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Ukraine/Russie

Vers l'abandon de l'Ukraine ?

Le Dialogue

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est vu au début d'une réunion du Groupe de contact sur la défense de l'Ukraine avant un Conseil des ministres de la Défense de l'OTAN de deux jours au siège de l'alliance à Bruxelles, le 11 octobre 2023. Photo : Olivier MATTHYS / POOL / AFP.

 

Alors que l'offensive russe sur plusieurs endroits du front se poursuit sans interruption et notamment dans le secteur d'Avdiivka, la situation du président Zelensky et du gouvernement ukrainien semblent de plus en plus précaire. Après les propos très pessimistes du général Zaloujny dans The Economist[1], le report sine die des éléctions présidentielles prévues initialement l'an prochain, voilà que le Washington Post accuse Kiev d'avoir pris une part active dans l'attentat contre les gazoducs Nord Stream[2]

 

L'échec militaire

Après plus de 19 mois de propagande intense dans l'ensemble des médias occidentaux, l'échec de l'armée ukrainienne dans sa capacité à reconquérir les territoires perdus en quelques jours fin février, début mars 2022 fait enfin la une des journaux et le quarteron d'experts militaires des plateaux de télévision ne sait plus comment faire pour l'admettre sans se décrédibiliser un peu plus. Le responsable de ce revirement médiatique : le général-en-chef de l'armée ukrainienne, le général Valery Zaloujny lui-même qui dresse un tableau pessimiste de la situation de son armée, bloquée partout sur le front par les défenses russes et dont la contre-offensive débutée le 4 juin dernier a lamentablement échoué à atteindre le moindre objectif opératif. De plus, sans donner de chiffres, Zaloujny confirme ce que beaucoup d'observateurs OSINT soulignent au moins depuis la chute de Bakhmout : le réservoir démographique de l'Ukraine s'épuise au point que Zaloujny s'interroge sur le fait qu'il pourrait finir par manquer d'hommes pour mener la bataille d'attrition à laquelle les Russes soumettent sans relâche l'armée ukrainienne depuis la fin du printemps 2022, appliquant à la lettre les recommandations doctrinales d'Alexandre Sviétchine, le père de l'art opératif. Selon les différentes sources OSINT, la saignée à blanc de l'armée de Kiev atteindrait aujourd'hui les 300 000 morts, tandis que les pertes russes seraient d'au moins 35 000 morts selon le média d'opposition russe en exil Meduza[3]. Ce rapport de 1 à 10 est confirmé par l'emploi massif de l'artillerie par les Russes pour, d'une part, stopper les attaques ukrainiennes et d'autre part préparer leurs propres assauts en écrasant les Ukrainiens sous un déluge de feu complété par les bombes planantes des VKS. Sur le front, l'armée russe est à l'initiative dans trois grands secteurs : au nord entre Koupiansk et Kreminna, autour de Bakhmout et bien sûr à Avdiivka. Elle mène par ailleurs des actions secondaires de fixation à Robotyne et Ougledar. Cet ensemble d'opérations permet de fixer une partie des unités ukrainiennes dans le sud pour empêcher leur redéploiement mais aussi leur rotation au front pour recevoir des renforts et du matériel neuf. Cela peut aboutir à l'effondrement d'un ou plusieurs secteurs faute de combattants en nombre suffisant pour les défendre efficacement. 

 

L'échec politique

Sur le plan de la politique intérieure, Zelensky se retrouve donc face à ce que certains qualifient de fronde au sein de l'armée, au point que, face à cette opposition, il décide le lundi 6 novembre dernier de reporter sine die les élections présidentielles prévues l'an prochain sous prétexte qu'en raison de la guerre, il ne serait pas possible de les organiser correctement. De plus, l'idée selon laquelle Zaloujny pourrait se présenter à ces élections semblent poser un problème qui dépasse le simple cadre d'un désaccord entre l'exécutif et l'armée. Par ailleurs, autre candidat potentiel, Olesksiy Arestovytch, l'ancienne éminence grise et conseiller de Zelensky, qui annonce qu'en cas d'élection, il suspendrait toute action offensive et "gêlerait" le conflit sur le modèle coréen d'un armistice sans traité de paix[4]. Devant cette double menace, on comprend pourquoi Zelensky préfère reporter son éventuelle défaite électorale alors qu'il avait été élu sur un programme en faveur de la paix avec les républiques séparatistes du Donbass avant de totalement changer de politique une fois élu. Mais l'annonce de ce report n'a pas semblé suffisant pour rassurer Zelensky et les siens, puisque dès le lendemain 7 novembre, l'un des principaux adjoints de Zaloujny, le major Gennadiy Chastiakov a été tué par un colis piégé (avec une grenade) adressé à son domicile à l'occasion de son 39e anniversaire[5]. Dans un pays gangrené par la corruption et les méthodes mafieuses[6], cet attentat sonne comme un message envoyé à Zaloujny par les plus hautes sphères du pouvoir pour le contraindre à renoncer. Enfin, pour ne rien arranger à la situation intérieure, la chaîne américaine NBC News[7] nous apprend que Washington mettrait de plus en plus la pression sur Kiev pour trouver une issue diplomatique à la guerre que les Américains ne peuvent, ni ne veulent plus financer pour s'occuper en priorité d'Israël et de la zone indopacifique. Le déplacement très médiatisé de la commissaire von der Leyen n'est là que pour tenter, vainement, de rééquilibrer la situation d'isolement de Zelensky en évoquant une fois de plus l'adhésion à l'UE alors que la Hongrie a d'ores et déjà déclaré qu'elle s'opposerait à l'entrée de l'Ukraine dans l'UE.

