Malgré la situation tragique qu’a connue l’Égypte sous le régime sectaire et sanglant des Frères musulmans et de leur président, Mohamed Morsi, le peuple égyptien n’avait pas perdu son sens de l’humour, largement nourri par les déclarations grotesques et ridicules, mais particulièrement comiques, de celui qui fut, au moins nominalement, en charge de la destinée du pays pendant une année.
En effet, Mohamed Morsi avait le don de multiplier, à l’occasion de ses interventions publiques, les déclarations et les expressions incompréhensibles et décalées, traduisant son inaptitude à la fonction, en raison de ses limitations intellectuelles comme de sa méconnaissance du protocole. Ses nombreux discours, involontairement comiques, faisaient le régal des Égyptiens qui en pleuraient de rire, malgré les efforts de la télévision nationale qui fit beaucoup de montages pour effacer la plus grande partie des bévues orales de Morsi.
Ainsi, lorsqu’ils présentaient alors la généalogie des présidents du pays depuis la révolution contre la monarchie, le 23 juillet 1952, les Égyptiens énoncent-ils : « Nous avons eu Mohamed Naguib, puis Gamal Abdel Nasser, puis Anouar El-Sadate, puis Hosni Moubarak ; ensuite une pause comédie ; puis Adli Mansour (président par intérim) et enfin Abdelfattah El-Sisi ». La « pause comédie » fait référence à l’intermède des Frères musulmans qui ont exercé le pouvoir en Égypte du 30 juin 2012 au 30 juin 2013, avant d’être renversés par un vaste mouvement populaire, soutenu par l’armée.
Nous livrons ci-dessous un petit florilège de quelques-unes des meilleures « perles » de Morsi à l’époque.
- Lors de son arrivée au pouvoir, Morsi convoqua le commandant de la Garde républicaine et lui demanda de l’emmener faire une promenade afin de visiter le palais présidentiel. Le général lui répondit que cela ne relevait pas de ses fonctions, qui étaient d’assurer sa protection et celle de sa famille. Mais Morsi insista, arguant que la Garde républicaine était au service du président. Le général refusa de nouveau, lui indiquant que les visites relevaient de la mission des membres du bureau du protocole. Morsi devint furieux, croyant que le commandant de la Garde républicaine ne voulait pas venir se promener avec lui.
- Lorsqu’en août 2012, des terroristes d’Al-Qaïda kidnappèrent des soldats égyptiens, Morsi déclara aux forces de l’ordre : « Je souhaite le bon état des kidnappés et des ravisseurs ».
- Le 19 septembre 2012, signant le drapeau national sur lequel un égyptien collectionnait les autographes les plus prestigieux comme souvenirs, il écrivit : « Mes chers enfants les martyrs, je vous souhaite bon courage ».
- Lors de sa rencontre avec l’ex-Premier ministre australienne Julia Gillard, à New-York, durant l’Assemblée générale des Nations-Unies (septembre 2012), Morsi avait eu un comportement pour le moins surprenant. Les médias égyptiens, australiens et américains avaient tous relevé que ses yeux étaient fixés durant tout l’entretien sur les jambes de la dirigeante australienne et qu’il caressait son organe génital de sa main gauche ! Quelques jours plus tard, il est tétanisé de la même manière face à la féminité de la présidente argentine, Cristina Kirchner.
- En novembre 2012, à l’occasion d’un discours à ses fidèles des Frères musulmans dans la rue, face au palais présidentiel, Morsi déclare : « Je connais mes opposants : ils se rassemblent dans une petite rue et ils sont au nombre de 5, 6, 7, 3, 4… ».
- Quelques jours plus tard, toujours en novembre 2012, il déclare lors d’une intervention publique : « Mon âme, mon esprit et mon corps sont avec vous maintenant, mais mon âme et mon esprit sont présents dans plusieurs endroits ailleurs aussi ».
- En 2012 également, à l’occasion de la visite d’une association de charité et d’un orphelinat, Morsi affirme : « J’ai rencontré des orphelins et j’ai senti véritablement que probablement leurs parents sont décédés ».
- Lors d’une visite en Allemagne, le 31 janvier 2013, à l’occasion d’une conférence de presse, Morsi tenta de convaincre les Allemands de ne pas boire d’alcool, surtout de la bière. Cherchant un exemple pour appuyer son propos, dans un très mauvais anglais, il leur déclare : « Gas and Alcool don’t mix ».
A l’occasion de ce même voyage, durant le discours de la chancelière Angela Merkel, Morsi s’est subitement mis à regarder sa montre en public, comme si son hôte avait pris trop de temps. Cela provoqua l’arrêt momentané du discours de la chancelière allemande qui se retourna et fixa Morsi afin de lui faire comprendre que son attitude ne respectait pas « l’étiquette ». Il réagit comme si rien n’était arrivé.
- « Je salue la femme avec tous ses genres », déclaration à l’occasion de la journée mondiale de la femme, le 8 mars 2013.
