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Ces ONG américaines qui ont préparé l’Ukraine à la guerre depuis les années 1990 [ 2 - 2 ]

Le Dialogue

L'investisseur et philanthrope américain d'origine hongroise George Soros s'adresse à l'assemblée en marge de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos le 24 mai 2022. Photo : Fabrice COFFRINI / AFP.

 

L’Ukraine, « la plus grande fierté » de Soros

 

La révolution de l’Euromaïdan a été planifiée, financée et exécutée avec l’aide d’ONG financées par les USA. Les Américains, qui veulent impérativement éloigner la Russie de l’Europe, n’ont pas attendu la fin de la République socialiste soviétique pour s’ingérer dans les affaires internes ukrainiennes.

Avant même la chute de l’URSS, Washington a déployé une armée d’ONG officiellement altruistes mais qui étaient en réalité des machines à renverser des gouvernements et à transformer les sociétés. Certaines reçoivent des finances directement du gouvernement américain tandis que d’autres sont financièrement indépendants tout en véhiculant le même discours atlantiste. George Soros, Hongrois naturalisé américain, est un milliardaire progressiste très impliqué sur des sujets sociétaux et politiques à travers sa fondation Open Society. Il est très souvent sur la même longueur d’onde que la politique étrangère et sociétale américaine.

Avant même la chute du communisme en 1990, il lance dans la République socialiste soviétique d’Ukraine l’International Renaissance Foundation (IRF) qui fait partie de la nébuleuse Open Society. Les USA aiment s’appuyer sur les réseaux et les finances de Soros pour influencer la scène politique de pays étrangers comme la Colombie, le Royaume-Uni, la France ou le Nigeria et bien d’autres pays… Sa fondation Open Society clame : « Les fondations Open Society sont le plus grand donateur privé au monde pour les ONG et associations œuvrant pour la défense des droits de l’homme, de la justice et de la démocratie... » Ce militant mondialiste a financé des groupuscules dans toute l’ex-URSS à tel point que George Soros lui-même dit qu’il est en train de « remplacer l’Union soviétique par l’Union Soros... »

En 2023 l’IRF se vante d’avoir soutenu plus de 9 000 projets en Ukraine depuis 29 ans pour un budget officiel de plus de 230 millions de dollars. Parmi les projets de Soros en Ukraine on retrouve entre autres la création d’un média atlantiste (Unian), un syndicat de journalistes,

