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Monde

L’Intelligence Artificielle et le fossé élargi entre les riches et les pauvres

Le Dialogue

Au lendemain  de  la chute du  Mur  de Berlin  en  1989, le Secrétaire  général des Nations Unies, Dr.  Boutros Ghali en a  signalé  la valeur symbolique. Elle  était, pour lui,  synonyme de l’abattement  de la muraille  qui séparait l’Est  de  l’Ouest et  qui  pourrait en être  remplacée par une  autre  qui isolerait les Etats de  l’Est  de ceux de l’Ouest d’après  leur degré  d’exploitation  de la Technologie de  l’Information et de la Communication (TIC)

En  2023, c’est  le secrétaire  des Nations Unies actuel, António Guterres  qui  a évoqué presque  la même  idée dans son  discours prononcé  devant le premier  sommet mondial sur l’Intelligence Artificielle  organisé.  Le 7 juillet,  par l’Union Internationale des Télécommunications.  Il y a déclaré  que l’IA doit  profiter  au monde  entier  y compris le  tiers de l’humanité  qui souffre d’un manque de compétences au  niveau  de l’Internet mettant  en  cause la structure  informatique décadente  de  ses pays.

Entre les deux dates, des mutations radicales se sont produites  au  niveau de la  politique internationale :  l’émiettement  de l’Union  Soviétique et la scission  de  la Tchécoslovaquie et  de la Yougoslavie  dans le cadre d’une modification  des régimes politique et  d’une délimitation  nouvelle des frontières des Etats de  l’Europe de l’Est. L’ONU  a organisé des conférences internationales qui avaient  pour  but  de réunir les représentants des gouvernements de tous les pays du  monde pour discuter  des défis transnationaux qu’ils confrontent et  parvenir  à  des  ententes et des consensus entre eux. La première en  date  était le sommet  de  la terre  en 1992,  à Rio  de  Janeiro pour mettre sur table  les problèmes de  l’environnement. Lui  succédèrent d’autres conférences internationales qui ont discuté  des droits de l’homme, de  la population,  du développement  de  la lutte contre  la pauvreté et  de la femme  et qui  furent  tenues conjointement au  changement de la balance  des forces économiques dans le  monde  et  le déplacement  des sources de  la richesse et  du pouvoir  de  l’Ouest vers l’Est ;  sans  compter les conflits politiques et les guerres dont la plus récente et la plus influente est  celle de l’Ukraine.

Dans ce contexte, l’un  des facteurs déterminants de l’évolution  des relations  internationales est  le fossé grandissant  entre  les pays développés  et ceux en voie de développement ou plutôt entre les pays riches et les pays pauvres. Il  a porté-  entre autres- sur l’économie, l’éducation et le libre accès  à  l’information et  à l’IA  au point  que l’on pourrait  dire que la fissure  majeure  de notre  monde  actuel sépare  ceux   qui connaissent  de ceux  qui ignorent.

Publié,  le 28  juillet  2023, sur le  site « Tortois Media »,  l’index  d’IA  effectué  sur les 62 pays qui ont  décidé  d’investir dans ce  domaine,  place- comme  prévu-  les Etats Unis en  tête de classement  suivis  par  la  Chine et  Singapour.   Leur succédèrent ,  de  la troisième à  la trentième  place, les Etats européens, à l’exception d’Israël,  du  Japon, de l’Inde,  de l’Australie,  de Taïwan  et  des Emirats Arabes Unis. Le  classement n’a  comporté que  sept  pays arabes qui  sont les EAU, l’Arabie  Saoudite, le  Qatar, l’Egypte,  la Tunisie, le  Maroc et le Bahreïn et  six pays de  l’Amérique  Latine : le Brésil,  le Chili,  la Colombie, l’Argentine,  le  Mexique et l’Uruguay ainsi  que  trois Etats africains :  l’Afrique du sud,  le  Nigéria  et le Kenya.

Un  tel  classement ne peut  qu’illustrer  la relation étroite entre les Etats développés et riches et  leur potentiel  en  IA. Cet  index   relevé dans   62 pays d’un  total de  193  membres des Nations Unies  nous offre  un pourcentage  de  32,2% pour  mettre  en relief  le  fait que l’Afrique est le  continent  le plus privé de cette  technologie  avec six  pays seulement  d’un total  de  55 pays africains concernés  par  ce classement soit  un  pourcentage de 10,9%,  Le reste des places occupées  par ce classement revient à des pays européens ou asiatiques. 

Selon le  rapport des Nations Unies,  le  continent ayant  le plus   de  potentiel  IA en  2022 est  l’Europe et celui  qui  en dispose le moins  est  l’Afrique. La preuve en  est  le peu  de nombre de  personnes ayant  accès à l’internet en  Afrique, évalué à  40% par  comparaison  à 70%  dans la région  arabe et 89%  en  Europe. 

Les effets négatifs du développement  de  l’IA dans les pays développés  ne  fait qu’élargir  le  fossé économique  entre  eux et ceux du  monde  en développement  surtout  en Afrique.  Leur utilisation  accrue de la robotique  et  de la technologie  de pointe aux  niveaux de la production  et des services, augmente proportionnellement leur productivité par rapport à  celle des pays en  développement. Le  résultat en  est  que cette productivité positive  devient plus  attrayante  aux investissements au  dam  de  celle des pays en  développement. 

Par  contre,  l’IA pourrait offrir  de  grands services aux pays en  développement dans les domaines   de la lutte  contre la pauvreté  et du  développement  durable.   A  titre d’exemple,  l’on pourrait assurer,  au  niveau de la sécurité  sanitaire,  des services médicaux plus performants  et à  des coûts réduits ; au  niveau  de l’éducation, le développement de l’autoformation et un accès à plus d’informations,  la comparaison  entre eux  et  l’esprit critique ;  et  dans le domaine de l’agriculture,  assurerait présenter aux agriculteurs  les directives nécessaires pour  réaliser le plus de  productivité  et de  rendement  par la suite.

Il  n’existe  pas de déterminisme  historique. Les Etats en voie de développement peuvent minimiser  les effets négatifs  de  l’IA  et maximaliser leurs bénéfices  grâce  aux politiques   d’investissement  en potentiel  humain  de manière  à  ce que les ressources humaines soient  un élément complémentaire  de l’IA  duquel  nous ne pourrons jamais  nous passer.