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Progressisme

Qui veut faire la peau des fêtes de Noël ?

Le Dialogue

Si le mois de décembre est synonyme de fêtes, de cadeaux, de réunions familiales, de guirlandes, de sapins, etc., il est aussi de plus en plus synonyme de polémiques et de controverses au grand dam de la majorité des français. C'est la période durant laquelle quelques écologistes radicaux expriment leur hostilité envers l'exploitation des sapins, n'hésitant pas à mener quelques actions coup-de-poing, souvent médiatisées, sous prétexte de vouloir sauver la terre. Cela en serait presque comique, si ces actions n'engendraient tout de même pas un certain agacement. Ensuite, on change de registre pour aborder quelque chose de plus consistant et structurant : les initiatives qui cherchent purement et simplement à effacer Noël ! Cette année, par exemple, certaines municipalités telles que Nantes, Angoulême, Saint-Denis, Saint-Mandé, pour n'en nommer que quelques-unes, ont décidé de rebaptiser Noël au profit du terme hiver. Force est de constater que les fêtes de Noël sont dans la ligne de mire ! Les Français devront-ils s'habituer à souhaiter, le jour du 25 décembre, « un joyeux hiver » ? Au-delà de la caricature et du sarcasme, cette tendance se généralise et on ne peut la nier. Pourquoi certains veulent-ils saper Noël ? Qui sont-ils vraiment, et quelles sont véritablement leurs motivations ? Explorons quelques hypothèses qui ont en commun, à minima, la volonté de supprimer les symboles du christianisme, car n'oublions pas que Noël est une fête chrétienne commémorant la naissance de Jésus-Christ.


Ce mouvement de rébellion contre Noël tire-t-il son origine d'une défense intransigeante de la laïcité ? Assistons-nous à l'avènement d'une démarche cherchant à abolir tout symbole lié à la religion chrétienne ? Est-ce le reflet d'une recherche absolue, pure, et sans compromis de la laïcité pour éviter de heurter certaines sensibilités ? Ceci dit, bien que le principe de neutralité de l'État, tel qu'énoncé dans la loi de 1905 sur la laïcité, implique que l'État demeure impartial, il n’interdit pas pour autant les célébrations ou les traditions religieuses. D’autant plus qu’en réalité, les célébrations de Noël ont évolué pour englober un large éventail d’éléments laïcs et culturels, les transformant davantage en traditions culturelles plutôt que strictement religieuses. Seule la présence d’une crèche dans les mairies peut être discutable, toujours en référence à ce principe de neutralité de l'État qui ne doit pas donner l’impression de favoriser une religion en particulier. Si c’est bien la laïcité qui motive ces attaques contre Noël et que nous ne sommes qu’au début d’un processus d’épuration des symboles liés au christianisme, quelles seront les prochaines étapes ? Ne sommes-nous pas en train d’ouvrir la boîte de Pandore ? Les revendications de plus en plus extrêmes et radicales risquent de monter en puissance, et il n’est pas si aberrant que cela d’imaginer qu’un jour, certains demandent que soient rebaptisées toutes les fêtes chrétiennes. Ce serait alors la fin de Pâques, de la Pentecôte, de l’Ascension, de l’Épiphanie et de la Chandeleur. Et ensuite ? Demanderont-ils que soient rendus « invisibles » les édifices tels que les cathédrales, les églises, les chapelles, les calvaires, etc. Et au nom de l’égalitarisme et de la lutte contre les discriminations, faudra-t-il étendre cette demande aux autres lieux de culte, tels que les mosquées, synagogues et autres temples ? Cela n’a aucun sens ! De surcroît, l'argument de la laïcité pour saboter Noël prend une tournure particulièrement gênante, suggérant ainsi que des individus exprimeraient ouvertement leur hostilité envers les symboles du christianisme dans l'espace public. Ces symboles seraient interprétés comme une agression, une offense envers eux. De quoi tendre inévitablement les relations entre les communautés et stigmatiser les populations non chrétiennes. Mais est-ce que la grande majorité de ces dernières conteste vraiment la visibilité des racines chrétiennes de la France, anciennes et bien établies ? Il y a forcément des cas marginaux. Mais que représentent ces individus face à la majorité ? Ne prêtons-nous pas à ces populations non chrétiennes des propos et des intentions qui ne sont pas les leurs ? En fin de compte, ne deviennent-elles pas des boucs émissaires, utilisées comme alibi par ceux qui orchestrent cette entreprise de déconstruction de Noël tout en cachant leurs véritables motivations ?

