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Économie - Énergie

La décarbonation de nos sociétés nous paraît souvent comme un Mont Everest !

Le Dialogue

Un habitant du quartier roule en trottinette électrique sur la "Promenade des anglais" à Nice le 11 juillet 2022. Photo : Valery HACHE / AFP.

 

La décarbonation de nos sociétés nous paraît très souvent, comme un Mont Everest quasi infranchissable. Mais en réalité, je me pose de plus en plus souvent la question si ce n'est pas juste la pointe d'un iceberg. Le gros travail est peut-être aussi dans le domaine diplomatique. Nous nous sommes fixé comme objectif d'être neutres en carbone d'ici 2050. Aujourd'hui, l'électricité, qui est le vecteur essentiel pour la décarbonation, représente 25 % de la consommation d'énergie en France et en Allemagne. En Allemagne, c'est un peu moins même, donc la pente est encore plus raide. En plus, dans la génération d'électricité en Allemagne, il y a actuellement encore plus de fossiles. C'est juste un petit ordre de grandeur de ce qui nous attend dans les 30 ans à venir. 

 

Qu'est-ce que ça veut dire pour nous ? 

Un besoin très massif de nouvelles capacités de génération. L'Agence Internationale de l’Energie nous parle d'un facteur deux d'ici 2050 pour les capacités de génération, mais on ne peut pas attendre jusqu'en 2050. Il faut même que pour ces 15 prochaines années, comme nous l'avons également entendu récemment dans les campagnes électorales et dans la presse, commencer cela aujourd'hui. Si nous voulons décarboner les usages qui sont très fossiles actuellement, c'est à dire surtout la mobilité, la chaleur et d'autres projets, l'hydrogène doit être également pris en compte. Tout ça, ça passe par l'électricité et nous pouvons avancer. Nous avons regardé cela d'un peu plus près chez nous, avec l'aide de différentes statistiques, le conseil de différents chercheurs. Or nous comparons les émissions de CO2 dans les différents secteurs de consommation, l'électricité, la mobilité et pour la chaleur. Nous avons pris également l'électrolyse comme nouveau sujet. Il est ici intéressant de comparer ce que l'on pourrait faire avec un alternateur d'électricité décarbonée supplémentaire, où mettre le curseur pour arriver à une baisse des émissions plus massive, donc plus efficace également. Dans l'électricité, nous voyons que l'Allemagne émet à peu près dans ce secteur 10 fois plus de CO2. Donc en Allemagne, ce serait très intéressant d'utiliser cette électricité pour l'électricité. En France et en Allemagne par contre, le secteur où ce serait le plus efficace, ce serait dans la mobilité, pour électrifier par exemple la mobilité individuelle avec des voitures. Là, nous avons comparé la moyenne des immatriculations en 2020 avec un modèle Tesla. Là, il y a beaucoup de choses à faire. Mais ça veut dire aussi qu'il faut fournir ces sources propres d'électricité. L'effet est un peu moindre sur les pompes à chaleur en comparaison avec des chauffages à gaz et l'électrolyse. Donc il faut d'abord regarder en direction de la mobilité, et, en Allemagne surtout, la décarbonation de la génération massive. Là, nous parlons d'électricité propre. Il convient d’avoir plus d'électricité tout court, mais il faut la trouver… or nous observons actuellement en France plutôt une baisse de la production de l'électricité qu’il va falloir compenser. Il faudra aussi bien sûr, par la suite aussi, préparer un développement massif des moyens de production d'électricité pour pouvoir décarboner tous ces usages. J'ai préparé par la suite un concept qui est peut-être un peu ringard maintenant, c'est une analyse SWOT. En France, on appelle cela Forces, faiblesses, opportunités, menaces. Si nous parlons de la force d'une transition énergétique décarbonée vers un système énergétique décarboné, il y a plein d'opportunités. Il y a surtout pour des pays comme la France et l'Allemagne, qui sont des pays d'ingénieurs, d'inventeurs, de scientifiques, il y a là de nouvelles technologies à développer. Il y a également des filières industrielles à créer, des formations, des emplois à mettre en route. Et tout cela également parce qu’une tonne de CO2 vaut facilement une autre. Or ce sont des technologies qui vont très facilement s'exporter. Là, je vois un point très fort de ce projet de décarbonation et de transition énergétique qui, depuis 2021, reçoit bien sûr également un coup de pouce par les prix d'énergie très élevés. 

Les énergies renouvelables, par exemple, sont sans doute aussi une possibilité de se rendre moins dépendant des importations d'énergie. Le facteur très positif est que l'argent est là pour investir. Malgré une situation sur les marchés financiers qui devient plus compliquée, les moyens sont là, la volonté d'investir également. 

Si nous regardons maintenant les faiblesses, il y a un besoin massif de nouvelles capacités de production. Pour l'instant, le facteur le plus limitant ce sont les signaux émis par les gouvernements, en ce qui concerne la législation également, l'impôt par exemple. Nous avons beau dire qu'il faut investir dans les énergies renouvelables, mais si en même temps nous voyons que les fossiles sont subventionnés, ce n'est pas toujours très clair pour le consommateur… Difficile pour lui de savoir quelle voiture il doit acheter dans l'avenir parce qu'il ne sait pas finalement ce qui lui revient moins cher et je pense que ces facteurs microéconomiques sont aussi importants pour l'industrie que pour les particuliers. Donc un vrai travail à mener de simplification du cadre réglementaire et d’accélération des régimes d'autorisation. Nous avons par la suite également, je pense, un vrai effort européen à réaliser où tout ça doit être mis en cohérence. Mais les grands enjeux sont peut-être plutôt au niveau international. L’enjeu est certes incroyable, sauver notre planète, n'est-ce pas ? Je pense que cela vaut quelques sacrifices.