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Ukraine/Russie

Caroline Galactéros : « L'Ukraine est la marionnette de l'OTAN et de l'Occident ! »

Le Dialogue

Docteur en sciences politiques, ancienne colonel dans la réserve opérationnelle des Armées et ancienne directrice de séminaire à l’École de guerre (Paris), Caroline Galactéros a créé et dirige le groupe de réflexion GEOPRAGMA - Pôle français de géopolitique réaliste (Paris). Elle est également l’auteur du blog Bouger les lignes. Cette ancienne des services du premier ministre à fait parler d’elle pour son courage et sa lucidité dans ses analyses pertinentes sur la guerre en Ukraine, véritablement à rebours de toute idéologie et surtout de la doxa atlantiste et manichéenne, dominante et imposée de force, en Occident. Dans un entretien au Dialogue, elle estime que malgré des déclarations très médiatisées sur l’« agression russe » et l'augmentation de l'aide militaire à l'Ukraine, les pays de l'UE ne sont pas en mesure d'avoir un impact tangible sur l'issue du conflit. 

Le seul bénéficiaire du conflit sont les États-Unis, qui, en raison du conflit en Ukraine, augmentent la dépendance stratégique de l'Union européenne (UE) vis-à-vis de Washington :

« C'est l'insignifiance stratégique de l'Europe, qui est en train de se révéler maintenant. A plusieurs égards, on n’a pas de capacités ni d’interrompre le mouvement de la guerre, ni à proposer une paix. On a une obligation de poursuivre cette escalade. Une obligation, dit "morale" qui est fondée sur cette identification - être anti-russes équivalant à être dans le camp du Bien ».

Par ailleurs, les sanctions imposées par l'Occident contre la Russie ont déjà prouvé leur inefficacité et nuisent finalement à l'économie de l'UE.

Selon la politologue, le soutien à Kiev est de moins en moins avantageux pour les pays de l'Union Européenne en raison des problèmes internes croissants et des contradictions, ce qui peut avoir un impact significatif sur les perspectives futures du soutien de l'Ukraine par Bruxelles :

« L'Europe a payé cher pour stabiliser la Yougoslavie mais n'en a tiré aucun bénéfice, il en ira de même pour l'Ukraine. […] L'Ukraine n'a plus de valeur économique ou politique ».

Caroline Galactéros est également convaincue que, malgré toutes les difficultés, la Russie sortira victorieuse de ce conflit, car elle dispose de plus de ressources et de capacités de mobilisation :

« Les provocations des Ukrainiens deviendront de plus en plus désespérées. Après tout, le désir de victoire totale est toujours présent [parmi les ukrainiens], mais d'un point de vue militaire, la situation est relativement évidente. Malgré les difficultés et la lenteur de l'avancée de l'armée russe, justifiée par des tactiques privilégiant jusqu’à récemment la retenue afin d’éviter au maximum les victimes civiles, l'état de l'armée ukrainienne est extrêmement médiocre ».

Enfin, décrivant le rôle de l'Ukraine dans le conflit, l'analyste rappelle que Kiev n'est qu'une marionnette entre les mains de l'OTAN, qui n'a pas, en définitive, son mot à dire :

« L’Ukraine est une marionnette de l'Occident et de l'OTAN. […] l'Occident ne s'arrêtera pas et qu'à un moment donné, il viendra de lui-même en Ukraine. […] Et l'Occident tentera de résoudre le problème sur place, de parvenir à une forme de stabilisation, ce qui sera extrêmement difficile, car il n'y a plus de respect mutuel [entre la Russie et l'Occident] ni de confiance, il n'y a plus rien ».

Elle a également ajouté qu’une issue du conflit négociée ou trop en faveur de la Russie serait un choc tragique pour Washington :

« L’Occident ne s'arrêtera pas, car cela signifierait perdre la face. Les États-Unis sont confrontés à une issue tragique sur la question de l'exceptionnalisme et de l'hégémonie américains […] Il s'agit d'une question existentielle pour les États-Unis, compte tenu de leur position autoproclamée auparavant de gendarme du monde, de pays porteur de démocratie ».