 

L'échec médiatique 

Dernier symbole en date de l'abandon en cours du "soldat" Zelensky, l'article du Washington Post en date du 11 novembre expliquant que les Américains savent que c'est le colonel Roman Chervinsky des forces spéciales ukrainiennes qui aurait planifié et supervisé les attentats contre les deux gazoducs Nord Stream le 26 septembre 2022. L'article affirme qu'il aurait obéi directement à l'entourage de Zaloujny malgré les réticences américaines. Si cette révélation porte un coup majeur au narratif vendu sur toutes les chaînes d'informations en continu en Occident par des gens sans scrupule depuis plus d'un an, il ne doit pas pour autant être pris pour argent comptant quant au commanditaire de ces attentats. Si on peut envisager sans difficulté que le commandement opérationnel puisse être confié à un officier supérieur ukrainien, les moyens matériels à son exécution ne peuvent venir que des armées de l'OTAN, armées qui n'ont aucune autonomie de décision et d'action sans l'aval de Washington. A cette révélation, s'ajoutent les volte-face des experts autoproclamés qui peuplent les plateaux de télévision depuis le 24 février 2022. De Pierre Servent[8] au général Yakovleff[9], tous tentent aujourd'hui de nous faire accroire qu'ils avaient prévenu de l'échec militaire de l'Ukraine, alors qu'ils ont passé des heures à tenter de convaincre le public français que l'Ukraine avait les moyens militaires de récupérer le Donbass et la Crimée tant l'armée russe était une armée d'incapables.

 

Un bilan

L'évolution globale de la situation à la fois sur le terrain militaire, politique et médiatique laisse pourtant peu de doute aujourd'hui sur la défaite finale de l'Ukraine et de son président, mais aussi et avant tout de l'OTAN et de Washington, parrains du régime de Kiev. Le temps ne jouait déjà pas en faveur de l'Ukraine depuis le déclenchement de l'opération militaire spéciale, désormais il est l'allié indéfectible de Moscou qui n'a plus qu'à attendre que le front intérieur et/ou extérieur s'effondre pour remporter une éclatante victoire sur l'Occident collectif qui, comme le IIIe Reich il y a 80 ans, a gravement sous-estimé les capacités de résilience des peuples de la Fédération de Russie.

 

L'évolution globale de la situation à la fois sur le terrain militaire, politique et médiatique laisse pourtant peu de doute aujourd'hui sur la défaite finale de l'Ukraine et de son président, mais aussi et avant tout de l'OTAN et de Washington, parrains du régime de Kiev. Le temps ne jouait déjà pas en faveur de l'Ukraine depuis le déclenchement de l'opération militaire spéciale, désormais il est l'allié indéfectible de Moscou qui n'a plus qu'à attendre que le front intérieur et/ou extérieur s'effondre pour remporter une éclatante victoire sur l'Occident collectif qui, comme le IIIe Reich il y a 80 ans, a gravement sous-estimé les capacités de résilience des peuples de la Fédération de Russie.


 


[1]   https://www.economist.com/europe/2023/11/01/ukraines-commander-in-chief-on-the-breakthrough-he-needs-to-beat-russia

[2]   https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/11/11/nordstream-bombing-ukraine-chervinsky/

[3]   https://meduza.io/en/news/2023/11/06/journalists-confirm-deaths-of-over-35-000-russian-soldiers-in-ukraine

[4]   https://meduza.io/en/feature/2023/11/09/i-don-t-want-them-to-turn-ukraine-into-putin-s-russia

[5]   https://www.tf1info.fr/international/guerre-ukraine-russie-une-grenade-recue-en-cadeau-d-anniversaire-tue-un-haut-grade-de-l-armee-gennadiy-chastiakov-2275437.html

[6]   Marignac, Thierry, La guerre avant la guerre : chronique ukrainienne, 2023, Konfident

[7]   https://www.nbcnews.com/news/world/us-european-officials-broach-topic-peace-negotiations-ukraine-sources-rcna123628

[8]   https://twitter.com/i/status/1722909665627967886

[9]   https://twitter.com/i/status/1721819316478202299