Je suis en admiration pour la sagesse et la culture du peuple égyptien
Le SULTAN BONAPARTE, nouvelle pièce de théâtre captivante d’Ahmed Youssef, historien franco-égyptien spécialiste de Napoléon et de l’Égypte, fera sa première dans le cadre des Journées de Fontainebleau et de l’Égypte. Dans le rôle du général Bonaparte, David Serero reprend un personnage qu’il a déjà incarné à New York. Le général Kléber sera interprété par Arthur Pichon et le général Menou par Olivier De Priester.
La représentation aura lieu demain, samedi 15 novembre à 20 h, au Théâtre de Fontainebleau (Rue Denecourt, 77300 Fontainebleau).
La pièce est mise en scène par le talentueux David Serero, chanteur d’opéra, producteur, acteur et réalisateur franco-marocain à la renommée internationale. Salué par la critique et récompensé à de multiples reprises, il a donné plus de 2 500 représentations dans plus de 45 pays, dirigé et produit près de 100 productions théâtrales, joué dans plus de 100 films et séries, enregistré plus de 100 albums et interprété plus de 50 rôles principaux dans divers répertoires. Sa vision artistique et son exigence d’excellence promettent de donner vie aux mots et aux idées d’Ahmed Youssef, offrant ainsi au public une expérience théâtrale inoubliable.

Le Dialogue : Vous êtes passionné de Napoléon et de son épopée ; vous avez joué le rôle de Napoléon à New York dans la version de Stanley Kubrick ; vous avez enregistré la correspondance avec Joséphine et les grands discours de guerre de Napoléon. Vous êtes également le fondateur du Festival Napoléon.
DAVID SERERO :Merci infiniment pour l’intérêt que vous portez à mon travail ainsi qu’à la pièce Le Sultan Bonaparte. C’est un honneur de collaborer avec vous pour mettre en lumière cet événement culturel unique.
Le 15 novembre, nous aurons l’immense privilège de présenter Le Sultan Bonaparte au Théâtre de Fontainebleau, dans le cadre prestigieux des Journées Impériales de Fontainebleau. C’est un événement majeur qui célèbre l’histoire napoléonienne dans toute sa richesse. Programmer cette pièce, écrite par l’historien franco-égyptien Ahmed Youssef, est un geste fort : c’est la seule pièce consacrée à la campagne d’Égypte, un chapitre souvent évoqué dans les livres mais rarement représenté sur scène. Pour moi, c’est un moment historique, car la scène devient un pont entre la France et l’Égypte, entre deux cultures qui ont marqué l’histoire mondiale.
Parlez-nous un peu de cette pièce de théâtre. Où et à quelle époque se déroule-t-elle ?
Nous sommes au Caire, en 1799. Le général Bonaparte mène une campagne en Égypte qui fera de lui Napoléon. Dans la nuit du 3 au 4 janvier 1799, quelques soldats de l’armée française reconnaissent avoir assassiné trois Égyptiennes dans des circonstances obscures.
Bonaparte, tiraillé entre la nécessité d’infliger une punition exemplaire et sa volonté de confirmer sa politique de respect de l’Islam, fait face à la pression de ses généraux, qui craignent qu’une exécution ne provoque un mouvement de colère au sein de l’armée. Il doit trancher rapidement pour éviter les rumeurs de partialité parmi la population.
Pourriez-vous nous parler de vous et de ce rôle ?
Je suis acteur, metteur en scène et chanteur lyrique. J’ai eu la chance d’interpréter plus de cent rôles à travers le monde, du théâtre classique à l’opéra. Mais c’est la première fois que je joue un rôle lié directement à l’Égypte, un pays dont la culture et la grandeur m’inspirent profondément.
Jouer Bonaparte en Égypte est un privilège artistique rare : ce n’est pas seulement un rôle historique, mais aussi un rôle symbolique, celui d’un homme dont les actions ont lié nos deux nations pour toujours.
Comment décririez-vous Napoléon ?
Napoléon est une figure fascinante, complexe et immense. Il incarne tant de rôles classiques à la fois : il est Othello, Cyrano et Richard III. On peut débattre de ses décisions, mais on ne peut nier son génie, sa modernité, son intuition politique et sa capacité à transformer la société française et européenne.
Pour moi, Napoléon n’est pas seulement un empereur : c’est un stratège, un visionnaire, un homme de contradictions — un personnage profondément théâtral, parfait pour la scène. Sa campagne d’Égypte est l’un des épisodes les plus mystérieux et passionnants de son histoire.
Ahmed Youssef est un célèbre écrivain et auteur d’ouvrages majeurs sur la campagne d’Égypte, dont Bonaparte et Mahomet et Le Capitaine Bouchard. Il est également membre du conseil d’administration de l’Institut d’Égypte. Le connaissez-vous ? Que pensez-vous de son travail ?
J’ai beaucoup d’admiration pour Ahmed Youssef. Sa rigueur historique, son expertise et sa passion pour Napoléon et l’Égypte font de lui un auteur unique : le plus grand spécialiste mondial de Bonaparte en Égypte.
Une amitié est née après notre rencontre lors du Festival Napoléon, que j’ai fondé. Je lui ai suggéré d’écrire une pièce sur Bonaparte en Égypte, et il l’a écrite pour moi. C’est un immense honneur de l’interpréter. Son écriture est précise, documentée, mais aussi profondément humaine.
Il apporte une richesse historique à ce huis clos entre Bonaparte, Kléber et Menou. En tant que metteur en scène, j’ai mis en valeur son classicisme tout en y apportant plus de fluidité pour le public contemporain.
Ahmed Youssef tisse un dialogue grave entre ces trois généraux, aux tempéraments opposés, aux aspirations contradictoires et aux conceptions différentes de l’Orient et de l’Islam. Malgré la question sensible des musulmanes assassinées, le dialogue n’est pas dénué d’ironie, de drôlerie et d’un art de la répartie propre aux fils des Lumières.
À la fin de ce huis clos, Bonaparte annonce une décision inattendue.
Et le cinéma dans tout cela ?
Le cinéma occupe une grande place dans ma vie : je réalise, écris et produis de nombreux films et documentaires, en parallèle de mes activités théâtrales. Le théâtre permet de vivre l’instant présent face au public, tandis que le cinéma immortalise une émotion pour toujours. Les deux arts se complètent merveilleusement. Je mets toujours du théâtre dans mes films, et du cinéma dans mes pièces.
Vous êtes un artiste international, vous avez joué dans 45 pays. Pourriez-vous jouer en Orient, notamment en Égypte ?
Jouer au Moyen-Orient ou en Égypte serait pour moi un immense honneur. J’ai toujours eu un lien fort avec la culture orientale. Jouer en Égypte, au Liban, aux Émirats ou ailleurs serait une merveilleuse aventure artistique et humaine.
Je suis ouvert à toute proposition — cinéma, télévision ou théâtre. Je rêve de jouer cette pièce en Égypte, car c’est là qu’elle mérite d’être jouée. J’ai une profonde admiration pour la sagesse et la culture du peuple égyptien, que j’aime énormément.