Le Dialogue

La démission de Lecornu aggrave la crise politique en France

Moins d’une journée après avoir dévoilé la composition de son gouvernement, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président Emmanuel Macron, lundi 6 octobre au matin. Un départ aussi soudain qu’inédit, qui plonge un peu plus la Ve République dans une zone d’instabilité politique.


Un gouvernement mort-né
La chute du Premier ministre, à peine installé à Matignon, illustre les fractures profondes qui traversent la majorité présidentielle. Le gouvernement, formé dans la précipitation, avait été fragilisé dès son annonce : onze ministres reconduits, peu de renouvellement, et une droite républicaine mécontente de sa faible représentation.
La nomination de Bruno Le Maire à la Défense a cristallisé la colère du camp gaulliste, tandis que l’opposition dénonçait un exécutif « à bout de souffle ».


Un mandat record par sa brièveté
À 39 ans, Sébastien Lecornu devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République : vingt-sept jours seulement à la tête du gouvernement. Figure loyale du macronisme, fin négociateur reconnu pour son calme, il n’aura pas réussi à trouver la formule permettant de réconcilier une majorité éclatée entre centristes, Républicains et socialistes.
« Il n’a pas su créer les conditions du dialogue », confie un député LR. « Mais il est difficile de gouverner quand chacun pense déjà à la présidentielle. »


Les réactions en chaîne
L’opposition s’est empressée de tirer les leçons de ce revers. Le Parti socialiste a salué une démission « digne et nécessaire », tandis que le Rassemblement national a exigé la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections législatives anticipées.
Marine Le Pen a estimé qu’une démission du président lui-même serait une « décision sage ». Olivier Faure, chef du PS, y voit quant à lui « la faillite d’un système épuisé par la verticalité du pouvoir ».


Une crise institutionnelle ouverte
À l’Élysée, Emmanuel Macron s’efforce désormais de contenir la tempête politique. Plusieurs scénarios sont à l’étude : la nomination d’un nouveau Premier ministre issu du centre ou de la droite modérée, voire la dissolution de l’Assemblée, hypothèse que l’entourage présidentiel ne juge plus impossible.
Cette démission révèle au grand jour l’impasse d’un pouvoir sans majorité stable, incapable de rallier durablement ses alliés. Elle souligne aussi, en creux, l’usure d’un modèle institutionnel fondé sur l’hyperprésidence et l’absence de contre-pouvoirs effectifs.


Une équation politique insoluble
Près de huit ans après son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron se retrouve confronté à l’un des épisodes les plus délicats de son quinquennat. Entre l’appel à la dissolution et la tentation du remaniement, le chef de l’État tente encore de préserver une autorité fragilisée.
Mais, à mesure que les équilibres parlementaires se dérobent, une question s’impose : la Ve République, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, est-elle encore en mesure de produire la stabilité qu’elle promettait ?