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Editos

Le masque d’or, la plus magnifique découverte

Zahi Hawas / CRIS
Zahi Hawas / CRIS BOURONCLE - AFP

« C’est le masque d’or  de Toutankhamon ». Telle  fut  ma réponse à la question posée par un journaliste célèbre à l’une des chaînes télévisées américaines au sujet de la plus belle pièce d’antiquité  - sans pareil- découverte  jusqu’à  nos jours. Et,  si  je prends la plume pour  écrire cet article,  c’est  parce que le grand  journaliste italien  Angela est  en  visite en  Egypte et  m’a posé la même  question. Je lui  ai  donné alors rendez-vous au Musée du  Caire  où nous sommes restés  ébahis devant  cette pièce d’art  unique et extraordinaire,  la plus belle de toutes les pièces du  trésor funéraire du  roi  Toutankhamon. Chaque fois que  je me trouve devant  ce masque mortuaire,  je me sens  comme figé et  mon  esprit fasciné  et  inerte devant l’art  de l’ancien  Egyptien et  comment  la réalisation  d’une telle œuvre  d’art  est impossible  de  nos jours.  L’Egyptien  d’autrefois   a excellé à  travailler  minutieusement l’or  et à  y  incruster des pierres semi- précieuses en défiant  le temps, l’ancienneté  et les siècles.  Je répondais à  mon  interlocuteur  avec les yeux   rivés sur  le  masque. En  me tournant  vers lui, je l’ai  trouvé, lui  aussi, ébahi   en le contemplant  . Il  a  murmuré ainsi: « Je l’ai  vu  en photo  à plusieurs reprises  et jamais je ne l’ai  imaginé  aussi splendide.  Et,  à  ce point, il  me demanda de  lui raconter  l’histoire  de sa découverte. 

Je reviens ici au moment de la découverte de la tombe  de Toutankhamon, en novembre 1922,  par l'archéologue britannique Howard Carter  qui,  trois ans plus tard,  en  1925, l’a  ouverte  pour y trouver la momie  à l’intérieur de trois  sarcophages  d’or  et son  visage  couvert par  ce  magnifique masque et  à  côté 150  autres pièces d’antiquité  d’or  dont des amulettes et  des bijoux à l’intérieur et à l’extérieur de la momie. Après l’avoir  placée longtemps au  soleilCarter  a essayé- en  vain- de  détacher le masque  de la momie ou même du sarcophage interne : le masque était collé à la momie par une étrange matière adhésive.  Nous  ignorons  également  pour  quelle raison  les Egyptiens  ont procédé  de la sorte et uniquement  au  sujet de cette momie. Carter  a eu donc  recours à  des outils incisifs   comme les  couteaux,  les a mis  au  feu  et s’en  est  servi pour détacher le masque  au  dam de  la momie  qui  a failli  être  sérieusement endommagée.  Sous le regard  inquisiteur du  journaliste, j’ai  commencé à  décrire le masque  qui représente  la tête  de Toutankhamon  portant  une sorte de coiffe rayée à bandes dorées et bleues, ces dernières à base de pâte de verre imitant le lapis-lazuli  avec  une barbe  postiche  exécutée d’or et de de  pâte de verre. Sur la tête du  roi  nous trouvons les symboles  du nord et du  sud de  l’Egypte :  les deux déesses Ouadjet  et Nekhbet en  or  massif. Il arbore un large collier ousekh composé de douze rangées de petites pièces couvertes de pierres semi-précieuses. Ce collier est accroché au niveau des épaules par des fermoirs en forme de tête de faucon. Le blanc des yeux-  pleins de vie- est fait de quartz blanc  et la pupille d'obsidienne. Ils sont rehaussés d’un liséré de lapis-lazuli pour imiter le khôl  et les sourcils.  A contempler  les  yeux  du  roi  à la recherche du  mystère  de  ce  chef d’œuvre  d’orfèvrerie,  je suis envahi par  l’impression de témoigner  d’une civilisation  qui  a duré des milliers d’années  et  d’un peuple qui  a  travaillé sans  cesse  que je l’entends exécutant de telles œuvres.

Il y a quelques mois, j’ai reçu  une  animatrice d’un  programme hebdomadaire à la  télévision japonaise  âgée  de treize ans. Je  l’ai accompagnée  au  Musée du  Caire  pour lui faire voir le  masque  funéraire de Toutankhamon.  Elle est restée émerveillée pour  une  demi-heure à  le  contempler sans proférer un mot.  C’est  le charme du masque d’or.