L'autre hypothèse expliquant ces attaques contre Noël consiste à construire une fête plus universelle où tous les individus se sentiraient concernés et représentés. Elle implique d'effacer les symboles liés à la religion chrétienne pour les remplacer par d'autres, de sorte que personne ne se sente exclu. L'inclusivité et la diversité sont précisément les arguments mis en avant par les communes qui ont rebaptisé les fêtes de Noël ! Cette nouvelle fête doit refléter la pluralité des communautés qui composent la société, sans donner l’impression de favoriser ou de privilégier une communauté en particulier. La créativité et l’innovation sont à l’honneur pour mettre en lumière les femmes, les communautés ethniques ainsi que la communauté LGBTQIA+. Il n'échappe à personne que les principes d'inclusivité et de diversité sont massivement promus dans les sociétés occidentales, et les produits audiovisuels en sont la parfaite illustration. Néanmoins, décliner ces deux principes sur les fêtes de Noël interpelle et invite au questionnement. En premier lieu, de manière plutôt paradoxale, l'initiative visant à ne laisser personne de côté commence par exclure les symboles associés à la religion chrétienne, causant ainsi un préjudice aux individus attachés à ces symboles pour des raisons religieuses ou simplement pour perpétuer les traditions inscrites dans le patrimoine culturel du peuple français. Comme quoi, ce principe d’inclusivité est loin d’être équitable ! Et puis, si nous poussons la logique jusqu'au bout, quelles seront les prochaines étapes ? Tout comme pour la laïcité, faudra-t-il rebaptiser toutes les fêtes chrétiennes et invoquer la créativité et l’innovation pour faire accepter cette transformation ? A ce petit jeu, il va falloir effectivement faire preuve d’une sacrée imagination pour représenter toutes les communautés sachant que ces dernières ont tendance de nos jours à se démultiplier. Il ne faudrait tout de même pas « charger émotionnellement » certaines personnes, pour reprendre la terminologie employée par les wokes, qui ne se retrouveraient pas dans le patchwork communautaire. Avec la prédominance de l’individualisme et du règne du « moi avant tout », il y a fort à parier que les revendications issues de minorités parmi les minorités se manifestent et demandent elles-aussi à être représentées. Là encore, ne sommes-nous pas en train d’ouvrir la boîte de Pandore ? Il serait injuste d'exclure, par exemple, les bouddhistes, les taoïstes, les sikhs, mais aussi les transraciaux (personnes ne se reconnaissant pas dans leur identité ethnique de naissance), les xénogenrés (personnes qui ne s’identifient pas au genre humain) et bien d’autres encore. Et puis, cette hypothèse sous-entend, tout comme la précédente, qu'elle répond à la demande de certaines communautés, ce qui ne va certainement pas dans le sens de la concorde nationale. Rien de tel pour créer du ressentiment et attiser les tensions entre les individus. Mais une fois de plus, ne prêtons-nous pas à des communautés des propos et des intentions qui ne sont pas les leurs ?

Et enfin, il y a l’hypothèse, restant la plus crédible, qui consiste à penser que ces attaques contre Noël seraient à l’initiative exclusive de quelques élus qui, non seulement détestent les traditions faisant référence à notre modèle de société, mais veulent également les détruire, ou plus exactement les déconstruire car elles évoquent directement les racines chrétiennes profondes de la France et symboliquement, la conception traditionnelle de la famille. Derrière ces traditions, il y a forcément l’ombre du modèle patriarcal et le profil de celui qu’il est de bon ton de prendre pour cible aujourd’hui : l’Homme occidental, blanc et hétérosexuel ! En filigrane, il y a la haine du modèle de la société occidentale. Mais cela ne se dit pas, bien évidemment. Alors sous couvert de bons sentiments et d'une morale débordante, ces élus avanceraient des arguments fallacieux tels que la défense de la laïcité, l'inclusivité, la diversité, le multiculturalisme, la lutte contre les discriminations, le bien-vivre ensemble, etc. Arguments jugés incompréhensibles, tant ils sont ridicules, car qui croit sincèrement que remplacer les illuminations traditionnelles par des lumières aux couleurs du mouvement LGBTQIA+ permet de lutter efficacement contre l’homophobie ? Qui croit véritablement que remplacer le Père Noël par une Mère Noël est le meilleur moyen pour combattre le machisme, les violences conjugales, les viols et toutes les autres formes de violence faites aux femmes ? Qui est réellement convaincu que la suppression des symboles religieux peut éradiquer le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et les discriminations ? En usant d’un minimum de bon sens, qui peut sérieusement penser que rebaptiser de manière provocatrice les fêtes traditionnelles ne va pas engendrer du ressentiment chez ceux qui y sont attachés ? En usant de ces arguments, nous prêtons aux minorités ethniques et sexuelles des intentions qui ne sont pas les leurs car, faut-il le rappeler, les fêtes de Noël sont considérées de nos jours davantage comme des fêtes culturelles et traditionnelles, plutôt que des fêtes strictement religieuses. Elles réunissent les Français, indépendamment de leurs confessions, origines, identités de genre, orientations sexuelles, etc. Ces arguments ne sont que des prétextes qui jettent un discrédit sur ces minorités et contribuent à attiser les tensions et la haine de tous contre tous. Cette détestation du modèle de la société occidentale, mais aussi cette autodépréciation, font cyniquement le jeu des extrémistes au sein de ces minorités. Dans cette hypothèse, ces actes de déconstruction des fêtes de Noël ne traduisent nullement une volonté prédominante au sein des minorités ethniques et culturelles, mais sont le reflet d’une mouvance wokiste activiste, manœuvrant masquée comme à l’accoutumée. Nul n’ignore que les minorités, même les moins représentatives en nombre, sont par nature actives et « vocales » tandis que la majorité est par nature passive et silencieuse. Tocqueville disait que le problème de la démocratie, c’était la tyrannie de la majorité. Nous aurions aimé qu’il ait eu raison !