un centre de formation de professeurs, une radio atlantiste (Hromadske Radio) ou un centre d’aide aux soldats ayant participé à la guerre depuis 2014. La IRF ne cache pas l’implication de ses membres dans le lobbying en faveur de différentes lois passées par la Rada ukrainienne. Lors d’un colloque organisé par l’Asia Society en 2015, Soros se vante d’avoir consacré la majeure partie de son temps à l’Ukraine où sa fondation a accompagné les membres du nouveau gouvernement issu du coup d’Etat de 2014. Parlant de son activité dans les pays d’Europe de l’Est, il déclare : « Ma plus grande implication est l’Ukraine, où il y a une nouvelle Ukraine désireuse de faire partie de l’UE… Les personnes impliquées, au sein du gouvernement et de la société civile, ont été en quelque sorte en contact avec la Fondation. C’est très gratifiant. » Dans un document confidentiel de 2015, qui a été fuité, intitulé Draft Non-Paper / v14 A short and medium term comprehensive strategy for the new Ukraine (Projet de texte officieux / v14 Une stratégie compréhensive à court et moyen terme pour la nouvelle Ukraine), George Soros explique qu’il faut aider l’Ukraine à devenir stable afin d’encourager les investissements mais il appelle en même temps à réarmer l’Ukraine. Soros reconnaît que Vladimir Poutine veut une désescalade militaire et que les Accords de paix de Minsk 2 vont aider Poutine à atteindre ses objectifs. Mais, au lieu d’avancer sur le terrain de la réconciliation et de la paix, il préconise de faire de l’Ukraine une « priorité de défense » et propose que les alliés de la « Nouvelle Ukraine » « aident l’armée ukrainienne à restaurer sa capacité de combat ». Le milliardaire américain demande que l’ex-général américain Wesley Clark (commandant suprême des forces de l’OTAN pendant l’attaque illégale contre la Yougoslavie en 1999 et aussi partenaire d’affaires de Soros dans BNK Petroleum qui s’appelle aujourd’hui Kolibri General Energy Inc.), le général polonais Waldemar Skrzypczak et quelques spécialistes, sous les auspices de l’Atlantic Council (think tank atlantiste), conseillent le président Porochenko sur la restauration de la capacité de combat de l’Ukraine sans pour autant violer les Accords de Minsk. George Soros évoque également le rôle du Conseil national de la réforme (NRC) qui regroupe l’administration présidentielle, le conseil des ministres, la Rada et ses comités, ainsi que la société civile. Le document du philanthrope belliqueux dit que le NRC définit les priorités législatives et que le président et le Premier ministre collaborent pour faire passer les projets de loi dans la Verkhovna Rada. Le document de Soros rappelle que l’IRF, qui est la branche ukrainienne de la Fondation Soros, à ce moment-là finançait 100 % du NRC. C’est donc une ONG américaine qui dispose de liens étroits avec le gouvernement américain qui définit les priorités législatives de la « Nouvelle Ukraine » issue du coup d’Etat de 2014. Parmi les réformes économiques proposées par Soros, le milliardaire veut s’attaquer en priorité à la réorganisation du géant énergétique Naftogaz et missionne, pour ce faire, le cabinet de conseil américain McKinsey. Il souhaite aussi que l’UE et le FMI jouent un rôle majeur dans le soutien financier à l’Ukraine. Les Etats-Unis se cachent à peine d’avoir organisé la révolution de couleur et le coup d’Etat et de téléguider le nouveau régime ukrainien qu’ils ont eux-mêmes mis en place. Quand le journaliste britannique Shaun Walker demande au milliardaire Soros quel est le projet dont il est le plus fier : « Il parle des progrès politiques incomplets mais prometteurs réalisés en Ukraine, où sa fondation a soutenu un large éventail de programmes de la société civile pendant des décennies. »

 

L’ingérence US en Ukraine avant même la chute du communisme a eu pour but de favoriser l’émergence d’une élite politique radicalement opposée aux Russes et aux Ukrainiens sympathisants de la Russie qui est perçue par Washington comme un rival sur le continent européen. Cette stratégie de réingénierie sociale par des ONG est une marque de fabrique de la politique étrangère états-unienne. Grâce à l’aide de nombreuses ONG comme la NED, USAid, l’American Enterprise Institute ou l’Open Society de George Soros, les Atlantistes ont soutenu et financé le coup d’Etat de Kiev de 2014. Selon le patron du centre américain d’études sécuritaires Stratfor (que d’aucuns assimilent volontiers à l’arrière-cour de la CIA), George Friedman, le renversement du gouvernement légitime d’Ukraine est le « coup d’État le plus flagrant de l’histoire. » Ce coup d’Etat atlantiste a entraîné les Ukrainiens dans une guerre civile devenue conflit international. Les ONG américaines et leurs alliés n’ont pas apporté la paix et la démocratie en Ukraine mais la guerre et la désolation. Les Ukrainiens servent de chair à canon dans un conflit voulu et fomenté par les USA pour éliminer un potentiel rival sur le continent européen. Cette ingérence de Washington dans les affaires de nations souveraines est la cause directe de révolutions et de guerres civiles qui sont les causes de centaines de milliers de morts dans le monde. C’est une pratique complètement illégale au regard de la charte des Nations Unies, hélas l’empire américian semble être au-dessus du droit international. Pour l’instant.