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Bachar El-Assad en Chine : Pékin veut signifier qu’à l’avenir, plus rien ne se fera sans elle au Moyen-Orient

Le Dialogue

Le président syrien Bashar al-Assad (au centre) et son épouse Asma al-Assad (à gauche) assistent à la cérémonie d'ouverture des Jeux asiatiques de 2022 au stade du centre sportif olympique de Hangzhou, dans la province chinoise du Zhejiang, à l'est de la Chine, le 23 septembre 2023. Photo : Philippe FONG / AFP.

 

Le président syrien Bachar El-Assad accompagné, de son épouse Asma El Akhras, sont arrivés le 21 septembre 2023 à Hangzhou en Chine, par un avion affrété par Air China, à l’occasion de l’ouverture des jeux asiatiques.

 

Or les Jeux asiatiques prévus initialement en septembre 2022, avaient été reportés compte tenu du très strict régime zéro Covid en Chine.

A l’aune cette visite, il s’agit pour « le lion de Syrie », d’obtenir bien davantage de soutien financier de la part de l’Empire du milieu pour la reconstruction de son pays, ravagé par la guerre. 

Pour mémoire, Pékin s'était engagé en 2017 à investir 2 milliards de dollars en Syrie.

Dans cette perspective, les autorités de Pékin entendent porter les relations bilatérales à «un nouveau niveau». «Nous croyons que la visite du président Bachar El-Assad va renforcer la confiance politique mutuelle et la coopération dans des secteurs variés entre les deux pays, portant les liens bilatéraux à un nouveau niveau», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning.

Pour Damas, il s’agit assurément d’un coup diplomatique. De fait, Pékin et Damas ont noué un "partenariat stratégique", a annoncé, le 22 septembre 2023, le président chinois, Xi Jinping  

Or chacun sait que Bachar El- Assad est isolé sur la scène internationale et en quête de fonds pour la reconstruction de son pays. Le restera-t-il longtemps ?

Il s’agit de la première visite en Chine de Bachar El-Assad depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Étant entendu qu’en 2004, il était le premier chef d’État de son pays à s'y rendre depuis l'établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1956.

Après des années d'isolement consécutif à la guerre, Assad a entamé une normalisation de ses relations avec les pays arabes, et a participé à des évènements internationaux, notamment le sommet arabe de Jeddah, en Arabie saoudite, en mai 2023.

Cette proximité avec l’Empire du Milieu « renforce la confiance politique mutuelle et la coopération dans des secteurs variés », a affirmé l’une des porte-paroles de la diplomatie chinoise, avec probablement de nouveaux engagements financiers à la clé. 

La Chine entend participer à la reconstruction de la Syrie, même si pour l’heure, ses investissements restent limités dans le pays.

Damas, a adhéré en 2022 à l’initiative des BRI (« Belt and Road Initiative ») ou « Nouvelles Routes de la Soie ». Mais il y a plus, il a la ferme intention de rejoindre la désormais très convoitée Organisation de coopération de Shanghai, où il espère encore davantage de retombées. 

Cette visite revêt, on s’en doute, aussi un enjeu diplomatique majeur pour un pouvoir syrien en quête de réhabilitation à l’international.

Pour sa part, Pékin joue au Moyen-Orient un rôle grandissant, à l'image du spectaculaire rapprochement qu'ont permis les Chinois, en début d'année 2023, entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Pékin est plus jamais, très actif dans une région historiquement stratégique pour Washington. Du reste, il n’y manque pas de se dépenser sans compter pour ses fameuses « Nouvelles Routes de la soie », projet absolument gigantesque visant à développer les infrastructures afin de faciliter, les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique.

C'est aussi pour les Chinois, un message bien appuyé à l’Oncle Sam. Étant entendu qu’ils ont la ferme intention de jouer un rôle majeur au Moyen-Orient, ancien pré-carré des États-Unis.

Pour le Président chinois Xi Jinping, la visite historique de Bachar El-Assad à Hangzhou veut signifier qu’à présent et à l’avenir, plus rien ne se fera sans la Chine au Moyen-Orient.

On l’aura compris, si en 2004, lors de sa première visite en Chine, Assad regardait vers l’Occident ; en 2023, les rapports de force géopolitiques ont bel et bien changé, puisque le président syrien regarde désormais vers l’Est. 

Dans cette perspective, on soulignera volontiers que Walid al-Mouallem, l’ancien Ministre des Affaires Étrangères de Syrie, avait déclaré en 2011 que la Syrie miserait sur l’Orient ?... Aujourd’hui les jeux sont faits.