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Guerre Israël/Hamas

Israël est en guerre

Le Dialogue

Le 07 octobre, le Hamas a lancé une offensive surprise de grande envergure contre l’État d’Israël. Selon ses propres déclarations, il aurait tiré plus de 5.000 roquettes (dont une partie a pu être interceptée par le système de défense « dôme de fer ».

Les Brigades Izz al-Din al-Qassam ont déclaré avoir également mis en œuvre 35 drones al-Zouari pour saturer les défenses adverses.

 

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Un millier d’activistes armés ont pénétré à plusieurs endroits sur le territoire israélien (par la terre, la mer et un peu par les airs avec des ULM), s’infiltrant dans des kibboutzim proches de la bande de Gaza causant des pertes civiles et militaires. 

 

October 2023 Gaza−Israel conflict - Wikipedia

 

Une rave party « pour la paix » organisée à proximité a été ciblée. Les autorités israéliennes auraient retrouvé quelques 260 cadavres sur place.

Un nombre indéterminé - peut-être plus d’une centaine - d’otages militaires et civils (y-compris des femmes et des enfants) ont été ramenés dans la bande de Gaza.

Ils pourront servir de « monnaie d’échange » dans de futures tractations. De plus, le Hamas a prévenu que toute attaque israélienne dans la bande de Gaza « aura des conséquences sur les otages ». Ce bouclier humain va poser d’énormes problèmes tactiques à Tsahal.

 

Photos: Israel pummels Gaza after Hamas's unprecedented attack |  Israel-Palestine conflict News | Al Jazeera

 

Une fois l’effet de sidération passé, l’État hébreu a commencé à répliquer en bombardant des cibles repérées dans la bande de Gaza. 

L'armée israélienne a déclaré déclencher « l'opération Glaives de fer » contre le Hamas dans la bande de Gaza. 

Le Conseil national de sécurité israélien qui s’est réuni quelques heures après a autorisé le déclenchement d’opérations militaires terrestres dans la bande de Gaza ce qui laisse augurer une offensive majeure dans les jours qui viennent. Pour cela, les réservistes ont commencé à rejoindre leurs unités dont une partie a fait route vers les pourtours de la bande de Gaza qui ont été évacués des populations locales.

Dimanche, Israël a officiellement déclaré l’état de guerre mettant en vigueur  l'Article 40 de sa constitution. Cette clause n'avait pas été utilisée depuis 1973. Désormais, les Forces de Défense Israéliennes ont une liberté d'action totale et peuvent agir de manière indépendante.

Enfin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé que son pays était engagé dans une guerre qu'il « gagnera ».

Il a demandé à la population civile d’évacuer Gaza ce qui laisse prévoir une offensive terrestre de Tsahal. Enfin, il a appelé ales partis politiques d’opposition à rejoindre le gouvernement. Là non plus, le temps n’est pas venu des explications dans le domaine politique. Il est à l’unité face à la menace. 

 

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Que c’est-il passé ?

L’offensive palestinienne a été préparée minutieusement et longtemps à l’avance. Ce qui est surprenant, c’est que les services de renseignement israéliens - qui sont réputés pour être les meilleurs du monde - ne semblent pas l’avoir anticipé. Cela rappelle étrangement la guerre du Kippour qui a débuté le 6 octobre 1973. Les leçons devront être tirées dans l’avenir mais pour l’instant, la priorité est donnée à la bataille.

 

Globalement, le groupe armé palestinien Hamas a lancé « l'opération déluge Al-Aqsa » contre Israël, ce qui constitue l'escalade la plus grave depuis qu'Israël et le Hamas se sont livrés une guerre de onze jours en 2021. La première salve de roquettes a été tirée samedi 7 à 06h30, heure locale. Certaines ont même atteint Tel-Aviv situé à 90 kilomètres au nord. 

