Au-delà de la victoire militaire, ce fut l’affirmation d’une unité arabe éphémère mais décisive, qui redonna à l’Égypte son rang et son honneur après la défaite de 1967.
Le 6 octobre 1973, jour du Yom Kippour pour Israël et du Ramadan pour le monde musulman, l’armée égyptienne franchissait le canal de Suez dans une offensive d’une audace inédite. En quelques heures, les troupes de Sadate perçaient la redoutable ligne Bar-Lev, symbole de l’occupation du Sinaï depuis la guerre des Six Jours. Cette manœuvre surprise bouleversa l’équilibre régional et brisa le sentiment d’invincibilité israélien.
Cette unité, encore perceptible aujourd’hui dans la mémoire collective, trouve un écho dans le court documentaire « Et nous avons vaincu », réalisé par Tamam Younis. L’acteur Maged El Kedouani y commente des images d’archives saisissantes
Mais la guerre d’Octobre fut avant tout celle d’une solidarité retrouvée. Tandis que la Syrie attaquait sur le front du Golan, plusieurs nations arabes vinrent prêter main-forte : l’Irak envoya des chars et des escadrons aériens pour soutenir la Syrie, l’Algérie dépêcha un contingent aérien et des blindés sur le front égyptien ; le Maroc et la Jordanie pour leur part envoyèrent des troupes militaires, tandis que l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe finançaient massivement l’effort de guerre. Pour la première fois depuis des décennies, le monde arabe se découvrait une cause commune.
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Cette unité, encore perceptible aujourd’hui dans la mémoire collective, trouve un écho dans le court documentaire « Et nous avons vaincu », réalisé par Tamam Younis. L’acteur Maged El Kedouani y commente des images d’archives saisissantes : avions déchirant le ciel, soldats franchissant le canal, visages graves de jeunes conscrits. La voix de Moshe Dayan, ministre israélien de la Défense, y résonne sur fond d’images paniquées : Que chacun sauve sa peau ! « sinon nos forces seront détruites. » Le film rend hommage aux héros tels Mohamed Taha Yacoub, “l’icône de la victoire”, ou l’acteur Lotfi Labib, vétéran de cette guerre, qui gardait l’émotion intacte d’un moment où l’histoire bascula.
Cinquante ans après la guerre 6 octobre, la mémoire d’une unité arabe fugace
Dans le sillage du conflit, l’embargo pétrolier décidé par le roi Fayçal d’Arabie saoudite donna une portée mondiale à la solidarité arabe. Pour la première fois, les pays du Moyen-Orient imposaient à l’Occident une nouvelle réalité géopolitique.
L’Égypte, elle, en sortit transformée : son armée réhabilitée, sa diplomatie renforcée, son territoire progressivement restitué. « Nul n’aurait pu reprendre ces terres s’il n’avait pas connu lui-même le véritable prix de la guerre », rappellera plus tard le président Abdel Fattah al-Sissi — une phrase qui résume l’esprit d’Octobre : celui d’une dignité reconquise et d’une solidarité plus que jamais nécessaire.