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Monde

Méditerranée : entre fractures et ambitions, l’AP-UpM cherche une nouvelle cohésion

Le Dialogue

l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée (AP-UpM) s’est réunie à Charm el-Cheikh, du 11 au 13 septembre,  sous la nouvelle présidence égyptienne. Les représentants de plusieurs parlements nationaux et du Parlement européen y ont dressé un constat clair : si la Méditerranée demeure un espace commun, elle reste profondément marquée par des crises humanitaires, des inégalités économiques et des défis sociaux et climatiques.

 

Gaza, urgence humanitaire et divisions politiques

La guerre à Gaza a dominé les débats. Les parlementaires ont dénoncé « l’obstruction de l’aide humanitaire par le gouvernement israélien », qualifiée de cause directe de la famine dans le nord de l’enclave. Ils ont exigé un cessez-le-feu « immédiat, global et durable », tout en condamnant les violations répétées du droit international humanitaire.

Lors de la session d’ouverture, inaugurée par le président du Parlement égyptien M. Hanafy El Gebali,  le président égyptien de séance, M. Mohamed Abou El-Enein, a réfuté avec force les accusations visant son pays sur la fermeture du passage de Rafah, principal point d’accès de l’aide humanitaire à Gaza. « L’Égypte n’a jamais empêché l’envoi de ces aides », a-t-il martelé, en rappelant que 70 % des convois humanitaires passés par Rafah provenaient d’Égypte. Une manière de replacer son pays au cœur de l’effort humanitaire, dans un contexte marqué par les tensions et les suspicions.

Si l’Assemblée a réaffirmé qu’aucun contrôle politique ou militaire du Hamas ne saurait être toléré à Gaza, elle a aussi rappelé que la solution à deux États demeure “le seul cadre réaliste et équitable” pour bâtir une paix durable, tout en condamnant “les représailles d'Israël contre les États membres qui ont reconnu l'État de Palestine ou annoncé leur intention de le faire, notant qu'elles constituent un chantage diplomatique injustifié”. La situation de Gaza agit comme un révélateur : sans solidarité ni coordination, la cohésion méditerranéenne reste un vœu pieux.

Une coopération économique en quête d’émancipation 

Les discussions ont également porté sur la coopération économique, considérée comme l’un des leviers les plus prometteurs pour relancer l’intégration régionale. À l’occasion du 30e anniversaire du Processus de Barcelone, une conférence économique est prévue au Caire en novembre prochain, avec la participation des cinq commissions de l’Assemblée.

Les parlementaires appellent à un véritable « nouveau pacte méditerranéen », qui irait au-delà des discours pour concrétiser l’intégration des marchés, l’investissement dans les infrastructures et le développement des énergies renouvelables. « La Méditerranée doit adopter un programme constructif », ont insisté les membres du Bureau, soulignant que seule une économie interconnectée peut offrir stabilité et prospérité partagée.

Jeunesse, femmes et climat : des priorités immanquables

Autre axe central : l’avenir social et climatique de la région. L’AP-UpM a annoncé la tenue en avril 2026 d’une convention sur les politiques de jeunesse et l’autonomisation des femmes. Ces deux groupes, essentiels à l’équilibre démographique et social de la Méditerranée, font encore face à de lourds obstacles en matière d’accès à l’emploi, de participation politique et de reconnaissance de leurs droits.

Dans le même temps, les parlementaires alertent sur les effets dévastateurs du changement climatique sur la biodiversité méditerranéenne. Sécheresse, montée des eaux et dégradation des écosystèmes menacent directement la stabilité humaine et économique. Pour eux, ces enjeux ne peuvent être traités isolément : l’avenir des jeunes et des femmes est intimement lié à la capacité des pays méditerranéens à bâtir des politiques environnementales communes.

 

Vers un « nouveau pacte » ?

À l’issue des travaux, l’AP-UpM a exprimé son souhait de bâtir « un agenda positif » et a placé beaucoup d’espoir dans le futur « Nouveau Pacte pour la Méditerranée” que présentera la Commission européenne. Reste à savoir si cette ambition saura résister aux vents contraires de la géopolitique, aux inégalités économiques persistantes et aux urgences humanitaires.

 

La Méditerranée dans le contexte actuel et si critique est à la croisée des chemins : soit elle continue de subir ses fractures, soit elle trouve dans la solidarité et la coopération les fondations d’une cohésion courageuse et enfin tangible.