 

Le Hamas a également envoyé des combattants dans le sud d'Israël. Selon le « Times of Israel » et dans l’après-midi du samedi, des affrontements armés avaient lieu dans et autour des villes de Kfar Aza, Sderot, Sufa, Nahal Oz, Magen, Beeri et la base militaire de Re'im.

 

Hamas launches biggest attack on Israel in yearsHow the Hamas attack on Israel unfolded | Reuters

 

 

Le 9 octobre matin, les pertes globales font état de 1.200 tués et 5.000 blessés. Mais les bilans devraient s’alourdir dans les jours qui viennent

 

Pourquoi le Hamas a-t-il attaqué Israël ?

Le porte-parole du Hamas, Khaled Qadomi, a déclaré : « Nous voulons que la communauté internationale mette fin aux atrocités commises à Gaza, contre le peuple palestinien et contre nos lieux saints comme Al-Aqsa. Toutes ces choses sont la raison pour laquelle cette bataille a commencé ».

Mohammed Deif, le commandant des Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, a affirmé quant-à lui  : « c'est le jour de la plus grande bataille pour mettre fin à la dernière occupation sur terre […] Quiconque possède une arme à feu devrait la prendre ; le moment est venu ». 

Extrêmement inquiétant, le Hamas a appelé dans une déclaration publiée sur Telegram « les combattants de la résistance en Cisjordanie et les pays arabes » à rejoindre la lutte. 

 

Les réactions internationales

Le Conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence dimanche n’est pas parvenu à adopter une déclaration commune.

Les États-Unis se tiennent aux côtés d’Israël. Ils vont augmenter leurs livraisons d’armes et de munitions. Le porte-avions USS Gerald R. Ford CVN-78 et cinq destroyers de classe Arleigh Burke ainsi que le croiseur lance-missiles USS Normandy vont être dépêchés sur place.

Le chef des Affaires étrangères de l'Union européenne, Josep Borrell, a exprimé sa solidarité avec Israël.

Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que la France condamnait les « attaques terroristes en cours contre Israël et sa population » et que la France exprimait sa pleine solidarité avec Israël. 

Le Royaume-Uni « condamne sans équivoque » l'attaque surprise perpétrée samedi par le groupe islamiste palestinien Hamas contre Israël. 

L'Ukraine « condamne fermement les attaques terroristes en cours contre Israël ».

La Russie appelle « à la retenue » et se dit « en contact avec les Israéliens, les Palestiniens et les Arabes ». Washington s’est résolument rangé du côté d’Israël. 

L'Égypte a mis en garde contre les « graves conséquences » d'une escalade dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié samedi par l'agence de presse officielle. Il appelle à « faire preuve d’un maximum de retenue et à éviter d’exposer les civils à un danger supplémentaire ».

Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a appelé au calme : « Nous invitons toutes les parties à agir de manière raisonnable, et à s’abstenir d’agir impulsivement ».

 

Le Hezbollah libanais a publié samedi un communiqué affirmant qu'il suivait de près la situation à Gaza et était en « contact direct avec les dirigeants de la résistance palestinienne ».

C’est là où une aggravation considérable de la situation peut avoir lieu. Dimanche, le Hezbollah a effectué des tirs de mortiers contre le secteur contesté des fermes de Shébaa occupées par Israël. Mais lundi matin, il n’avait pas déclenché de tirs de roquettes ou autres missiles qu’il possède par milliers.

Des messages transmis par le Hezbollah à Israël via l'Égypte préviennent qu’en cas d'invasion israélienne de Gaza, le Hezbollah pourrait intensifier ses attaques. Pour l’instant, la puissante milice chiite libanaise parait adapter sa réaction. Elle est alliée du Hamas dans la bande de Gaza, l'ayant aidé technologiquement. En cas de tentative israélienne de « destruction totale » du Hamas, le Hezbollah changerait vraisemblablement sa réaction.

Par précaution, Tsahal a déployé des unités blindées le long de sa frontière nord. 

