !

Le Dialogue

Jacqueline Eustache-Brinio est sénatrice (LR) depuis 2017, élue du Val d’Oise. Elle est vice-présidente du groupe LR au Sénat où elle poursuit depuis des années un combat sans faille et continu en faveur de la défense de la laïcité et de la République, face notamment à l’islamisme radical et en particulier au séparatisme islamiste propre aux Frères musulmans. Elle a notamment fait voter par le Sénat en 2019 un amendement à la Loi Blanquer interdisant les sorties scolaires pour les parents qui portent des signes religieux et elle a co-suscité et organisé en 2019, avec la Sénatrice (majorité présidentielle) Valérie Delattre, une Commission d’enquête sur la radicalisation islamiste en France qui a fait du bruit et qui a influencé jusqu’aux décisions de la majorité, notamment la loi contre le « séparatisme islamiste », rebaptisée « conforter les principes républicains ». 

 

Alexandre Del Valle : Quelle est votre action en tant que sénatrice impliquée dans La Défense de la laïcité pour combattre le séparatisme islamiste ? 

Jacqueline Eustache-Brinio : Je n’ai de cesse de dénoncer, tant dans l’hémicycle que dans le Val d’Oise, toutes les atteintes trop nombreuses à la laïcité que nous constatons notamment dans les établissements scolaires.

Récemment, j’ai adressé une lettre ouverte au Ministre Pap Ndiaye pour lui faire part de ma grande inquiétude face à son manque de clarté sur le port des tenues religieuses à l’école alors qu’on déplore une augmentation inquiétante des atteintes à la laïcité depuis la rentrée 2022.

Sur le terrain, j’alerte le préfet dès que je constate le non-respect de la laïcité, notamment le port du voile dans un cadre non autorisé.

La laïcité a toujours été une chance pour notre pays. Elle est émancipatrice, elle permet la liberté de conscience et le sens critique. Je n’admets pas qu’on la remette en cause dans le but de faire passer la foi avant la loi.

 

Quelles sont les prochaines échéances législatives concernant le combat contre le séparatisme et cela va-t-il freiner l’expansion des Frères musulmans en France ?

Nous allons probablement prochainement faire le bilan de la loi votée en 2021 concernant le séparatisme afin d’en connaître la réalité sur le terrain en termes de lutte contre l’islamisme. Je suis une des rares parlementaires à dénoncer l’emprise des Frères musulmans dans notre pays, mais je ne suis pas convaincue que, de manière affirmée, le gouvernement en soit conscient. C’est une réalité qu’il serait irresponsable de nier.

Par ailleurs, nous avons d’autres moyens de mener ce combat concernant l’entrisme des Frères musulmans, notamment en dénonçant cette expansion par des questions d’actualité ou orales dans l’hémicycle comme je l’ai fait tout récemment.

 

la Turquie d’Erdogan va-t-elle pouvoir continuer à agir en France au sein de l’islam de france en soutien du séparatisme islamiste malgré les lois adoptées depuis l’arrivée du président Macron au pouvoir et son action contre le séparatisme islamiste ? 

Malheureusement, la Loi confortant le respect des principes de la République était insatisfaisante et n’a pas réglé avec suffisamment de fermeté la question.

Le frérisme a beaucoup d’influence en France et le flou autour de la composition du FORIF est loin de me rassurer. En effet, je ne suis pas persuadée que les Frères musulmans ou ceux qui pourraient s’en référer en aient été exclus. 

Je suis également inquiète sur cette pensée qui s’insinue et prospère sournoisement dans de nombreux endroits, notamment au sein des conseils municipaux de certaines villes, dans certaines parties du territoire français.

Je reste persuadée que l’attitude du « en même temps » du Président Macron est loin d’être efficace en termes de lutte contre cette pensée mortifère.

 

Pensez-vous que l’élection de Éric Ciotti et la nouvelle direction des LR va sceller une nouvelle ère de renaissance pour votre parti qui a beaucoup souffert ces dernières années entre le macronisme transversal qui grignote les électeurs du PS et des LR et le tandem Zemmour Lepen qui a tenté les électeurs LR déçus du Sarkozysme de sa succession chaotique ? 

Oui, je pense que le parti LR auquel j’appartiens va ouvrir une nouvelle ère et se refonder pour retrouver ses fondamentaux de droite en réunissant les ciotistes, les retaillistes et les pradistes.

Ensemble, nous allons construire un projet réaliste qui correspond aux attentes des Français qui sont majoritairement de droite.

Il faudra assumer ce que nous sommes. Il faudra également ne pas tergiverser sur nos convictions en les assumant clairement. C’est tout l’enjeu de la refondation de notre parti qui a vu partir vers différents horizons ses électeurs parce que nous n’avons pas toujours fait ce que nous avons dit.

A nous de travailler pour présenter, lors des prochaines élections présidentielle et législatives, un programme clair d’une droite qui n’a pas besoin d’être adjectivée.

 

Êtes-vous inquiète pour la france concernant la guerre en Ukraine ; tant du point de vue stratégique que du point de vue énergétique et économique et social (crise, pouvoir d’achat, etc.)?

Je m’inquiète pour les Français qui se trouvent en difficulté du fait de l’augmentation du prix de l’énergie, de l’inflation et par conséquent de la baisse de leur pouvoir d’achat.

Lors de l’examen du budget 2023, nous avons tenté de limiter l’impact de la guerre en Ukraine sur le portefeuille de nos compatriotes.

La période est complexe et nous devons tenir le cap.

Naturellement, la guerre en Ukraine est un sujet de préoccupation et d’inquiétude pour l’avenir de l’Europe d’une manière plus globale.

Le Sénat va examiner le 7 février prochain une proposition de résolution exprimant le soutien du Sénat à l'Ukraine, condamnant la guerre d'agression menée par la Fédération de Russie et appelant au renforcement de l'aide fournie à l'Ukraine. Je l’ai bien entendue cosignée.