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Afrique

Si le Tchad se rapproche de la Russie, la France demeure un partenaire stratégique et historique

Mahamat Idriss Déby,
Mahamat Idriss Déby, présidence. Montage Adobe Firefly2

Mahamat Idriss Déby , le chef du Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad s’est rendu à Moscou le 24 janvier 2924, répondant à l'invitation de son homologue russe, Vladimir Poutine.

Au cours de cette visite officielle, les deux dirigeants ont évoqué les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale dans divers secteurs sans occulter des sujets régionaux et internationaux d'intérêt mutuel.

Chacun sait que cette initiative de rapprochement intervient dans un contexte de tensions entre le Tchad et la France. Cette dernière étant le principal allié du Tchad. Depuis l'accession au pouvoir de Mahamat Déby à la tête du CMT, chargé de la transition sur une période de 18 mois avant les élections prévues en 2024, les relations entre Ndjamena et Paris ont connu des tensions. Certains observateurs sont allés jusqu’à accuser le président français Emmanuel Macron de soutenir un coup d'État militaire et de favoriser la perpétuation du régime Déby, au pouvoir depuis 1990.

Dans ce contexte, devançant les critiques internationales exigeant une transition démocratique, Mahamat Déby a tenu coûte que coûte à diversifier ses partenaires et à explorer d'autres initiatives régionales. A ce titre, Ndjamena a notamment adhéré à l'initiative lancée par le Roi du Maroc, Mohammed VI, visant à faciliter l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique pour renforcer leurs échanges commerciaux avec le reste du monde, aime à rappeler le Maroc diplomatique.[1]

On l’aura compris, la visite de Mahamat Déby à Moscou s'inscrit assurément dans cette stratégie de diversification des relations extérieures. 

Poutine a offert son soutien en vue de « stabiliser la situation » dans le pays.

Dans le même temps, la Russie entend bien restaurer son influence en Afrique, notamment dans la région du Sahel, traditionnellement sous l'influence française. 

La Russie déploie aussi des groupes paramilitaires dans la région pour rivaliser avec la présence française.

Les Russes, cherchant à renforcer sa présence et son influence en Afrique, ont donc établi des liens étroits avec plusieurs pays du continent, en particulier dans les domaines de la défense, de l'énergie et des mines. 

Le rapprochement entre Moscou et Ndjamena constitue, selon la présidence tchadienne, « un pont de communication fort pour la mise en œuvre de la politique étrangère russe sur le continent africain ». Le Kremlin a la ferme intention d’établir un corridor logistique qui connectera l’Afrique centrale à l’Asie, via l’érection de ports entre le Tchad et le Soudan sur la mer Rouge.

Or, les données de l’International Trade Center (ITC), les échanges commerciaux entre les deux pays sont encore faibles, révèle Victoria Sedji pour l’Agence Ecofin.[2] En 2021, ils étaient évalués à 2,1 millions $ contre 2,4 millions $ en 2020, la Russie enregistrant le plus de gains avec près de 2,2 millions $ de marchandises exportées vers le Tchad en 2020.

Quoi qu’il en soit, il faut souligner souligner que ce rapprochement avec la Russie n'implique pas nécessairement un éloignement de la France, qui demeure un partenaire stratégique et historique. 

Mahamat Déby a du reste récemment réaffirmé son engagement envers la coopération franco-tchadienne, en particulier dans la lutte contre le terrorisme et l'instabilité dans la région du Sahel. 

Il s'agit plutôt bel et bien « d'une volonté du Tchad de diversifier ses sources de soutien afin de ne pas dépendre d'un seul acteur étranger, affirmant ainsi sa souveraineté et sa capacité à diriger sa propre transition conformément à ses engagements internationaux », conclut Le Maroc diplomatique.[3]

 


 


[1] Mahamat Déby à Moscou : La France va-t-elle perdre son allié privilégié au Sahel? 23 janvier 2024.

[2] Tchad : visite du président Mahamat Idriss Deby à Moscou sur invitation officielle de Vladimir Poutine, Agenceecofi.com 24 janvier 2024.

 

[3] Mahamat Déby à Moscou : La France va-t-elle perdre son allié privilégié au Sahel?, 23 janvier 2024.