- « Ô peuple de Port-Saïd… vous êtes le peuple de Port-Saïd ! » propos tenus à l’occasion d’un discours télévisé, le 14 mars 2013, pour apaiser les habitants de Port-Saïd en désobéissance civile contre le régime des Frères musulmans
- « Nous sommes dans la descente vers la montée ! » commentant la situation alarmante du pays lors d’un discours, le 24 mars 2013.
- Lors d’une allocution, le 25 mars 2013, Morsi déclare : « Le doigt qui va entrer en Égypte, je vais le couper (...). Je vois deux/trois doigts qui se prolongent dedans ». Personne n’avait alors compris ce qu’il voulait dire.
- Lors d’un voyage au Qatar, le 28 mars 2013, il se réunit avec ce qu’il appelle « les représentants de la communauté égyptienne » (en réalité des membres des Frères musulmans) et leur déclare : « Le magicien peut faire sortir un lapin de son sac et peut faire sortir un serpent. Si le singe meurt qu’est-ce que son maître fera ? ».
- Puis, en avril 2013, lors d’une rencontre avec les jeunes de l’équipe nationale de football égyptienne, il leur déclare : « J’ai remarqué que vous êtes jeunes ! ».
- En mai 2013, lors d’un discours à l’occasion de la fête du travail, il annonce : « Le blé n’a pas besoin de grenier, le blé a besoin de grenier, le grenier a besoin de grenier ». Les Égyptiens se demandent encore et toujours ce qu’il a voulu dire !
- Le 3 juin 2013, l’occasion d’une réunion de crise à la présidence dans laquelle les dirigeants des Frères musulmans rivalisent de propositions saugrenues afin de faire pression sur l’Éthiopie qui prévoit de construire un barrage sur le Nil, un des participants, Magdi Ahmad Hussein - un célèbre militant islamiste -, s’exclame « toutes ces idées doivent demeurer secrètes et tous les participants présents doivent jurer de ne rien révéler ». C’est alors qu’une conseillère de Morsi, Pakinam El-Charkawi, leur annonce : « mais nous sommes en direct à la télévision ! ». Les Frères musulmans se prennent alors la tête dans les mains. Au cours de cette même réunion, Morsi déclare à ses interlocuteurs : « Je suis confiant que nous sommes capables de sucer le choc ». Il voulait dire absorber...
- A l’occasion de son dernier discours, prononcé le 26 juin 2013, c’est-à-dire quatre jours avant la révolution populaire, Morsi déclare, commentant la détérioration de la situation face à la pression du peuple et aux mises en garde du général El-Sisi : « L’Égypte est un pays qui n’est pas susceptible à la compression ». Puis s’adressant à ses partisans, il leur confie : « Je vois des choses que personne ne voit que moi seulement ».
- Lors de l’ouverture de son procès, au Caire, le 28 janvier 2014, Morsi, placé derrière les barreaux, crie au magistrat qui lui demande de se lever lors de l’entrée des membres du tribunal, « Hé ! Toi ! Tu es qui, toi ?! » Le juge le regarde et lui répond calmement : « Eh bien ! Je suis le juge ! ».
Au-delà de l’humour, ces quelques exemples des propos de Mohamed Morsi donnaient une idée du niveau du « président des Frères musulmans ». C’est pourquoi il est toujours opportun de rétablir la vérité sur ce que fut son « règne » et de mettre un terme à la fable qui continue toujours de vouloir faire croire qu’il avait été élu démocratiquement et que la confrérie islamiste, dont il était issu, était un interlocuteur respectable.
Une description lumineuse et édifiante de la « révolution égyptienne », ainsi que de l’idéologie et des objectifs des Frères musulmans nous est donnée dans le livre du chercheur égyptien Chérif Amir, qui avait publié une étude absolument remarquable, très solidement argumentée, sur la face cachée de cette organisation terroriste à laquelle l’Occident continuait (et que certains continuent parfois encore !), à tort, d’accorder une forme de respectabilité, alors même, qu’elle est « la matrice de la totalité des déclinaisons dégénératives du djihadisme planétaire d’Al-Qaïda à Da’ech ».
Heureusement, nos dirigeants ont semblé depuis vouloir faire preuve de lucidité, à l’image de l’ancien Premier ministre Manuel Valls qui avait affirmé, lundi 9 février 2015, qu’il fallait combattre "le discours des Frères musulmans dans notre pays". C’est en effet indispensable et toujours d’actualité. Il n’est pas possible de laisser prospérer cette confrérie néfaste. Pourtant, nous sommes en 2023 et on attend toujours l’inscription de celle-ci sur les listes des organisations terroristes des pays membres de l’Union européenne, à l’instar de la majorité des pays arabes qui, eux, ont actuellement compris à qui ils avaient affaire… Or, à ce jour, seule l’Autriche a eu le courage de le faire après l’attentat de Vienne du 2 novembre 2020…