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Afrique

Une base navale Chinoise au Gabon… les jeux sont-ils faits ?

Le Dialogue

Le Président du Gabon Brice Clotaire Oligui Nguema, ( photo présidence)

 

La diplomatie de l’Empire du milieu est sur les charbons ardents. Elle suit avec anxiété les premiers jours du Général Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête de la transition gabonaise. Étant entendu qu’avant le putsch du 30 août 2023, la Chine venait de sceller, après plusieurs mois d’âpres négociations, un accord historique avec le président déchu, Ali Bongo Odimba (ABO), visant à installer une base militaire chinoise à Port Gentil au Gabon, révèle Africa Intelligence.

 

Le dossier avait été au cœur de la visite officielle d’ABO, à Pékin, en avril 2023. Lors d’un tête-à-tête, le désormais ex-chef de l’État gabonais avait formalisé son accord oral au projet au président Xi Jinping

De fait, depuis le début de l’année 2023, des négociations exclusives entre la Chine et le Gabon avaient été initiées.

 

Et c’est ainsi qu’après plus d’un an de très discrètes négociations, notamment avec l’ambassadeur chinois dans le pays, Li Jinjin, Pékin était parvenu fin mai 2023 à la conclusion d’un accord historique avec l’ancien chef d’État, quant à l’installation d’une base navale à Port Gentil sur la presqu’île de Mandji. 

Pour illustrer la qualité des relations en entre Pékin et Libreville, qui ne date pas d’hier, l’Amiral Dong a souligné que le Président Ali Bongo Ondimba était le premier Président africain à avoir effectué une visite d’État en Chine après la réélection du Président chinois Xi Jinping, témoignant ainsi des liens exemplaires entre les deux dirigeants et leurs peuples respectifs.

On notera par ailleurs que les Chefs d’État des deux pays ont décidé de faire passer le partenariat entre le Gabon et la Chine du concept de « Partenariat de coopération globale » en 2016 à celui de « Partenariat stratégique de coopération globale » en avril 2023. Cette évolution témoigne du reste de l’approfondissement des relations et de l’engagement mutuel à renforcer la coopération bilatérale dans divers domaines.

Si le Général Oligui Nguema décidait de suivre son prédécesseur, l’Afrique compterait deux bases militaires chinoises de ce type. Étant entendu que la première à élire domicile dans le Continent se situe dans le Golfe d’Aden dans ce pays État , au combien stratégique, de Djibouti depuis 2017.

 

Pour mémoire, la Chine avait d’abord tenté d’approcher la Guinée équatoriale révèle le Wall Street Journal[1] en décembre 2022, mais le président gabonais déchu et sa ministre de la défense, Félicité Ongouori Ngoubili, avaient offert de meilleures conditions et garanties à l’administration de Xi Jinping.

 

On indiquera volontiers qu’en mars 2022, le patron de l’Africom d’alors, Stephen J. Townsend, avant sonné l’alarme devant la chambre de représentants quant à l’éventualité de voir la marine de guerre chinoise s’implanter dans le golfe de Guinée, et ouvrir l’Atlantique-nord à ses navires.

Dans ce contexte, force est de constater que le Pentagone avait mené un intense lobbying pour dissuader le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, d’accueillir une base militaire chinoise.

En août 2023, c’est Ali Bongo, alors président du Gabon et juste avant le Coup d’État qui l’a renversé, fit une « révélation stupéfiante » à Jon Finer, un haut conseiller de la Maison-Blanche : lors d'une réunion au palais présidentiel, Omar Bongo admit avoir secrètement promis au leader chinois Xi Jinping que Pékin pourrait stationner des forces militaires sur la côte atlantique du Gabon.

Alarmé, Jon Finer, conseiller principal adjoint à la sécurité nationale des États-Unis, exhorta Bongo à retirer cette offre, selon un responsable américain de la sécurité nationale, indique The Wall Street Journal, le 10 février 2024. 

Les États-Unis considèrent l'Atlantique comme leur « arrière-cour stratégique » et considèrent volontiers qu’une présence militaire chinoise permanente, en particulier une base navale où Pékin pourrait réarmer et réparer des navires de guerre, comme une menace sérieuse pour la sécurité américaine.

"Chaque fois que les Chinois commencent à fouiner dans un pays côtier africain, nous nous inquiétons", a déclaré un haut responsable américain.

 

Quant à Paris, il n’était pas en reste, révèle Africa Intelligence, puisque l’ancien chef d’État-Major de la Marine, l’Amiral Pierre Vandier, était à la barre en juillet 2023, lors de sa rencontre avec ABO, pour le voir renoncer à cette initiative. 

Par ailleurs, à l’automne 2023, l’ambassadeur de France au Gabon, Alexis Lamek avait évoqué cette préoccupation brièvement avec le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Preuve que la France, malgré le Putsch du 30 août 2023 n'a pas encore perdu pied au Gabon.

Pour l’heure, on l’aura compris, la Chine a bel et bien l’intention de discuter au plus vite avec l’homme de la transition, pour évoquer et pour ne pas dire décrocher la confirmation de l’implantation de cette base navale à Port-Gentil.

Étant entendu que depuis 2019, Brice Clotaire Oligui Nguema avait été mis au parfum des négociations entre le Gabon et la Chine, sans pour autant y prendre part...

Vu l’émoi des États-Unis quant à l’éventuelle installation de cette base navale chinoise au large du Gabon, on croit comprendre que Brice Clotaire Oligui Nguema se serait ainsi aligné sur le choix de son prédécesseur… 

 


 


[1] https://www.wsj.com/articles/china-seeks-first-military-base-on-africas-atlantic-coast-u-s-intelligence-finds-11638726327