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Afrique

« L’amicale des Putschistes sahéliens » s’activent désormais au grand jour

Le Dialogue

Les manifestants tiennent un drapeau russe et une bannière avec des images de (de gauche à droite) : le général Abdourahamane Tiani, le nouvel homme fort du Niger, le chef de la junte burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, le chef de la junte malienne, Assimi Goita, et le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya , lors d'une manifestation le jour de l'indépendance à Niamey le 3 août 2023.  Photo : AFP.

 

Le 2 août 2023, à l’aéroport Diori Hamani de Niamey, la plupart des regards étaient encore focalisés sur les derniers Airbus A330 qui s’envolent pour Paris pour rappatrier les résidents français du Niger. Le même jour, un petit avion de liaison a décollé de Niamey avec, à son bord, plusieurs officiers chargés d’œuvre et de mettre sur orbite un renforcement de la coopération avec le Mali et le Burkina. Une véritable amicale des Putschistes Sahéliens.

Or depuis plusieurs jours et dans la plus grande discrétion, la junte nigérienne travaille à renforcer ses liens avec Bamako et Ouagadougou. C’est ce que révèle Africa Intelligence. Étant entendu que si des canaux officiels existent depuis le 26 juillet 2023, les premiers contacts ont été initiés les jours qui ont précédé le fameux putsch au Niger. 

Chacun sait que le général Salifou Mody, numéro 2 de la junte au Niger, a été limogé en avril 2023. Il a rencontré le 2 août 2023 tour à tour, les autorités maliennes, dont le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, l’après-midi, il a fait escale à Ouagadougou, où il a été reçu par le président Ibrahim Traoré.

Ces deux pays du Sahel, eux aussi tenus par des juntes depuis des coups d'État en 2021 et 2022, ont très vite déclaré leur « solidarité » pour le CNSP au Niger. Dans un communiqué commun le 31 juillet 2023, les gouvernements avaient averti que toute intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel serait « une déclaration de guerre » à Ouagadougou et à Bamako.

"Cette rencontre au Mali est bel et bien un faisceau d’indices qui militent assurément pour le fait que les putschistes au Niger recherchent l’appui d’un pays africain soutenu par la Russie”, commente Elian Peltier, le correspondant à Dakar du New York Times.  

Or dans le même temps, une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est arrivée à Niamey pour négocier avec les putschistes le retour au pouvoir du président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet 2023. La menace d’intervention militaire brandie par l’organisation régionale reste “la toute dernière option sur la table, le dernier recours, l’opération de la dernière chance”. "Nous devons montrer que nous ne faisons pas qu’aboyer, que nous pouvons aussi mordre. a martelé Abdel-Fatau Musah, commissaire de la CEDEAO chargé des affaires politiques et de la sécurité, cité par Al-Jazeera.

L’Organisation régionale n’a-t-elle pas donné aux putschistes jusqu’au 7 août 2023 pour rendre le pouvoir au président nigérien, sous peine d’avoir recours à “la force”

Dans ce contexte, la CEDEAO, qui joue cette semaine sa crédibilité pour ne pas dire sa survie, fait flèches de tous bois en couplant la menace du recours à la force aux sanctions économiques et financières, contre les Putshistes de Niamey.

Pour l’heure, force est de constater au 4 août 2023, que la mission de la CEDEAO rentre bredouille de Niamey. Un voyage pour rien. Elle est repartie de la capitale nigérienne sans avoir rencontré, ni le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé et toujours séquestré par la junte Mohamed Bazum.

C’est ainsi, que le chef des putschistes, le général Abdourahamane Tchiani, maintient la pression, sûr de son bon droit : la junte “rejette en bloc ces sanctions et refuse de céder à toute menace et d’où qu’elle vienne”, a-t-il déclaré le 2 août 2023 dans un discours télévisé. “Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger”. 

Pour sa part, la Communauté Internationale, n’était pas en reste, car à l’instar de l’Union Européenne et de la Banque mondiale, elle suspendait son aide, tandis que la CEDEAO ordonnait le blocus économique du Niger. Le Nigéria, quant à lui, qui peut se targuer de fournir 70% d’électricité à son voisin, prenait l’initiative de couper son approvisionnement en énergie. 

Dans ce contexte, on indiquera volontiers que le montant total des aides bilatérales au bénéfice du Niger, pays de 26,2 millions d'habitants, a été de 1,8 milliard de dollars en 2021, d'après les derniers chiffres agrégés par l'OCDE, soit le plus gros soutien pour un pays d'Afrique de l'Ouest après le Nigeria (3,5 milliards de dollars).

Pour le Washington Post, “c’est le signe que les espoirs de voir le président élu rependre le pouvoir s’amenuisent”, malgré la pression internationale. “Le département d’État et le Pentagone ont fait de gros efforts pour convaincre les militaires nigériens, dont la position reste incertaine, de faire pression sur les putschistes pour qu’ils fassent marche arrière”, sans succès.

Quant à la Fédération de Russie, dont l’influence a décidemment le vent en poupe dans le Sahel, n’a-t-elle pas milité pour la promotion d’un “dialogue national” pour “empêcher une nouvelle dégradation de la situation dans le pays” “Nous pensons que la menace de l’usage de la force contre un État souverain ne contribuera pas à désamorcer les tensions”, a estimé Maria Vladimirovna Zakharova la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Russie.

Mais il y a plus, le Président élu du Niger, Mohamed Bazoum, retenu en otage par la junte depuis le 26 juillet 2023, appelle à l’aide. Dans une tribune publiée le 3 août 2023, dans les colonnes du Washington Post, Bazoum a mis en garde la Communauté Internationale sur les conséquences "dévastatrices" pour le monde que représente le coup d’État ourdi à Niamey. 

Dans cette perspective, a-t-il souligné que cette région du Sahel pourrait, via l'influence des mercenaires de Wagner, passer sous “influence de la Russie.”