Sources égyptiennes au Dialogue : Le Caire a notifié à Israël son refus catégorique d’ouvrir Rafah dans un seul sens
Des sources égyptiennes bien informées ont indiqué samedi au Dialogue que l’Égypte a signifié à Israël, par divers canaux et lors de plusieurs entretiens — dont le dernier s’est tenu au Caire il y a 48 heures — son refus absolu d’ouvrir le point de passage de Rafah dans un seul sens, permettant uniquement la sortie des habitants de Gaza vers l’Égypte sans possibilité de retour vers le territoire palestinien.
Selon ces sources, Israël justifie cette proposition par la nécessité de reporter la réouverture du passage bidirectionnel jusqu’à la libération de tous ses otages détenus par le Hamas, le désarmement du mouvement et l’installation à Gaza d’une administration placée sous l’égide d’un « Conseil de paix », d’un comité international et d’un gouvernement technocratique.
Le Caire, craignant qu’une telle configuration ne participe à un schéma de transfert forcé de la population et à un vidage progressif de Gaza de ses habitants, rejette fermement toute mesure susceptible d’impliquer l’Égypte dans un tel processus.
Le Caire insiste : « Rafah ne sera pas une porte de l’exode »
Le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty, a réaffirmé samedi que le passage de Rafah « ne sera pas une porte de la déportation ». Intervenant au Forum de Doha, il a appelé à un déploiement rapide d’une force internationale de stabilisation sur la ligne jaune, dans le sud de la bande de Gaza.
« Nous avons besoin de cette force au plus vite, car l’une des parties — Israël — viole quotidiennement le cessez-le-feu. Nous avons donc besoin d’observateurs », a-t-il déclaré. Il a ajouté que Rafah ne servirait qu’à acheminer l’aide humanitaire et médicale dans la bande de Gaza.
Un projet de résolution présenté par les États-Unis au Conseil de sécurité prévoit que cette force internationale dispose de « toutes les mesures nécessaires » pour désarmer Gaza, sécuriser les frontières, soutenir une police palestinienne formée et garantir l’accès de l’aide ainsi que la protection des civils.
Consulte diplomatique intense en marge du Forum de Doha
En marge du forum, le chef de la diplomatie égyptienne a tenu plusieurs entretiens bilatéraux centrés sur les relations de l’Égypte avec différents partenaires et sur la coordination des positions face aux évolutions régionales, en particulier la situation à Gaza.
Lors d’une rencontre avec son homologue turc Hakan Fidan, les deux ministres ont discuté du développement des relations entre Le Caire et Ankara, ainsi que des dernières évolutions concernant la question palestinienne.
Le Caire dément tout accord pour une ouverture unilatérale du passage
Les autorités égyptiennes ont par ailleurs démenti avoir conclu un accord avec Israël pour une réouverture unilatérale du passage de Rafah.
Selon l’Autorité générale pour l’information, dépendant de la présidence égyptienne, toute réouverture future ne pourra se faire que dans les deux sens, conformément au plan présenté par le président américain Donald Trump.
Ce démenti répond à une annonce israélienne selon laquelle Rafah serait prochainement ouvert pour permettre aux habitants de Gaza de sortir vers l’Égypte, annonce faite par l’unité israélienne Cogat, chargée de la coordination en territoire palestinien. Le communiqué ne précisait toutefois pas les critères de sélection des personnes autorisées à partir.
Cogat a ajouté qu’Israël coordonnerait avec l’Égypte les départs sous supervision d’une mission de l’Union européenne et que les candidats au départ devraient obtenir une « approbation sécuritaire israélienne ». Aucun calendrier n’a été communiqué.
En réaction au démenti égyptien, la chaîne israélienne 12 a cité un responsable affirmant : « Israël a ouvert les points de passage pour permettre à ceux qui souhaitent partir de Gaza de le faire. Si la partie égyptienne refuse d’accueillir ceux qui sortent de Gaza, c’est son problème. »