« Florence » n’est pas un point sur une carte.
C’est une épreuve pour l’âme : ou bien tu la vois… ou bien c’est elle qui te voit.
Cette ville que les poètes n’ont pas tant écrite qu’ils ne s’y sont écrits eux-mêmes.
Dante, son fils exilé, la voyait comme une blessure qui ne guérit jamais et un amour que l’on n’oublie pas ; une ville qui chasse ses enfants, mais qui continue de les habiter pour toujours.
Goethe, voyageur au regard de philosophe, y trouva un lieu qu’on ne se contente pas de voir : on le comprend par l’esprit et on l’aime par le cœur, comme une leçon complète sur le sens du beau.
Shelley, lui, sentit que la pensée elle-même s’était changée en pierre à Florence, et que la poésie n’était plus des mots, mais une architecture dressée, dont les murs sont le sens et le toit l’imaginaire.
Dans ses ombres, Byron aperçut cet étrange mariage entre la gloire et la mélancolie, où la beauté n’est jamais légère, mais teintée d’une noble tristesse qui lui donne profondeur et majesté.
Oscar Wilde, fuyant la banalité du monde, trouva à Florence une patrie pour l’art, la preuve vivante que la beauté peut offrir à l’homme un sentiment d’appartenance plus fort que n’importe quelle terre.
Rilke, le méditatif silencieux, n’y vit pas une simple ville, mais un état spirituel permanent, une veille intérieure qui ne s’éteint jamais.
Quant à Henry James, il remarqua que l’histoire, à Florence, ne s’explique pas et ne se vante pas : elle se contente de te regarder en silence, sûre de sa présence.
Et finalement, Eliot dit :
Florence t’enseigne le silence —
non pas celui du vide, mais celui de la plénitude…
plénitude de l’art, de la mémoire et de l’humain,
lorsqu’il fait face à la beauté pure sans éprouver le besoin de l’expliquer.
Florence — 17 heures, heure du Caire