Ce qui semble désormais certain, c’est que Téhéran - malgré ses démentis officiels - est derrière cette offensive préparée à l’avance. Le commandement du Hamas l’a officiellement reconnu. Le professionnalisme évident des assaillants ne s’improvise pas. Ils ont vraisemblablement été formés par des membres de forces spéciales. Les renseignements nécessaires au déclenchement de l’opération n’ont pu être obtenus qu’auprès d’un service spécial compétent. Tout désigne la branche Al-Qods des pasdarans qui est chargée des opérations extérieures de Téhéran. Pour mémoire, l’Iran chiite a toujours soutenu le Hamas et le Jihad islamique palestinien (le JIP fait front commun avec le Hamas) composés d’activistes sunnites. Mais le combat des Palestiniens n’est pas à la base « religieux » mais « nationaliste ». C’est pour cette raison que les salafistes-jihadistes d’Al-Qaida et de Daech ont toujours  été tenus (relativement) à l’écart. Il n’est pas dit que cette situation ne change pas dans l’avenir.

 

Par cette offensive via un tiers, Téhéran, elle est simple : tenter de faire capoter les rapprochements qui ont lieu entre l’État d’Israël et les pays arabes en général et avec l’Arabie saoudite en particulier. En effet, les pays qui ont déjà signé les accords d’Abraham (Bahreïn et Émirats arabes unis) et ceux qui s’apprêtent à les rejoindre se retrouvent devant un choix cornélien : ne pas soutenir les Palestiniens - donc par ricochet, soutenir l’« État juif » -, ce qui reste toujours très impopulaire dans la « rue arabe ». C’est un risque à prendre pour les dirigeants arabes.

Pour être bien clair, selon le site d’informations semi-officiel ISNA, Rahim Safavi conseiller du guide suprême Ali Hosseini Khamenei, a déclaré que l’Iran soutenait l’attaque palestinienne en ces termes : « Nous félicitons les combattants palestiniens […] Nous serons aux côtés des combattants palestiniens jusqu’à la libération de la Palestine et de Jérusalem ». De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que les attaques perpétrées par son allié le Hamas étaient la preuve de la confiance accrue des Palestiniens face à l’occupation israélienne: « dans cette opération, l'élément de surprise et d'autres méthodes combinées ont été utilisés, ce qui montre la confiance du peuple palestinien face aux occupants […] Les attaques « ont prouvé que le régime sioniste est plus vulnérable que jamais et que l’initiative est entre les mains de la jeunesse palestinienne ».

 

Les développements à venir sont imprévisibles car on sait comment commence une guerre mais on ne sait pas comment elle finit. Ce qui est clair, c’est que les cartes vont être redistribuées au Proche-Orient.

Certains observateurs de renom comparent ce qui les horreurs d’aujourd’hui au « 11 septembre 2001 ». Il convient de se rappeler que la réaction à ces opérations terroristes a conduit à l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak dont les conséquences désastreuses sont encore présentes plus de vingt ans après…

 

La supériorité militaire israélienne sur le Hamas et le Jihad islamique palestinien est écrasante. Le problème des citoyens israéliens tombés aux mains des Palestiniens va compliquer considérablement la tâche de l’État hébreu qui va être obligé de tenter de négocier… Il l’a toujours fait dans le passé. 

Par ailleurs, Tsahal a les capacités pour faire face à une entrée dans le conflit du Hezbollah à son nord mais le pays se retrouvera alors en situation de guerre « globale ».

L’Iran pourrait bien en payer le prix car plus rien ne retiendrait alors Israël qui pour le coup, serait vraisemblablement soutenu par les États-Unis.

Enfin, le conflit peut se propager à l’étranger par des actions terroristes et des soulèvements plus ou moins orchestrés en Occident. L’occasion de défendre la « cause palestinienne » est trop belle pour les « révolutionnaires de tous poils ».

 

Article publié sur Raids.fr