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Monde

L'Égypte est un des neuf pays leaders dans la recherche spatiale

Le Dialogue

Le directeur de l'EGSA, l'Agence Spatiale égyptienne, le professeur Sherif Sedqy a annoncé le 13 septembre que le nouveau satellite égyptien baptisé Nex Sat 2, assemblé et testé en Égypte, serait sur le point d'être lancé fin 2023. Le satellite permet de surveiller le changement climatique. Le 7 juillet 2023, l'Agence égyptienne, a annoncé qu'un autre satellite égyptien, Nex Sat 1, serait à son tour lancé depuis la Chine à la fin de l'année, après des tests en Allemagne. 

L'objectif de l'Égypte est de lancer de nombreux satellites, structurant une constellation d’appareils créant un système autonome de surveillance du climat. Le projet s'inscrit dans la stratégie de développement durable baptisée Égypte 2030 et représente une étape essentielle du programme égyptien sur la recherche spatiale.

Auparavant, au début de cette année, la Chine, principal partenaire scientifique du Caire, avait lancé deux satellites le 23 février : le satellite Horus 1 (du nom de la divinité du Panthéon mythologique égyptien Horus). 

Et le 13 mars 2023, les Chinois ont également lancé depuis la base de Junquan le satellite Horus 2. Les deux satellites ont été produits par CASC, l'Académie chinoise des technologies spatiales.

Concernant la coopération en cours entre Pékin et Le Caire, il faut rappeler qu'aujourd'hui, le portefeuille global de cette collaboration s'élève à 1,7 milliard de dollars. 

 

La genèse de la recherche spatiale égyptienne

Le premier projet de satellite égyptien remonte à 2001. Et e premier satellite égyptien Egypte Sat 1 a été construit par les Égyptiens en collaboration avec l'ukrainien Yuzhnoye Design. Il avait été lancé de Baïkonour au Kazakhstan, le 17 avril 2007. Le second satellite du pays des Pyramides, Egypt Sat 2, avait été construit avec RSC Energy Russia et lancé le 16 avril 2014.

 

L'Égypte, acteur de la recherche spatiale internationale

L'Égypte est souvent imaginée, dans l'imaginaire collectif comme un pays d'archéologie par excellence, mais ce pays possède aussi un système de recherche scientifique d'excellence, l'un des plus importants d'Afrique et du Moyen-Orient, avec un programme de recherche spatiale de pointe, qui le place scientifiquement au même niveau que l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis qui ont récemment obtenu des succès notables dans l'exploration spatiale. 

En général, aujourd’hui, toute la recherche spatiale dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient évolue rapidement. Les Émirats sont le quatrième pays au monde à avoir atteint Mars avec une sonde en orbite, après les États-Unis, la Russie et la Chine. Tandis que l'Inde vient d'atteindre à son tour le pôle sud de la Lune : l'Inde est donc, avec les États-Unis, la Russie et la Chine, le quatrième pays au monde à avoir atteint le satellite naturel de notre planète…

 

L'évolution de la recherche scientifique spatiale égyptienne

Déjà, à l'époque du Président Nasser, au début des années 1960, et coïncidant avec le début de l'exploration spatiale russe et américaine, l'Égypte avait lancé son propre projet de recherche spatiale, ambitieux et concret. Objectif d'autant plus audacieux et courageux, qu'il était né à lors de la récente indépendance du pays, qui exprimait alors pleinement son identité nationale.

Le projet est resté complètement en ruine à cause de la guerre de 1967 et n’a repris qu’en 1994, avec la naissance de l’Agence spatiale égyptienne, un organisme aujourd’hui en plein développement. Cet organisme a pour mission d'analyser et d'étudier les données satellitaires et réalise des activités de recherche scientifique ainsi que technologique. 

Il est dirigé par le professeur Sherif Sedqy, qui a succédé au fondateur, le Pr. Mohamed El Quoisi.

Depuis 2019, il coordonne avec l'Agence Spatiale italienne ASI des travaux de recherche, dans lesquels opère une importante coopération mutuelle qui se développe progressivement. 

Par ailleurs, ce que peu de gens savent, c'est que Le Caire abrite depuis 2017, le siège de l’Agence Spatiale Internationale Africaine, qui regroupe les programmes des pays africains en matière de recherche spatiale et prévoit la création, qui serait un événement historique, des missions spatiales africaines.

L'Union Africaine, qui fédère les États d'Afrique, soutient et finance activement les projets de recherche menés au Caire par l'Agence Spatiale Africaine. Le plan Africa 2063 de l'Union Africaine, prévoit l'intégration progressive des pays africains, jusqu’ici exclus de ce domaine, dans les projets d'exploration et de recherche de l'Agence Spatiale Africaine. 

S'il existe encore peu de pays africains activement impliqués, sinon à travers des scientifiques individuels ou des groupes de recherche, il convient de rappeler que l'Égypte, l'Afrique du Sud et la Tunisie sont aujourd’hui les pays africains les plus concrètement engagés dans la recherche spatiale, malgré les différents horizons scientifiques, en raison de l'interaction historique de la Tunisie avec le système de recherche français et de celui du Caire, avec les systèmes anglo-saxon et américain. 

 

Les activités de l'Agence Spatiale Égyptienne

Depuis 2000, l'État égyptien alloue un fonds dédié au secteur spatial. Ce fonds dispose aujourd’hui d'un budget croissant de plus 65 millions de livres égyptienne EGP.

Mais avec la gouvernance actuelle, la recherche spatiale a connu un développement rapide et sans précédent : grâce à loi présidentielle N°3 de 2018, promulgué le 17 janvier 2018, la direction de l'Agence Spatiale intègre aujourd’hui activement, dans son conseil d'administration, à la fois le Premier Ministre Mostafa Madbouly, le Ministre de la Recherche Scientifique, Khaled Abdel Ghaffar et le ministère des Technologies de l'information. Elle dispose d'un centre de recherche basé dans le quartier technologique intelligent de la Ville du 6 octobre, près de Gizeh.

L'Agence s'occupe non seulement des satellites mais également de la gestion de la recherche technologique définie comme STEM : Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques. L’EGSA gère actuellement 10 satellites, dont les plus récents sont Nilesat 301 et Horus 1.

Nilesat est le résultat d'une collaboration active entre l’Égypte, l'Italie et la France, (dans le cadre du dialogue entre le Moyen-Orient et l’Europe), à travers Thales Alenia Space, basé à Cannes, grâce à une joint-venture réunissant le groupe technologique français Thales et l'actif technologique italien Alenia. Ils coopèrent avec Space X d'Elon Musk.

 

L'économie spatiale égyptienne

Une conséquence directe de la nouvelle Agence Spatiale Égyptienne est la naissance de la Cité Spatiale Égyptienne au Nouveau Caire, qui comprend également l'importante, on l’a dit, Agence Spatiale Africaine.

La cité de recherche spatiale d'El Tagammo est composée de 23 bâtiments couvrant 5000 mètres carrés et forme un pôle dans la ville du Nouveau Caire. La nouvelle expérience de recherche spatiale produit donc des effets positifs sur le développement égyptien, sur l'amélioration du développement durable et sur la création de villes plus écologiques, dans un pays qui dépend de plus en plus des panneaux solaires pour son énergie.

L'Égypte est donc en plein développement technologique et économique et affronte le défi de la conquête spatiale aux côtés des grandes puissances mondiales, au nom de son leadership en Afrique.